La Culture et les Arts 06.12.2011

© Photo: RIA NovostiLa Culture et les Arts 06.12.2011
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Au sommaire: -«Soirées de décembre» au Musée Pouchkine: fantaisies et visions

Au sommaire:

-«Soirées de décembre» au Musée Pouchkine: fantaisies et visions

-S’écrire pour mieux se comprendre

-Moscou: le budget et le programme de la capitale culturelle mondiale   

-Une série de Festivals de Noël en Sibérie  

 

«Soirées de décembre» au Musée Pouchkine: fantaisies et visions

«Chansons folles: fantaisies et visions» - voilà le nom que ses organisateurs ont donné au traditionnel festival hivernal des arts «Soirée de décembre de Sviatoslav Richter» au Musée des Beaux-Arts Pouchkine de Moscou qui s’y tient du 29 novembre au 29 décembre.

Consacré à l’art britannique, le festival est comme toujours une synthèse de la peinture et de la musique. Son volet peinture est représenté par l’exposition «William Blake et les visionnaires britanniques». Elle est unique en son genre parce que si l’héritage littéraire du grand poète britannique est bien connu en Russie, il y est presque inconnu en tant qu’artiste. La quantité de ses peintures exposées à Moscou est vraiment impressionnante: elles sont plus de 150 venues de la Galerie de Tate, du Musée Britannique et de six autres plus grands musées britanniques. Irina Antonova, la directrice du Musée Pouchkine, est convaincue que le public moscovite verra un «phénomène artistique inédit».

«Blake est un artiste étonnant et difficile à comprendre», raconte Irina Antonova. «Il est fantaisiste et symboliste qui s’exprime par des allégories. Chacune de ses peintures traduit sa propre vision du monde, est profonde et inédite. Blake perçoit le monde à travers ses grandes manifestations et c’est pour cette raison précisément qu’on le connaît comme illustrateur de la Bible et des oeuvres de Dante et de Shakespeare. Il s’adresse aux grandes oeuvres littéraires pour exprimer ses idées et son attitude envers le monde. Son monde est peuplé d’images fantastiques voire menaçantes mais le message qu’il adresse à l’homme est fait de clarté et est appelé à mettre en valeur ce qu’il a de plus sublime».

Les sujets bibliques, les illustrations de la «Comédie divine» de Dante, de «Paradis perdu» de Milton et de son propre poème «Le mariage du Ciel et de l’Enfer» sont autant de symboles de sa religiosité et d’expression de sa nature rebelle. «Blake était un adversaire du système des connaissances qui limiterait la liberté de création», affirme la directrice de la galerie de Tate Penelope Curtis. «Sur bien de ses tableaux on peut voir l’image de l’homme planant dans le ciel. C’est le symbole d’une liberté absolue».

La figure culte en Grande Bretagne, Blake avait exercé une influence énorme sur ses adeptes dans la littérature et la peinture. Ce fait explique la présence à l’exposition des maîtres comme Rossetti, Palmer, Burdsley et Bakon dont la création couvre non seulement la fin du XVIIIe mais encore le XIXe et la première moitié du XXe siècles.

La personnalité de Blake transcende les programmes musicaux des «Soirées de décembre», affirme Irina Antonova. «Nous nous sommes donnés pour objectif d’établir un lien thématique entre la musique et le contenu de l’oeuvre de Blake. Notre travail a été facilité par le fait que la création de Blake soit empreinte d’une grande musicalité et possède une connotation romantique».

«Nous avons également pris comme repère le nom de l’exposition «Les chansons folles» qui désigne en Grande Bretagne le genre de poésie et de peinture qui remonte à la Renaissance et s’est préservé jusqu’à nos jours dans sa version musicale. Les programmes musicaux s’articulent par conséquent autour de la musique anglaise ancienne, des oeuvres sur les poèmes de Blake de ses contemporains et de la musique chorale anglaise adulée par Blake lui-même... le tout interprété par de brillants musiciens de préférence britanniques. Un détail important : la musique anglaise est malheureusement rarement interprétée en Russie. Elle est peu connue du public sans compter une poignée de muséologues, ce qui ravive l’intérêt pour les «Soirées de décembre».


S’écrire pour mieux se comprendre

Cela arrive rarement, mais les goûts littéraires des professionnels et du public ont coïncidé pour une fois et le Prix littéraire national «Le Grand Livre» de l’année a été attribué à Mikhaïl Chichkine pour son roman «Le Manuel épistolaire» par décision unanime du jury et des Internautes.

Mieux encore, les goûts ont également coïncidé au sujet de l’écrivain et publiciste populaire Dmitri Bykov qui avait présenté au concours son roman «Ostromov ou Apprenti Magicien» consacré à la vie littéraire des années 1920. Un détail cependant: les Internautes lui ont donné la deuxième place et le jury - la troisième. Les professionnels ont attribué quand à eux la deuxième place à Vladmir Sorokine qui s’est risqué à donner à sa nouvelle le titre de «Tempête de neige», le même que le grand poète Pouchkine. Mais, à la différence du classique russe, il ne s’agit pas d’une histoire d’amour mais d’un étrange virus qui provoque une épidémie dans un village russe.

