Moscou a le privilège d’accueillir une exposition de Caravage

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On n’hésite pas à qualifier d’évènement unique et sans précédent l’exposition du grand maître italien Caravage, qui se déroule du 26 novembre au 19 février à Moscou au Musée des Beaux-arts Pouchkine.

On n’hésite pas à qualifier d’évènement unique et sans précédent l’exposition du grand maître italien Caravage, qui se déroule du 26 novembre au 19 février à Moscou au Musée des Beaux-arts Pouchkine.

Le superlatif est bien à sa place car on n’avait jamais vu nulle part ailleurs une telle concentration des chefs-d’œuvre du Caravage dans le cadre d’une seule et même exposition. Moscou a eu le privilège de devenir la première capitale à laquelle l’Italie a confié d’un seul coup onze toiles du maître d’une valeur inestimable. Les tableaux de Caravage sont éparpillés entre les différentes collections italiennes et des milliers de visiteurs se rendent dans les musées pour admirer ne serait-ce qu’un seul de ses tableaux. C’est pour cette raison que les propriétaires s’en séparent de fort mauvais gré. Les toiles exposées à Moscou viennent non seulement des musées mais aussi des églises italiennes et même du Vatican. Une telle générosité s’explique dans une grande mesure par le fait que cette exposition vient clore l’Année croisée Russie-Italie. «Mais en plus cela, nous avons une longue tradition de partenariat qui a permis de réaliser ce projet qui paraissait irréalisable», affirme le directrice du musée Pouchkine Irina Antonova.

«Il semblait impossible de monter une telle exposition, comme il serait quasiment impossible de monter une exposition qui serait consacrée seulement à Léonardo de Vinci ou à Rafael. Ce projet entrera non seulement dans l’histoire de notre musée dont nous allons célébrer le centenaire au printemps 2012 mais sera incontestablement un grand évènement culturel dans la vie des musées russes», ajoute-t-elle.

Les onze toiles de Caravage rendent compte du parcours de l’artiste, depuis son travail précoce «Le garçon avec un panier de fruits» jusqu’à son dernier tableau «Le Martyre de Sainte-Ursule» peint dans la période dramatique de sa vie, quand il était menacé de mort pour avoir tué par imprudence son adversaire pendant une séance de jeu de paume. Pour échapper aux poursuites, Caravage errait et se dissimulait en espérant la grâce. Elle est venue trop tard car entre temps l’artiste est mort du paludisme. Il n’a vécu que 39 ans mais ce rebelle et querelleur, tant dans sa vie que dans son œuvre, n’en avait pas moins eu le temps de proclamer l’avènement d’un temps nouveau dans l’art. Caravage pouvait, par exemple, peindre Bacchus en prenant comme modèle un garçon du cabaret voisin. Il a découvert des genres foncièrement nouveaux comme la nature morte et les scènes de genre. «Tout cela prenait le contre-pied de la vision idéale du monde propre à la Renaissance», affirme la critique d’art Nadejda Rein.

«Caravage disait qu’il était un tourmenté de la nature», explique la critique. «Il a été sans doute un des premiers peintres à se tourner vers le monde réel. Mais en tant qu’artiste, il transformait ce monde, ce qui correspondait précisément à la transfiguration et à l’exaltation que l’art est appelé à exprimer. Caravage a créé son propre système dit de clair-obscur, quand un puissant rayon de lumière se braque tel un projecteur sur un personnage déterminé. Ce procédé suscite des émotions fortes chez tous ceux qui regardent ses toiles et les voient quasiment malgré eux avec les yeux de l’artiste», ajoute-t-elle.

Elle cite en exemple le tableau «La Mise en bière» qui crée à son avis chez le spectateur l’illusion qu’il est celui qui se tient devant le tombeau et à qui Joseph d’Arimathie et Jean l’Évangéliste remettent le corps du Christ.

«Caravage fait partie des grandes figures de la Renaissance italienne comme Michelangelo, Léonard de Vinci et Rafael. Mais il occupe une position particulière, je dirais que c’est le sommet que personne n’a jamais pu vraiment dominer. Le mérite de Caravage est d’avoir créé non pas un style mais un courant entier. Il est le précurseur de l’époque baroque tant en Italie que dans le reste de l’Europe», résume-t-elle.

L’exposition de Moscou accentue et révèle la densité des volumes inscrits dans l’espace propre à la peinture de Caravage. Les salles sont plongées dans la pénombre et les tableaux sont mis en valeur par un savant éclairage.

Diaporama: Les chefs-d'œuvre du Caravage en Russie

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