En 2011 le ministère de l’Intérieur de France a mis le cap sur une réduction des immigrés légaux de 10 %. D’entre trois raisons principales pour obtenir un permis de séjour - réunification de familles, demande d’asile et activités professionnelles – les pouvoirs ne peuvent contrôler que la dernière. Une circulaire spéciale a été adressée aux préfets : ne pas délivrer un permis de travail à un étranger si la fonction peut être assumée par un spécialiste français. De telles restrictions existaient pourtant avant, mais elles ne concernaient que des spécialistes nouvellement venus et ne touchaient pas les diplômés étrangers des écoles supérieures françaises. Et même avant ces restrictions posaient beaucoup de problèmes à de nombreuses organisations, par exemple, au service en russe de la chaîne de télévision Euronews, dit l’un des responsables de cette section Petr Fedorov.
«Il était très difficile de se faire délivrer un permis de séjour : on travaillait avec des papiers bleus indiquant qu’on attendait l’obtention d’un permis de séjour. Avec ces papiers il était impossible de prendre un crédit, il était difficile de se déplacer dans d’autres pays. Avant d’entamer la procédure d’invitation d’un journaliste de Russie il fallait prouver aux autorités françaises qu’il est impossible de trouver un spécialiste de cette qualification en France. L’évaluation des qualités d’un journaliste est chose subjective, surtout que ne connaissant pas le russe les responsables français jugeaient uniquement d’après les documents. En somme, c’était un processus douloureux, difficile et très désagréable».
De plus, les permis de travail, délivrés par les autorités françaises, contrôlent rigoureusement les activités des étrangers qui ne peuvent travailler que dans une activité précise et seulement dans la région déterminée du pays. Cela ferme, en fait, au spécialiste l’accès au marché de l’emploi local, mais aussi européen. Toutefois, on connait des cas lorsque la France invitait volontiers des spécialistes étrangers, a noté Petr Fedorov.
«Lorsqu’à la frontière franco-suisse on construisait le Grand collisionneur à hadrons, un tiers de spécialistes était de Russie. A présent dans le sud de la France on construit un réacteur thermonucléaire expérimental, et là aussi beaucoup de spécialistes russes travaillent. La sélectivité d’approche existe : quand il lui faut, la France sait très bien contourner toutes les restrictions, et sinon de contourner – le prendre tel quel».
En fermant le marché d’emploi aux étrangers, les autorités officielles cherchent à réserver des emplois à leurs citoyens. Mais sauront-elles se passer de spécialistes hautement qualifiés? Ceci reste une grande question.
