Le Nigeria figure le plus souvent dans les commentaires sur les événements en Afrique fin 2011-début 2012 et pour cause, écrit Alexei Grigoriev. Le Nigeria est aujourd’hui parmi les pays les plus influents dans la communauté africaine avec ses 160 millions d’habitants. Le Nigeria, gros fournisseur mondial de pétrole ayant l’armée la plus grande sur le continent très bien instruite, est menacé d’un conflit interconfessionnel lourd de conséquences destructrices : une vague de violence, infractions à l’intégrité territoriale, etc. L’éventuel conflit au Nigeria expose en danger l’Afrique de l’Ouest et peut entraîner un regain d’activité du radicalisme islamique sous sa forme la plus dure. Le groupe Boko Haram est la principale source de bouleversements. « Boko Haram a grossi comme un cancer » qui veut « tuer » le pays, a déclaré le président nigérian Goodluck Jonathan le 30 décembre à Madalla, un faubourg de la capitale Abuja et lieu d'un attentat meurtrier le jour de Noël.Un kamikaze a fait détonner ce jour un explosif dans une foule de croyants après lamesse de la Nativité à la cathédrale catholique Sainte Thérèse. 44 personnes ont péri et plus d’une centaine d’autres ont été blessées. Boko Haram a inspiré un attentat dans la ville située à 40 kilomètres d’Abuja et c’est là un défi direct aux autorités du pays. Une série d’attentats ont été commis la ville du Noël et ce jour devant les cathédrales chrétiennes et les établissements publics dans d’autres villes et Etats nigérians où prédominent les musulmans. Tout porte à croire que Boko Haram se prépare aux attaques directes contre le gouvernement. Conscients du danger d’attentats, les évêques catholiques ont appelé le 30 décembre le président Jonathan à faire appel « à des experts étrangers pour aider les agents de sécurité à en finir immédiatement avec la menace Boko Haram », dans un communiqué signé de l'archevêque Félix Alaba Job. Le président a décrété le 31 décembre l’état d’urgence dans quatre Etats du Nord : Borno, Yobe, Plateau et Niger où déploient leurs activités les commandos de Boko Haram ayant fermé, en outre, les frontières avec les pays voisins ayant reconnu par là même que le « cancer » avait des métastases dans plusieurs milieux de la société nigériane. Le gouvernement a envoyé les unités supplémentaires dans la région. Boko Haram a adressé le 1er janvier l’ultimatum aux chrétiens pour qu’ils abandonnent les Etats susmentionnés dans l’espace de trois jours. « Nous souhaitons aussi appeler nos frères musulmans du Sud (majoritairement chrétien) à revenir dans le Nord car nous avons la preuve qu'ils vont être attaqués », a déclaré le porte-parole de Boko Haram Abul Qaqa. Les commandos ont attaqué le 5 janvier, le lendemain de l’expiration du délai d’ultimatum l’église chrétienne à Kano, grande ville du Nord, ayant tué six personnes.
Les autorités centrales du Nigeria parviennent pour le moment à contrôler la situation, poursuit notre observateur. Dans le même temps, le pays glisse vers une guerre interconfessionnelle. Les chrétiens et les musulmans en proportion à peu près égale constituent la population du pays : 160 millions d’habitants. La majorité absolue des musulmans habitent dans le Nord pauvre en ressources naturelles. Les chrétiens prédominent dans le Sud riche en hydrocarbures. L’actuel président nigérian Goodluck Jonathan ayant gagné les récentes présidentielles est chrétien. Un regain d’activité de Boko Haram prétendant exprimer l’état d’esprit des habitants des Etats islamiques du Nigeria a provoqué une vague d’anti-islamisme dans le Sud. « La communauté chrétienne au niveau national n'aura pas d'autre choix que de répondre de façon appropriée si il y a d'autres attaques contre nos membres, nos églises et nos biens », a dit à une conférence de presse le révérend Ayo Oritsejafor, président de l'association des chrétiens du Nigeria (CAN) à l’issue d’un entretien le 28 décembre avec le chef de l’Etat. La CAN considère les actions de Boko Haram « comme une déclaration de guerre contre les chrétiens et contre le Nigeria en tant qu'entité », a-t-il affirmé. Certains leaders de la communauté musulmane du Nigeria prennent conscience de la menace de désintégration nationale du pays suivant le principe religieux. Le plus haut responsable musulman du Nigeria a assuré « à tous les Nigérians qu'il n'y a aucun conflit entre les musulmans et les chrétiens, entre l'islam et la Chrétienté ». « C'est un conflit entre des gens diaboliques et des gens bien », avait affirmé le sultan de Sokoto, Muhammad Sa'ad Abubakar. Le conseiller national pour la sécurité, Owoye Azazi, a de son côté appelé les chrétiens à ne pas se venger.
Les leaders politiques et spiriturels de plusieurs pays étrangers, notamment russes, exhortent les Nigérians à la retenue et à la tolérance religieuse. Moscou condamne le caractère inadmissible des actions illégales visant à attiser l'animosité interethnique et interconfessionnelle. C'est ainsi que le ministère russe des Affaires étrangères a commenté les attaques le jour de Noël contre les églises orthodoxes et les croyants au Nigeria. Le président russe Dmitri Medvedev a adressé un message à son homologue nigérian Jonathan ayant confirmé la volonté de la Russie de promouvoir la coopération avec la communauté internationale « en matière de lutte antiterroriste ». Le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie s'est dit préoccupé par les violences contre les chrétiens sur le continent africain dans son message au président nigérian Jonathan. « La Russie a été créée historiquement en tant que pays multinational et multiconfessionnel et juge donc nécessaire de renforcer par tous les moyens le dialogue interreligieux et interculturel et la coopération. Nous soutenons de façon dynamique les efforts internationaux et nationaux en la matière, notamment dans le cadre de l'initiative « Dialogue des civilisations », a fait ressortir la source de Moscou. Le Nigeria s’est avéré au début de l’année au seuil de dures épreuves. C’est aux Nigérians de rechercher une issue à l’impasse. Sinon, le regain d’activité du radicalisme islamique au Nigeria engendrera un foyer dangereux de terrorisme en Afrique sans cela surchargée de toutes sortes de conflits entravant l’épanouissement politique, économique et social de l’ensemble de la communauté africaine.