Qu’est-ce qui détermine finalement le choix du public et du jury? L’écrivain Pavel Bassinski en parle dans son interview à la Voix de la Russie. «S’agissant du public, le vote sur Internet n’est pas populaire dans toute l’acception de ce terme étant donné qu’y participent 1500 abonnés à une ressource Internet déterminée tout au plus. Par ailleurs, il n’a jamais été possible de percer le secret du succès auprès du public», estime Bassinski.

«Par exemple, le roman de Dostoevski «Le Crime et le Châtiment» était très demandé par le public, surtout par les étudiants déjà du vivant de l’écrivain et se vendait bien à la différence de ses autres oeuvres. Quelle explication peut-on donner à ce phénomène? Un autre cas du même genre est le roman de Salinger «L’Attrape-coeurs» devenu un super-bestseller qui a permis à son auteur de ne plus avoir de soucis matériels jusqu’à la fin de ses jours. La société contemporaine est hétéroclite et ses goûts littéraires s’en ressentent. Il est difficile de comprendre pourquoi un roman dit «sérieux» devient tout d’un coup un succès. Je crois tout de même que la clé de l’énigme est fournie par Mikhaïl Chichkine lui-même qui a appelé son livre «la chose simple». Les lecteurs sont eu peu lassés par la littérature sophistiquée, le jeu esthétique complexe et la propension à s’analyser trop présente chez les auteurs contemporains. Les gens veulent qu’on leur parle d’eux-mêmes et de leurs sentiments qui ne changent pas au fil des siècles».

En effet, l’auteur du roman «Le Manuel épistolaire» Mikhaïl Chichkine estime avoir écrit un «livre très simple et d’une grande douceur où il est question des valeurs fondamentales».

«Je ne veux dire rien de nouveau sinon exprimer mon admiration  devant ce monde et le sentiment de bonheur de savoir qu’il y a des enfants, que les gens vivent et meurent. La nature nous a tout donné en exédent et nous devons comprendre que la mort n’est pas une tragédie mais un don pour nous permettre de sentir vraiment ce que signifie l’amour du prochain et comprendre le sens de la vie. Dans chacun de mes romans je réponds aux mêmes questions, - ajoute Mikhaïl Chichkine. – Dans sa jeunesse l’homme cherche des réponses complexes qui deviennent simples à mesure que le temps passe».

Mais le roman de Mikhaïl Chichkine âgé de 50 ans n’est pas aussi smple qu’il paraît à première vue. Tout est simple en apparence : deux amoureux s’écrivent des lettres sauf que l’auteur place chacun d’eux dans une époque différente. Les lettres du personnage principal datent de 1900. Il a d’ailleurs un prototype historique, le correspondant de guerre Dmitri Yantchevski mort dans les camps staliniens et participant réel des événements en Chine connus dans l’histoire comme la Révolte des Boxers. Par contre, la jeune fille à qui sont adressées les lettres vit à l’époque soviétique, au milieu du 20e siècle. Il est évident que ces deux personnes n’ont aucun lieu entre elles et parlent dans le vide. Qu’à cela ne tienne car ne comptent que les mots qui survivent aux personnages et ont même le pouvoir de ressusciter les morts. Le titre du roman «Le Manuel épistolaire» est donc perçu comme la recommandation d’écrire et de conserver les lettres formulées par son auteur.

 

Moscou: le budget et le programme de la capitale culturelle mondiale   

L’accessibilité, la qualité et l’efficacité sont autant de principes de base sur lesquels repose le Programme du développement de Moscou en sa qualité de Centre culturel mondial. Le document a un auteur, c’est Sergueï Kapkov, le nouveau directeur du département de la culture qui n’a rejoint l’équipe du maire de Moscou Sergueï Sobianine qu’il n’y a deux mois.

Le programme s’échelonne jusqu’à 2016 et prévoit un accroissement continu du financement de projets culturels. De toute façon, la part du budget de 2012 destinée à la culture s’élève à près de 50 milliards de roubles, soit un tiers de plus par rapport à 2011. «Certes, on a jamais assez d’argent», a fait remarquer Sergueï Kapkov. «Mais je crois qu’il s’agit là d’un budget suffisant à condition de l’utiliser à bon escient».

«Le principe d’accessibilité doit être prioritaire si nous voulons que Moscou soit une capitale culturelle mondiale à part entière», estime le directeur du département. «Moscou est certes un centre touristique. Les étrangers qui viennent sont principalement en voyages d’affaires mais il faut que cette proportion s’inverse au profit des touristes qui viennent à Moscou passer leurs loisirs, dépensent leur argent et souhaitent avoir un programme culturel conçu sur mesure. Ce serait un grand stimulant pour la culture et tous les secteurs connexes. L’affluence de touristes implique une grande responsabilité pour la ville. Nous devons acquérir l’expérience et le savoir-faire nécessaires surtout en prévision du championnat du monde de football qui se tiendra à Moscou en 2018».

