Le procès de l’ex-président égyptien et de ses fils a commencé en août dernier. Sur le banc des accusés sont également assis les anciens responsables du Ministère de l’intérieur qui sont mis en cause pour leur implication dans les violences policières contre les manifestants pacifiques en janvier 2011. Pourtant, il n’existe aucune preuve comme quoi l’ex-président avait personnellement donné l’ordre de tirer sur les manifestants. Les accusés déclinent leur responsabilité et leurs avocats affirment que les policiers avaient reçu l’injonction de ne pas tirer sur les civils.
Le procès de Hosni Moubarak avait été suspendu depuis novembre et n’a repris que le 5 janvier. Ce jour-là le parquet égyptien a requis contre l’ex-président la peine de mort par pendaison. Cette déclaration a provoqué une vague d’indignation à Moscou. Les diplomates russes ont souligné qu’il s’agissait incontestable d’une affaire intérieure égyptienne. Le MAE russe n’en pense pas moins que le cas de Hosni Moubarak mérite qu’on le traite avec humanité. En effet, l’accusé est âgé de 83 ans et est gravement malade au point qu’il était allongé sur une civière pendant l’audience. De surcroît, en février dernier Moubarak s’est retiré de son plein gré du pouvoir, la démarche qui a permis de sauver de nombreuses vies humaine, - fait ressortir la déclaration du MAE russe.
Les diplomates français se rangent également à l’avis de leurs collègues russes. Le MAE français a exprimé sa préoccupation face à la peine de mort requise par le parquet contre les accusés. Paris a fait clairement comprendre qu’il était contre l’exécution de l’ex-président d’Égypte et de ses fils. Si le tribunal donne suite à la réquisition du procureur, la situation au Proche-Orient risque de se déstabiliser encore davantage, - estime le politologue Stanislav Tarassov.
«Les répressions sanglantes contre les leaders ne font que déstabiliser la situation. C’est pour cette raison que l’Occident et la Russie appellent à faire preuve d’humanisme au lieu de recourir aux méthodes révolutionnaires. D’un côté, la décennie du gouvernement des dictateurs a accumulé un potentiel de haine dans le peuple et ceux qui tentent de commettre cette exécution barbare cherchent à apaiser le peuple en lui trouvant un bouc émissaire».
Mais, d’un autre côté, le châtiment aussi sévère infligé à Moubarak et aux hommes de son entourage, peut diviser la société égyptienne parce que l’ex-président a assez de partisans en Égypte et nombreux sont ceux qui ne souhaitent pas sa mort, – poursuit Stanislav Tarassov.
«Les partisans de Moubarak sont très nombreux en Égypte et si cette exécution a lieu, ils pourraient prendre les armes contre ceux qui ont mis à mort leurs idoles. De surcroît, il s’est formé sous Moubarak une couche sociale aisée qui le soutient et sympathise avec lui. C’est pour cette raison que l’exécution aura de toute façon un impact négatif sur les processus politiques qui se déroulent en Égypte».
Les audiences reprendront le 9 janvier par les auditions des avocats des parents des morts dans les affrontements avec la police. On rappèlle que conformément au rapport présenté par la Commission d’enquête, les actions de protestation en Égypte entre fin janvier et début février se sont soldées par 846 morts et environ 6000 blessés.