Au sommaire:
- Un espace cinématographique commun
- Festival de Noël de Moscou – une histoire de la musique spirituelle
- Le pays des merveilles du bon-papa Dourov
- Le Nouvel An sous le signe du Dragon
Un espace cinématographique commun
« Le cinéma russe reste confiné à la Russie », cette expression devenue un lieu commun peut changer en 2012 grâce à l’État qui a décidé d’aider les cinéastes russes à se faire mieux valoir.
En agissant par le biais du Fonds fédéral du cinéma, l’État s’est engagé à soutenir les coproductions avec les plus grandes cinématographies européennes. Des accords de coopération ont déjà été signés avec les Fonds du cinéma italien, français et allemand. « Notre objectif consiste non seulement à réaliser des films en coproduction mais encore à assurer leur distribution, confie dans une interview à la Voix de la Russie le directeur du Fonds fédéral du cinéma Sergueï Tolstikov. – Il faut commencer au moins par deux pays européens pour couvrir finalement toute l’Europe grâce aux processus d’intégration ». D’ailleurs, les cinéastes russes eux-mêmes, estime Sergueï Tolstikov, doivent revoir leurs méthodes de travail afin que leurs films intéressent le public étranger.
Pourquoi sont-ils délaissés par le public étranger? – s’interroge l’expert. – Mais parce que les histoires que racontent ces films sont de nature exclusivement russe. Or, les scénarios peuvent parfaitement être inscrit dans un contexte international européen. C’est alors qu’ils intéresseront non seulement le public russe mais encore étranger et inversement.
Voici un exemple parmi d’autres qui confirme la justesse de cette affirmation et notamment le projet russo-italien « La promenade ». Il s’agit d’un remake du film tourné en 2003 par le réalisateur russe connu Alexeï Outchitel. Une jeune fille qui pète la santé et est pleine de joie de vivre et ses deux compagnons du même genre se promènent pendant une heure et demie dans Saint-Pétersbourg. Il ne passe apparemment rien entre eux sans compter un flirt léger et quelques piques entre le rire et les larmes sur le fond de l’affairement quotidien d’une grande ville... Mais les spectateurs ont le sentiment d’assister à un secret, à un double fond et se rendent finalement compte que les personnages venaient de vivre un drame amoureux. Eh bien, cette histoire sera transposée de Saint-Pétersbourg dans une ville d’Italie du Nord et ses protagonistes deviendront de jeunes Italiens. Le film sera tourné par un réalisateur italien et son budget se répartit dans la proportion de 70 à 30% entre la partie italienne et le Fonds du cinéma russe.
« Amour élémentaire » est un autre projet russo-italien qui raconte les relations qui se tissent entre les adolescents, leur amitié, la première amour, les premiers triangles amoureux, bref, tout s’y passe aussi sérieusement que chez les grands... Deux acteurs russes prendront part aux tournages qui auront principalement lieu en Italie.
La première subside de l’Académie cinématographique russo-française de création récente, a été attribuée au réalisateur russe Alexeï Popogrebski. Son projet international, le film de langue anglaise « Lost Rooms » que l’auteur a l’intention de réaliser en format 3D, sera financé à proportions égales par les parties russe et française:
J’ai inventé certains effets que personne n’a encore expérimenté au cinéma. Il faudra tout calculer, tester et mettre en oeuvre. Le film se situe à la limite du drame et du fantasy. C’est l’histoire d’une jeune fille qui a le don unique de voir l’espace là où les gens ordinaires ne voient qu’un plan et puis elle se retrouve à un moment donné dans cet espace parallèle. Elle y vivra de nombreuses aventures pour découvrir au final le mystère de son origine.
Pavel Lounguine, réalisateur russe connu et co-président de l’Académie cinématographique russo-française, travaille également sur un projet commun. C’est « La Dame de pique » qui s’inspire de l’oeuvre du même nom du classique russe Alexandre Pouchkine. Et enfin, il y a un autre exemple de coproduction à savoir le film « La jeune fille et la mort » du célèbre réalisateur hollandais Jos Stelling avec des vedettes russes dans les rôles principaux qui est également financé par le Fonds russe du cinéma.
