Le Musée historique d’Etat est le plus grand musée historique national. Ses énormes collections font découvrir aux visiteurs l’histoire et la culture de l’État russe multinational depuis ses origines jusqu’à nos jours.
Le musée fut fondé en 1872 à l’initiative de la société russe et au départ des objets que regroupaient les sections d’histoire et de Sébastopol de l’Exposition polytechnique de 1872 à Moscou. Le comité d’organisation reçut en février 1872 l’autorisation suprême d’instituer à Moscou le musée portant le nom de Son Altesse Impériale le Césarévitch Alexandre Alexandrovitch et fut transformé en direction du musée. «Le règlement du musée» validé en 1873 lui assignait comme mission principale de «présenter l’histoire de façon accessible» et de «réunir à cet effet tous les monuments illustrant les évènements marquants de l’histoire de l’État russe».
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En 1881 l’établissement reçut officiellement le nom de Musée historique impérial russe, fut placé sous l’autorité du Ministère de l’éducation nationale et acquit le statut d’institution publique. En 1894, il change à nouveau de nom en devenant le Musée historique impérial russe Alexande III.En novembre 1917, le musée change encore de nom pour devenir le Musée historique d’État et recevoir en février 1921 son appellation définitive de Musée historique d’État.
En 1928, le musée se voit adjoindre comme filiales le «Musée cathédrale Saint-Basile», le «Musée de l’ancienne église géorgienne», le «Musée des monuments d’architecture à Kolomenskoïé», le «Musée du monastère Saint-Paphnuce de Borovsk», «La citadelle génoise» dans la ville de Soudak en Crimée et le «Musée du monastère Saint-Alexandre». A cette liste s’ajoutent «Le palais des boyards Roumanov» en 1932 et le «Monastère de Novodevitchi» en 1934.
Conformément au nouveau Règlement de 1928, le musée historique devait principalement se consacrer au travail de recherche scientifique qui incluait désormais l’époque contemporaine. L’accent était mis sur l’action de propagande. Entre 1930 et 1940 les structures du musée sont remaniées et adaptées aux impératifs idéologiques de l’époque. La priorité donnée au travail de recherche est définitivement fixée dans le Règlement de 1940.
Le 11 juillet 1994, le gouvernement de la Fédération de Russie fixe par son décret au musée le rôle d’établissement de recherche scientifique et d’éducation à la culture ayant pour mission de servir de centre méthodologie et de modèle pour les musées historiques et ethnographiques russes. Le musée comprend actuellement les filiales suivantes : «Le couvent de Novodevitchi», «La cathédrale de l’Intercession», «L’église de la Trinité à Nikitniki», «Les palais des XVI-XVIIe siècles à Zariadié», «Le Musée Lénine» et les ensembles d’Izmaïovo et de l’hôtellerie du monastère Kroutitski.
D’éminents historiens russes comme Soloviov, Roumiantsev, Bouslaev, Ilovaïski, Zabeline et Klioutchevski prennent part à l’élaboration de la conception scientifique du musée. L’école scientifique du Musée historique d’État jouit d’un prestige bien mérité en Russie et dans le monde pour ses recherches théoriques et activités muséologiques à proprement parler.
Le bâtiment occupé par le musée est un monument unique d’histoire d’architecture. En avril 1874, la Douma de Moscou attribua pour la construction du futur musée un terrain sur la Place Rouge. La pose de la première pierre eut lieu en août 1875 en présence de l’empereur Alexandre II et du Grand-Duc Alexandre Alexandrovitch. Le concours de projets fut remporté par celui soumis par l’architecte Sherwood et de l’ingénieur Semionov et le chantier dura de 1875 à 1881. Des architectes et peintres de Moscou dont Aïvasovski et Vassnetsov prirent part à la décoration des salles dont l’agencement est fait de telle façon que les visiteurs peuvent suivre les grandes étapes de l’évolution historique de la Russie. C’est ainsi que le vestibule d’apparat avec sa voûte où on voit l’Arbre généalogique des souverains russes devait d’emblée renseigner les visiteurs sur le contenu de l’exposition. Les corniches, les encadrements de fenêtres et les sols en mosaïque des salles d’exposition reproduisent fidèlement le style architectural et les décors des époques présentées.
Le musée s’ouvre aux visiteurs en 1883, le jour du couronnement de l’empereur Alexandre III. La première exposition (11 salles sur 43 prévues par le projet) était principalement consacrée à l’archéologie et aux arts. Les déclinaisons thématiques étaient conformes au plan proposé par Ouvarov, reflétaient les idées scientifiques de l’époque et se distinguaient avantageusement des musées ouest-européens par la présentation des objets dans leur continuité géographique et chronologique. La tentative d’exposer les monuments selon un seul et même plan scientifique était une véritable innovation en muséologie.
Le décor des salles était organiquement complété par des oeuvres d’art aux sujets historiques, comme la frise «L’âge de pierre» de Vasnetsov, les tableaux «L’enterrement d’un Rus à Boulgar» et «Sviatoslav devant Dorostol» de Semiradski ou une étude pour le tableau «Le baptême du prince Vladimir à Chersonèse» de Bronnikov.
Malheureusement, de nombreuses peintures et beaucoup de détails des intérieurs du musée ont été perdus entre 1936 et 1937 à la suite de l’inauguration d’une novelle exposition à l’occasion du 20e anniversaire de la Révolution d’Octobre.
