"Elections justes": manifestation de grande envergure à Moscou (PAPIER GENERAL, ACTUALISATION)

© RIA NovostiMeeting "Pour des élections justes" à Moscou
Meeting Pour des élections justes à Moscou - Sputnik Afrique
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Une manifestation de grande envergure visant à contester les fraudes présumées lors des élections législatives du 4 décembre dernier s'est tenue samedi à Moscou.

Une manifestation de grande envergure visant à contester les fraudes présumées lors des élections législatives du 4 décembre dernier s'est tenue samedi à Moscou.

Placé sous le slogan "Pour des élections justes", le rassemblement s'est déroulé à Moscou sur l'avenue Sakharov, non loin de la place des Trois Gares. Il a débuté à 14h00 heure locale, par —3°C. Les organisateurs ont fait état de 120.000 participants, la police de 29.000 personnes.

Organisée par l'opposition au parti du pouvoir, Russie unie, le meeting a réuni différents courants politiques, mais aussi beaucoup de citoyens apolitiques revendiquant des élections propres.

On pouvait lire sur les banderoles: "Prokhorov est le meilleur", "Ne laissons pas entrer Poutine au Kremlin" et "Hillary, j'attends toujours mon argent", une allusion aux accusations affirmant que les manifestations seraient financées par Washington, rapporte le correspondant de la rédaction française de RIA Novosti sur place. Certaines personnes portaient des ballons blancs et orange, et des drapeaux du mouvement Solidarnost (opposition libérale). Quelques arrestations ont eu lieu avant le rassemblement près du métro, rapporte le journal Kommersant.

Un des premiers discours a été prononcé par l'écrivain Boris Akounine. "Sur la place Bolotnaya (le 10 décembre, ndlr), nous avons formulé des revendications tout à fait modérées. Ce sont les conditions minimales afin de supporter ce pouvoir encore un certain temps", a-t-il indiqué.

Plusieurs orateurs se sont relayés à la tribune. L'opposant Garry Kasparov, qui s'est dit convaincu d'un changement politique lors de l'élection de mars 2012, a été abondamment sifflé par la foule.

Le charismatique blogueur Alexeï Navalny, libéré le 21 décembre après 15 jours de détention, a quant à lui obtenu un franc succès, à en juger par l'ovation des spectateurs. Selon lui, le meeting a rassemblé un nombre suffisant de participants pour aller prendre le pouvoir par la force. Toutefois, un tel scénario est exclu car "nous sommes des activistes pacifiques", a-t-il dit.

Le critique musical Artemi Troïtski est apparu dans un costume en forme de préservatif, une allusion à un récent discours de Vladimir Poutine. La présentatrice Ksenia Sobtchak, l'écrivain Dmitry Bykov, et Grigori Iavlinski, candidat à la présidence du parti d'opposition libérale Iabloko sont également intervenus à la tribune.

Le milliardaire et candidat à la présidentielle de mars 2012 Mikhaïl Prokhorov était présent à la manifestation. Alexeï Koudrine, ancien ministre des Finances, était présent au meeting et a pris la parole sous les huées. Il a notamment appelé à tenir des élections anticipées. Sans dialogue, selon lui, la Russie plongera dans la révolution et perdra une chance de mener à bien des réformes pacifiques. 

Le processus de changements pacifiques qui s'est amorcé en Russie pourrait être très long, mais "encore plus profond" que celui du début des années 1990, a estimé Grigori Iavlinski.

Selon l'opposant Boris Nemtsov, un nouveau meeting se tiendra en février 2012, soit peu avant l'élection présidentielle du 4 mars.

Trois meetings ont rassemblé 7.000 personnes à Saint-Pétersbourg. A Krasnoïarsk (Sibérie occidentale), près de 800 personnes se sont rassemblées dans le centre ville, selon un représentant de la mairie. Dans l'Extrême-Orient, 400 personnes se sont réunies à Vladivostok, et environ 200 à Khabarovsk. A Tcheliabinsk, on dénombrait 500 personnes.

Scrutin contesté
Tenues le 4 décembre, les élections de la Douma ont été remportées par le parti au pouvoir Russie unie qui a obtenu la majorité absolue (238 sièges), mais perdu la majorité des deux tiers lui permettant de modifier seul la Constitution russe.

Russie unie était suivi du Parti communiste (92 sièges), du parti social-démocrate Russie juste (64 sièges), et du LDPR nationaliste (56). La première séance de la nouvelle Douma s'est tenue le 21 décembre, et a permis l'élection de son président, Sergueï Narychkine, qui dirigeait auparavant l'administration du Kremlin.

Les observateurs de l'OSCE chargés de surveiller le déroulement des élections ont enregistré des violations lors du décompte des voix, dont des cas de bourrage des urnes. Les vidéos attestant des falsifications postées sur Youtube ont démultiplié la résonnance sociale des fraudes. Au lendemain du scrutin, le président russe Dmitri Medvedev a ordonné d'enquêter sur les irrégularités.

Plusieurs manifestations, tant anti-Poutine que pro-Poutine, ont eu lieu depuis le scrutin, avec en point d'orgue un rassemblement qui a réuni entre 25.000 et 40.000 personnes le 10 décembre selon les sources.

Principalement jeunes et issus de la classe moyenne, les manifestants exigeaient l'organisation de nouvelles élections, le limogeage du chef de la Commission électorale centrale Vladimir Tchourov et la libération des personnes interpellées lors d'un meeting tenu au lendemain du scrutin, dont le blogueur Alexeï Navalny.

Réactions
La mobilisation du 10 décembre, la plus importante depuis 20 ans en Russie, n'a pas laissé les leaders du pays indifférents. Jeudi 22 décembre, le président Medvedev a plaidé pour une réforme en profondeur du système politique de Russie. Il a notamment proposé de revenir à l'élection directe des gouverneurs, de réduire le nombre de signatures requises pour participer à l'élection présidentielle et de faciliter l'enregistrement des partis politiques.

Le chef adjoint de l'administration présidentielle Vladislav Sourkov, que l'opposition accuse d'être l'auteur des mesures restrictives mises en place sous la présidence de Vladimir Poutine, a qualifié vendredi les participants aux rassemblements en Russie de "meilleure partie de la société, qui demande à être respectée".

Candidat à l'élection présidentielle du 4 mars 2011, le premier ministre Vladimir Poutine a quant à lui minimisé l'importance des rassemblements, affirmant n'y voir "rien d'extraordinaire", et raillé les manifestants. Il a toutefois appelé à assouplir la procédure d'enregistrement des petits partis et jugé inutile toute tentative de censurer Internet, fer de lance de la contestation.

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