Festival de Noël de Moscou – une histoire de la musique spirituelle
Le Festival international de Noël (8-22 janvier) qui en est à sa deuxième édition à Moscou, sera le premier accent musical de l’année qui vient de commencer.
Son programme est composé de musique spirituelle du monde entier. Le public se verra proposer des mélodies du 9e siècle à nos jours, depuis le chant byzantin et orthodoxe jusqu’au choeurs grégoriens catholiques. Au menu il y a les prestations des choeurs de Russie, de France, de Grèce et des États-Unis qui sont dépositaires et conservateurs des traditions anciennes. « Au-delà d’interpréter la musique, nous essayons de mener un travail de recherche », pense Olga Liakina qui s’occupe du travail d’organisation. – Nous avons fait de notre mieux pour rassembler cette année les formations qui se trouvent véritablement aux sources des traditions spirituelles ».
Le Festival de Noël a deux directeurs artistiques à savoir Vladimir Spivakov, éminent violoniste, chef d’orchestre et président de la Maison internationale de la musique de Moscou et le métropolite de Volokolamsk Illarion qui, en plus d’assumer la direction du Département des relations ecclésiastiques extérieures du patriarcat de Moscou, est aussi un compositeur. « Le festival des choeurs permet non seulement d’apprécier le chant mais encore la musique spirituelle et religieuse à proprement parler dans un éventail très large, - raconte le métropolite Illarion. – Nous ne limitons pas notre répertoire uniquement aux chants liturgiques parce que notre conception de « musique religieuse » est plus vaste.
Je suis par principe opposé à la musique profane de toute nature interprétée lors des offices divins, - poursuit le religieux. – Mais, d’un autre côté, j’estime que l’expérience spirituelle que nous vivons en église pendant la liturgie, peut également être acquise en dehors de l’office et notamment sur la scène. Mes oeuvres sont justement une tentative de communiquer au public qui n’est pas forcément composé de fidèles, les pensées et les sentiments que nous éprouvons lors des offices religieux et notamment en période de Noël.
Après le grand succès que les oeuvres du métropilite Illarion ont connu au Vatican et à Toronto, à Moscou, à Istanbul et à Melbourne, le compositeur-prêtre présente au public du Festival de Noël la première mondiale, le Stabat Mater sur le texte canonique latin. « Il s’agit des paroles très touchantes consacrées à la Station de la Mère de Dieu devant la Croix du Christ », - précise le métropolite Illarion. La première interprétation de l’oeuvre se déroulera sous la baguette du maître Vladimir Spivakov.
J’estime que l’homme reçoit au niveau génétique un énorme héritage spirituel, - médite le maître. – C’est précisément de ce point de vue que je considère chaque oeuvre. Après tout, la notation musicale avec ses symboles relève des émotions, des pensées, des croyances, des passions et des joies codées. Je dois avouer que j’ai beaucoup aimé la musique de l’évêque Illarion et c’est aussi le sentiment de l’orchestre du choeur. Nous avons les mêmes positions qui s’inspirent d’humanisme et voulons que le bien l’emporte finalement sur le mal qui, hélas, est toujours présent dans le monde.
Le pays des merveilles du bon-papa Dourov
Ce théâtre est unique au monde avec sa troupe composée d’éléphants, de lions, de tigres, d’ours, d’hippopotames, de chimpanzés, de pélicans et de chouettes... Les hommes et les animaux y forment une seule et même famille sachant faire vivre de bons moments aux spectateurs. Situé à Moscou, « l’espace du bon-papa Dourov » vient de souffler ses 100 bougies. Le président Dmitri Medvedev a félicité le célèbre théâtre à l’occasion de cette date jubilaire.
Le théâtre des animaux jeune public qui porte le nom de Dourov occupe un ancien hôtel particulier de Moscou construit à la fin du 19e siècle sur les plans de l’architecte autrichien Auguste Weber. C’est ici qu’a vécu Vladimir Dourov, le fondateur de la célèbre dynastie russe des artistes de cirque. Le 8 janvier 1912, ce fameux clown, écrivain, dresseur et zoopsychologue y a ouvert l’unique théâtre des animaux au monde.