Le musée historique est fermé pour les travaux de restauration et de rénovation qui durent de 1986 à 1997 pour l’adapter techniquement aux exigences modernes en matière de conservation et d’exposition. Les travaux terminés, le musée a rouvert ses portes pour apparaître tel qu’il avait été conçu à la fin du XIXe – début du XXe siècle.
Pour la formation de ses collections, le musée a bénéficié des apports de toutes les couches de la société russe. De nombreuses pièces proviennent des institutions publiques, associations, monastères, archives, bibliothèques, universités et maisons d’édition. En 1887, la Douma de Moscou a mis à sa disposition les bibliothèques des Golitsyne et des Tchertkov et les grandes familles comme Golitsyne, Massalski, Bobrinski, Kropotkine, Obolenski, Tcherbatov et Ouvarov figuraient parmi ses donateurs. Les marchands mécènes Bakhrouchine, Bouryline, Gratchev, Postnikov et Sapojkov accordaient au musée une attention toute particulière. C’est ainsi que le mécène Choukine lui a offert plus de 300 000 objets dont icônes, peintures russes des 18e-19e siècles, broderies, manuscrits anciens et de nombreux objets d’art appliqué. A son tour, Catoire de Bioncourt, le maréchal de noblesse de Nijni Nogorod, a offert en don au musée sa collection d’armes de chasse et de pistolets. Le marchand de Yaroslavl Vakhrameev lui a offert sa collection de manuscrits et de livres anciens. Une importante collection de belles lettres provient du mécène Dachkov.
Chronologiquement, les collections du musée reflètent toute l’évolution historique depuis le paléolithique jusqu’aux temps modernes. Les sections archéologie, numismatique, objets en bois, armes, articles en métaux et matériaux de synthèse, verre et céramique, manuscrits et livres anciens, tissus, costumes, cartes et la bibliothèque, renferment une prodigieuse quantité de pièces. Les collections sont régulièrement complétées au cours des expéditions, grâce aux achats chez les particuliers et lors des ventes aux enchères.
Les années 1920-1940 ont été celles des recherches actives menées par les spécialistes du musée dans le domaine des méthodes de présentation des collections, combinant les monuments historiques, objets de la vie de tous les jours, reconstitutions des intérieurs et expositions ponctuelles comme «L’art paysan des 18e-20e siècles», «Les autographes des hommes d’État russes», «Les monuments de Byzance», «Moscou à travers les images anciennes» etc.
Les objets à exposer venaient des réserves du musée et les pièces originales s’illustraient de cartes et maquettes.
Dans les années 1970, les collections du musée sont à nouveau entièrement remaniées et la plus grande partie des salles du 1er étage est dédiée à la période contemporaine. Les expositions thématiques comme «BAM – chantier du siècle», «Les droits acquis par la Révolution d’Octobre», «Le chemin glorieux des jeunesses communistes léninistes», «L’Union Soviétique une et puissante» (1982) se succédaient pour donner au musée sa physionomie inédite. En 1986, le musée ferme pour travaux de restauration et rénovation et les expositions sont démontées. A partir de 1987, l’établissement organise un grand nombre d’expositions thématiques en Russie et à l’étranger pour ne citer que «L’orfèvrerie russe», «La broderie d’or russe», «Le portrait historique russe», «Les costumes des peuples de la Russie», «Fabergé et ses contemporains», «De la Révolution d’Octobre à la perestroïka», «L’art sacré russe» etc.
Le travail de recherche scientifique mené par le musée se fonde sur les traditions et les documents originaux que renferment ses réserves. Les collections du musée sont une véritable mine de données pour les historiens, numismates, archéologues, archivistes, ethnographes et critiques d’art.
Le musée historique est un grand centre culturel et éducatif. Une commission des lectures populaires y a été instituée en 1874 et en 1889 l’établissement se dote d’un amphithéâtre (réaménagé par la suite en salle de lecture auprès de la bibliothèque) où étaient présentées des conférences publiques sur l’histoire et la culture russes et tenaient leurs réunions les différentes sociétés scientifiques.
Les visites guidées commençaient comme déclinaisons thématiques ponctuelles pour devenir de véritables tours d’horizon sur les divers aspects de l’histoire et de la culture, comme «Pages de l’histoire de la Russie du XIe au XVIIIe siècles», «La Russie de l’antiquité au XVe siècle», «Les visites politologues consacrées aux modes de production» etc.
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Il existe également les différentes variantes d'excursions thématiques pour les titulaires des cartes d’abonnement qui incluent le musée à proprement parler et ses filiales. Les visites guidées prennent la forme des conférences et leçons correspondant au programme scolaire. Les visites théâtralisées et programmes combinant la visite traditionnelle avec des éléments folkloriques et costumés sur un sujet historique déterminé, sont organisées depuis 1993. Elles sont souvent accompagnées de projections de diapositives sur les thématiques comme «Les premiers Romanov», «Ivan Fedorov», «Le Temps des troubles».
Dans les années 1970, le musée s’adresse à un public plus large, se tournant également vers les enfants âgés de 6 à 8 ans.
Les divers ateliers sont organisés depuis 80 ans auprès du musée et des clubs sont venus s’ y ajouter à partir des années 1980. Certains d’entre eux, comme «Le club pédagogique», sont destinés aux adultes. Par ailleurs, un vaste programme des conférences proposées par le musée attire invariablement un public de tout âge.