La vitesse de réalisation des réformes annoncées par Medvedev est sans précédent. Certains changements politiques ont en effet été lancés vingt-quatre heures après leur annonce. La proposition du président de simplifier les règles de l’enregistrement des partis politiques et revenir au système de l’élection des gouverneurs des régions a été approuvée par l’opinion publique en Russie et à l'étranger. Le Conseil de l’Europe était parmi les premiers à réagir aux paroles de Dmitri Medvedev. Selon le secrétaire général du Conseil Torbiern Yagland, ces mesures sont une démarche importante sur la voie du renforcement de la démocratie.
La plupart des experts ne supposaient même pas que l’intervention du président serait aussi significative. Car, il faut préciser qu'il s'agit du dernier discours de Medvedev à l’Assemblée Fédérale en qualité de président. Tout le monde s’attendait à une analyse des bilans de son travail, à l’appréciation des actions de protestation, et non pas à une déclaration sur la nécessité d’une modernisation politique.
«Je trouve qu'il est nécessaire de passer à l’élection des chefs des sujets de la Fédération de la Russie par un scrutin direct des habitants des régions», a dit Medvedev jeudi. «Il faut introduire un régime simplifié de l’enregistrement des partis politiques. Voici ma proposition: il suffit que 500 ou 1000 personnes qui représentent au moins 50% des régions du pays pour qu'un parti soit enregistré. Il faut annuler la collecte des signatures pour l’élection à la Douma d’Etat et aux organismes législatifs régionaux. Il faut diminuer le nombre de signatures pour les candidats aux présidentielles jusqu’à 300.000, et pour les candidats des partis non-parlementaires – jusqu’à 100.000 voix».
Des déclarations qui sont surpris les politologues
Pour certains, les paroles du président étaient inattendues. Des politologues ont dû modifier sur-le-champ les thèses de leurs interventions pendant la table ronde consacrée à la discussion du message du président. Olga Krychtanovskaia, directeur de l’Institut de politique appliquée, n’a pas pu cacher son étonnement: «C’était impressionnant. Un bilan puissant du mandat présidentiel de Dmitri Medvedev pendant 4 ans... On a enfin entendu ce qui se disait parmi les gens. Medvedev a fixé tous les points sensibles de notre système politique et il a dit qu’ils seraient modifiés. Cela inspire. Si tout est réalisé, je pense que l’opposition perdra ses points forts».
Les dirigeants du pays ont prouvé qu’ils sont prêts au dialogue, note le politologue Léonid Radzikhovski. Selon lui, le message à l’Assemblée Fédérale dépasse le cadre des deux chambres du parlement - c’est un appel à toute la société.
Eviter des heurts avec les opposants
La tendance marquée par Poutine pendant sa conférence est donc poursuivie. Medvedev a souligné qu’il n’y aurait pas de heurts directs avec les revendications des manifestants. Il y aura une tentative d’interaction: c’est une voie raisonnable, «à l'européenne». Il est difficile de prévoir ce que cela va donner. La classe moyenne devrait être satisfaite des propositions qui ont été faites. Mais d’autres s’exciteront, et leurs revendications augmenteront. Laquelle des tendances aura le dessus – tout dépend de l’habilité des deux parties. Pour le moment, les autorités, Poutine et Medvedev, se sont montrés capables de prendre en compte la situation.
Les nouvelles règles de l’enregistrement des partis politiques et de la proposition des candidats entreront en vigueur en 2013. Les politologues supposent que la réforme politique actuelle aura un impact sérieux sur les nouvelles élections législatives dans cinq ans.