On n’est pas parvenu pour le moment à arrêter complètement les violences en Syrie. En dépit de la présence dans le pays des observateurs de la Ligue arabe, les violences dans les villes syriennes continuent. C’est ce qu’a déclaré le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi lors d'une conférence de presse au Caire. Mais il est toutefois prématuré de conclure de l’inefficacité de la mission d’observation, considère le diplomate égyptien.
Une situation toujours très tendue
La crise politique intérieure en Syrie en est à son dixième mois, alors que les observateurs de l’organisation panarabe ne sont arrivés dans le pays qu’il y a une semaine. Damas a longtemps refusé de les laisser entrer dans le pays.
La tâche des observateurs est d’assurer le suivi du plan de paix, proposé par la Ligue arabe et accepté par la direction syrienne. Ce plan prévoit l'arrêt des hostilités dans le pays, le retrait des troupes des villes et la libération des détenus politiques. Dans l'ensemble, ces prescriptions ont été remplies. Les autorités syriennes ont relâché près de 3500 détenus, et les militaires ont quitté les villes. Tout cela fait le jeu de l’opposition.
Même si Damas a accepté le plan de paix, la situation demeure toujours tendue. Des informations sur les victimes civiles parviennent régulièrement, des tirs sont entendus dans les rues, les toits des immeubles sont occupés par des tireurs d’élite. On ne sait pas exactement aux ordres de qui obéissent ces tireurs, le conseil consultatif de la Ligue arabe a recommandé au secrétaire général de l’organisation de reconnaître l'inefficacité de la mission et de rappeler les observateurs de la Syrie.
Une mission inefficace
«L’inefficacité de la mission d’observation, imposée à Damas, pouvait être prédite d’avance. Avec elle, la Ligue arabe résout ses propres tâches», estime Alexandre Filonik, qui dirige le Centre des études arabes à l’Institut de l’Orient auprès de l’Académie russe des sciences.
«Cette mission était par avance vouée à un échec, puisque elle est conçue comme un moyen de pression psychologique supplémentaire sur le régime syrien. Elle était nécessaire pour que les membres de la mission aient pu constater l’intensité des actions de protestation. Les observateurs devaient se rendre dans plusieurs endroits. Et dès qu’ils y venaient des désordres surgissaient. Cela atteste que le peuple syrien rejete entièrement le régime en place», poursuit-il.
Les membres de la mission de la Ligue arabe vont présenter leur premier bilan à la fin de cette semaine. Il doit permettre de juger de la nécessité d’une présence ultérieure des observateurs en Syrie.
Leur rappel donnera un prétexte pour imposer de nouvelles sanctions économiques au pays et provoquer des émeutes dans la population affamée, préviennent des experts. D’autre part, il y a un risque qu’un rapport loyal à la direction syrienne puisse être proclamé douteux. Le ministre français des Affaires Etrangères Alain Juppé a déclaré douter des informations reçues par les observateurs. Il se peut bien que cela ne soit pas la dernière déclaration du genre.