Il a mis au point ses propres méthodes de dressage en renonçant au fouet et au bâton. « La cruauté humilie et seules la bonté et le gentillesse sont vraiment belles », - affirmait le premier artiste de cirque émérite en Russie. Ses techniques de dressage fondées sur la gentillesse et la motivation par la nourriture peuvent toujours être appréciées par les spectateurs subjugués par les prestations de 500 acteurs quadrupèdes depuis la souris blanche jusqu’à l’éléphant, a confié à la Voix de la Russie le directeur artistique du théâtre Iouri Dourov.
Le théâtre est resté fidèle à la mission qu’il s’était donnée il y a cent ans en essayant d’inculquer aux enfants la gentillesse et l’amour envers les animaux. Depuis cinq dernières années nos spectacles ont des déclinaisons thématiques aux accents de conte, quand nos acteurs quadrupèdes se livrent à un véritable jeu de rôles. Il va de soi que cela n’a pas facilité le travail de nos trente dresseurs qui ont dû assimiler le métier d’acteurs dramatiques. Le théâtre a désormais son répertoire qui se situe dans le prolongement de la conception qui lui avait été donnée il y a cent ans par Vladimir Dourov.
Iouri Dourov qui porte le titre d’artiste du peuple de la Russie est l’arrière-petit-fils du fondateur du théâtre des animaux. Il écrit des scénarios, met en scène des spectacles et se produit sur la scène avec ses éléphants Suzy et Rémy dont il ne se sépare pas depuis 40 ans. Sa fille Natalia a rejoint le théâtre il y a deux ans. L’année dernière, le père et la fille ont reçu le grand prix d’Ours d’or au 3e Festival international des arts de cirque. Natalia vole déjà de ses propres ailes et soumettra bientôt au jugement des jeunes spectateurs son nouveau numéro original animé par un porc-épic et des hérissons.
- Nous avons actuellement quatre scènes destinées aux enfants de tout âge, - poursuit Iouri Dourov.
Nous avons la grande scène et la petite scène historique qui a donné naissance au théâtre « Le petit ». Il y a également un musée où les enfants font la connaissance du bon-papa Dourov joué par un acteur. C’est là aussi que nous faisons la démonstration du célèbre « Chemin de fer de la souris » inventé en son temps par le bon-papa Dourov. Ce chemin de fer revient dans un numéro spécial sous le nom de « Soyez gentils » . Toute la vie du théâtre des animaux jeune public se déroule sous le slogan « Amuser pour éduquer! ». Les contes des peuples du monde pleins de sagesse et de sincérité servent d’exemple pour apprendre aux enfants ce qui compte le plus dans la vie à savoir la bonté, l’honnêteté et l’entraide. Après avoir visité « L’espace du bon-papa Dourov » et vu les prestations de ses remarquables animaux acteurs, les enfants commencent à manifester plus de gentillesse et et de sollicitude envers nos petits frères les animaux.
Il n’est pas facile d’assister aux spectacles du théâtre Dourov qui se jouent à guichets fermés bien qu’on donne trois représentations par jour (à midi, à 15 et à 18 heures) faisant intervenir les différents animaux et les différents sujets. Il y a toujours une foule qui se presse à l’entrée et devant les guichets et il y des gens qui demandent timidement un billet de trop exactement comme cela se passe à l’occasion des grandes premières.
Le Nouvel An sous le signe du Dragon
D’où vient le dragon dans la mythologie des peuples différents? En quoi diffère son image en Orient et en Occident? Que promet-il aux hommes en 2012 en sa qualité de symbole figurant dans le calendrier oriental? On peut trouver les réponses à toutes ces questions au musée Darwin de Moscou où l’exposition « Sur les ailes du dragon » se déroule entre le 27 décembre et le 12 février.
Les chercheurs sont depuis longtemps intrigués par l’universalité de cette image. Comment expliquer le fait que cette créature fantastique existe dans les mythes et les contes de pratiquement tous les peuples du monde? Pourquoi cette légende, est-elle si tenace? Les dragons se portent bien même de nos jours. Mieux encore, ils changent de forme, endossent une cuirasse d’acier et se mettent à « cracher » des rayons radioactifs au lieu de flammes... Certes, « l’évolution » des dragons est à mettre sur le compte du genre fantasy mais c’est là un sujet pour les sociologues.
