Cette histoire surprenante d’amour et de dévouement d’un chien a vivement ému les habitants de Iakoutsk, ville russe située dans le nord de la Sibérie orientale. Par un froid de 50 degrés, le chien fidèle a monté la garde pendant deux semaines auprès d’une chienne enceinte morte, essayant de la réchauffer avec sa chaleur. Toutes les tentatives de l’emmener à la maison étaient vaines. Même maintenant, lorsque la chienne a été enterrée, son compagnon refuse de quitter l’endroit où elle a péri.
Les habitants de Iakoutsk ont surnommé le cabot anonyme, veillant jour et nuit par un froid rigoureux auprès de son amie morte, «Hachiko». C’est le nom d'un chien, devenu célèbre au Japon pour avoir attendu pendant neuf ans sur une station ferroviaire son maître mort d’un infarctus sur son lieu de travail.
Les voyageurs de l'aéroport de Iakoutsk ont été les premiers à remarquer le chien fidèle. Celui-ci était allongé près du corps de son amie non loin de l'aérogare, près des garages qu'ils devaient garder tous les deux. Les écologistes croient que la chienne esquimau était victime des «dog-hunters», qui tuent les chiens errants en dispersant des appâts empoisonnés.
Les défenseurs locaux de la nature, craignant que Hachiko pourrait mourir par ce grand froid, ont tenté plus d'une fois de l’amener dans un endroit chaud. Le chien laissait les gens s’approcher de lui, mais refusait de quitter le corps de l'amie. Il lui léchait les oreilles, comme s'il voulait lui dire: «Réveille-toi, je suis ici!». Mais la compagne ne se levait pas, et une immense larme restait glacée sur sa gueule. Les représentants du Fonds de la protection des animaux de Iakoutsk ont tout de même réussi à placer Hachiko dans une volière. Mais il a fait un trou dans le filet métallique et il s'est enfui. Et même si chienne a déjà été enterrée, son compagnon est revenu vers l’endroit de sa mort, et maintenant, il craint les gens et ne permet à personne de s’approcher de lui.
Un cas rare
«Les chiens peuvent éprouver, en effet, une affection émotionnelle profonde», précise le cynologue Alexandre Smirnov. «Vers la fin de sa vie, même le grand physiologiste Ivan Pavlov a reconnu son erreur, celle de trouver que tout était fondé uniquement sur les instincts».
Si un chien et un autre être vivant entretiennent un fort lien émotionnel, alors le chien peut attendre longtemps. Ce n’est pas l'instinct qui entre en jeu alors. Le chien, tout comme l’homme, peut éprouver des sentiments forts et des émotions. Il a des désirs, et agit raisonnablement. Il peut éprouver de l'amour, de la haine. Il n’y a rien de surprenant dans cela. Mais un lien émotionnel tellement fort entre les êtres vivants reste un phénomène assez rare. Un rapprochement affectif entre un homme et un chien ou deux chiens est rare, mais n'a rien de surnaturel.
On ne sait pas à quel point le proverbe «le temps guérit toutes les blessures» sera actuel dans le cas du «Hachiko» russe. Les habitants de Iakoutsk tentent de l'aider par tous les moyens: non seulement ils viennent pour lui donner de la nourriture ou l'encourager, mais ils projettent aussi de construire une niche protégée du froid sur le lieu de la mort de son amie. Le dévouement du chien et l'histoire de son coeur brisé a touché non seulement les Sibériens. Un de ces jours, le Fonds local de la protection des animaux a reçu une proposition de la part d’une citoyenne allemande qui a voulu ramener le chien chez elle. Une habitante de Cologne, ayant appris par les médias l'histoire du chien, s'est dite prête à l'héberger chez elle et prendre soin de lui. Mais, selon l'avis des écologistes, le chien supportera probablement mal le trajet en avion d’une si longue durée. En effet, il faudra alors transporter le chien sous anesthésie, et le transfert Iakoutsk – Moscou, et Moscou-Cologne sera trop difficile pour lui. Mais les protecteurs des animaux trouvent que si le chien consent plus tard à vivre avec les gens, il ne sera pas difficile de lui trouver un bon maitre en Iakoutie.