 «Les grands événements culturels ne manquent pas dans la capitale russe», considère Sergueï Kapkov. «On peut mentionner le Festival international de théâtre Tchékhov, le Festival du film ou la Biennale d’art contemporain qui attirent de nombreux visiteurs. Le département qu’au lieu de lancer de nouveaux événements, il faut se limiter à soutenir les festivals dont le prestige et la popularité ne sont plus à faire».

Sergueï Kapkov raconte que dans la cadre du programme «Moscou - ville des festivals», le gouvernement de la capitale fera connaître la liste des festivals qu’il est prêt à soutenir en leur accordant des subsudes, places d’hôtel et facilités publicitaires. Attirer le public n’est pas l’unique vocation que se donne un festival parce que rentrés chez eux, les participants devront pouvoir dire que Moscou est une ville très hospitalière.

La capitale russe fait appel aux grandes personnalités des arts et des lettres et essaiera de leur créer toutes les conditions nécessaires à la réalisation de leurs projets créateurs. Selon Sergueï Kapkov, «les grands ont toujours en réserve un foisonnement des idées en friche qu’il faut soutenir»  et notamment, «nous avons prévu d’accorder des subsides directement aux metteurs en scène. Chacun d’eux peut faire valoir son intention de monter tel ou tel spectacle. Si le conseil d’experts décide que la ville a besoin de ce spectacle, il disposera des fonds nécessaires», explique-t-il.

On sait déjà que les premiers subsides ont été accordés aux éminents metteurs en scène russes Youri Lioubimov et Anatoli Vassiliev. Après la rupture avec la troupe de son Théâtre sur Taganka, Youri Lioubimov est comme on dit «en vol libre» mais il a le projet de mettre en scène le spectacle «Les Possédés» inspiré du roman du même nom de Dostoevski. Le projet est financé par le gouvernement de Moscou. Quant à Anatoli Vassiliev qui a vécu à Paris après le conflit avec les fonctionnaires «en période du maire Loujkov», il rentre à Moscou où il bénéficie d’un subside pour son projet «Pédagogie pour les pédagogues».

 

Une série de Festivals de Noël en Sibérie

Novossibirsk, la capitale de Sibérie, est la première des villes russes à se préparer aux fêtes de Noël avec l’ouverture d’un Festival international des arts.

C’est la neuvième édition du Festival dans cette ville de près d’un million et demi d’habitants et troisième en Russie par ordre d’importance. Et comme le festival se tient tous les deux ans, son âge en avoisine vingt ans. Ses traditions sont depuis longtemps établies avec des spectacles de ballet et dramatiques, expositions de peintures et d’art appliqué et concerts de musique classique. Tous les événements qui figurent au programme sont d’un niveau artistique élevé du moment que le public de Novossibirsk est très exigeant. En effet, cette ville sibérienne est un grand centre intellectuel  à l’échelle nationale avec son fameux Akademgorodok qui regroupe la fine crème de la science russe. Cette année le Festival s’est ouvert sur le spectacle de l’éminent chorégraphe français Rolland Petit «Carmen» monté à l’opéra de Novossibirsk. Il sera clôturé par le spectacle «Oncle Vania» inspiré de la pièce du même nom de Tchékhov dans une mise en scène du théâtre Vakhtangov de Moscou.

Mais le programme de cette année est principalement axé sur la musique et les prestations des vedettes étrangères, raconte dans une interview à Voix de la Russie la directrice aux relations internationales de la philharmonie de Novossibirsk Aliona Bolkvadzé. «Notre créneau musical comporte cette année 9 concerts avec les vedettes comme l’accordéoniste Ruchard Galiano et «Harp consort», orchestre d’harpistes connu en Europe et dans le monde», dit-elle. «Nous entretenons de bonnes relations avec l’Ambassade de France qui a invité un trio au festival. De longues traditions de coopération existent également avec l’Ambassade des Pays-Bas et le Consulat d’Allemagne à Novossibirsk qui nous envoient leurs musiciens. Les artistes nous aiment bien et viennent volontiers chez nous. Le festival a un grand succès auprès du public qui l’attend avec impatience».

A leur tour, les artistes qui viennent en tournée font de leur mieux pour ne pas décevoir les grandes attentes. C’est le cas de l’orchestre slovaque «Les diables gitans» qui s’apprête à mettre le public en euphorie par son mélange détonnant de chants folkloriques et d’oeuvres classiques arrangées. Quant à l’éminent violoncelliste de Moscou Boris Adrianov, il compte au contraire émouvoir les spectateurs par son programme lyrique «Sincèrement vôtre...» qui s’inspire de la correspondance que les grands compositeurs entretenaient avec leurs amoureuses qui leur servaient de muses.

Mais c’est le percussionniste russe Marc Pekarski avec son ensemble unique assisté d’un DJ et d’un vidéo-artiste qui propose le projet le plus extravagant.

«Ce projet a connu un grand succès à Moscou et les intellectuels de Novossibirsk s’y intéressent beaucoup», poursuit Aliona Bolkvadzé. «C’est la première fois que le public de Novossibirsk verra le projet avec Hans Holman comme DJ et une performance vidéo».

De nombreuses villes russes se tiennent prêtes à reprendre à la Sibérie le flambeau des Festivals de Noël.

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