Par contre, les collaborateurs du musée Darwin de Moscou ont tenté de mettre en évidence les origines du mythe par les méthodes des sciences naturelles. Ils ont monté une exposition composée de pièces « génétiquement » liées à l’image du dragon. Il s’agit, par exemple, d’un tibia de mammouth, des empreintes d’un reptile marin préhistorique et du crâne d’un rhinocéros laineux. « Quand on regarde ces fossiles, on comprend mieux pourquoi les hommes se représentaient des dragons géants », - affirme dans son interview à la Voix de la Russie la commissaire de l’exposition Elena Fédorova.
Au Moyen Âge pratiquement tous les ossements des animaux fossiles, qu’il s’agisse du mammouth ou du rhinocéros laineux, étaient pris pour les restes de dragons. Il existe même une histoire authentique à savoir qu’un crâne de rhinocéros laineux chargé de chaînes qu’on faisait passer pour un crâne de dragon était pendant longtemps exposé à l’hôtel de ville de Klagenfurt en Autriche. On ignore pourquoi il a été enchaîné mais on peut supposer que c’est parce que dans la mythologie européenne le dragon était une créature méchante et agressive.
Conformément à la légende, le dragon de Klagenfurt était réellement d’un naturel exécrable : il habitait un marais à l’orée de la ville et dévorait tous ceux qui passaient à sa portée. Le scélérat s’est fait avoir à l’hameçon comme un vulgaire poisson après avoir avalé un boeuf et les habitants ont abattu le monstre. « La crâne du dragon » découvert dans les environs de la ville devait confirmer la véracité de cette légende. Il a servi plus tard de modèle pour une fontaine en forme de monstre mythologique qui se dresse sur une place de la Ville du Dragon qui est un autre nom de Klagenfurt.
Dans la mythologie européenne, les dragons étaient gardiens des trésors inestimables, on leur offrait des belles filles en sacrifice et ils symbolisaient le mal sur lequel triomphaient des héros nobles et forts d’esprit . En Europe moyenâgeuse les récits des dragons se rencontrent même dans la littérature scientifique. Au musée Darwin est, par exemple, conservé le traité de l’encyclopédiste suisse du XVIe siècle Condar Gössner « Histoire des animaux » avec la description et le dessin d’un dragon.
Toutes sortes de preuves de réalité des monstres étaient produites en ces temps reculés pour convaincre les bourgeois crédules. C’était, par exemple, le cas de l’Hydre de Lerne à sept têtes dont chacune était surmontée d’une couronne dorée mais qui s’est révélée être un épouvantail en peau de poison avec des têtes de singe rasées et habilement cousues.
Il n’existe pour le moment aucune preuve que les dragons avaient réellement existé mais le terme lui-même est entré dans la terminologie scientifique. Il se rencontre dans les noms de plantes et d’animaux. C’est ainsi qu’il existe l’arbre de dragon, le dragon de mer et le pigeon de race « dragon ». L’exposition de Moscou renseigne les visiteurs sur tout ce qui concerne les dragons mais ses organisateurs n’ont pas oublié pour autant que d’après le calendrier oriental, nous vivons l’année du Dragon d’Eau Noir. Que peuvent donc attendre de lui ceux qui sont nés sous ce signe? La parole est à Elena Fédorova :
L’année qui vient de commencer est vraisemblablement imprévisible parce que le dragon a les connotations différentes selon les cultures. Ce symbole peur effrayer les uns et réjouir les autres. Si les dragons européens sont méchants, agressifs et crachent le feu, le dragon chinois est très gentil. D’ailleurs, tous les dragons orientaux ne font de tort à personne. On leur attribue même des sentiments humains comme la bonté, le dévouement et la reconnaissance. L’année du dragon permet de s’affirmer ou d’obtenir de la promotion. Mais je pense personnellement que tout dépend finalement de l’homme et des efforts qu’il déploie pour atteindre les objectifs recherchés.
On peut dire en résumé « aide-toi et le dragon t’aidera! »
Diaporama: 2012 sous le signe du Dragon