Attentat de Minsk: les coupables condamnés à la peine de mort

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La condamnation à la peine capitale par la Cour suprême de Biélorussie de Dmitri Konovalov et de Vladislav Kovalev (habitants de Vitebsk), reconnus coupables d’avoir perpétré l’attentat dans le métro de Minsk en 2011, pourrait définitivement fermer la possibilité d’élucider toutes les circonstances de cette terrible affaire.

La condamnation à la peine capitale par la Cour suprême de Biélorussie de Dmitri Konovalov et de Vladislav Kovalev (habitants de Vitebsk), reconnus coupables d’avoir perpétré l’attentat dans le métro de Minsk en 2011, pourrait définitivement fermer la possibilité d’élucider toutes les circonstances de cette terrible affaire.

Si les deux condamnés sont fusillés (et cette probabilité est grande vu la répugnance du président biélorusse Alexandre Loukachenko à gracier les criminels), il n’y aura plus personne à qui poser des questions au sujet de l’attentat qui a emporté 15 vies et blessé plus de 200 personnes. Cependant, il reste beaucoup d’incertitudes concernant les motifs des condamnés et leur capacité de commettre cet acte.

Quel était le but des jeunes terroristes? L’explication de l’accusation – déstabiliser la situation politique en Biélorussie – paraît trop floue. Pourquoi déstabiliser? Pour arriver au pouvoir, mettre en œuvre des idées nationalistes, de gauche ou extrémistes? La question reste sans réponse.

"Un cerveau malade", c’est la seule explication donnée par le procureur général de Biélorussie, Grigori Vassilevitch, sachant qu’en mai il avait fait remarquer que selon les conclusions de l’expertise, au moment de la préparation et de la perpétration de l’attentat dans le métro Dmitri Konovalov ne souffrait pas de troubles psychiques, de démence ou autre affection mentale, ce qui a été confirmé par la Cour suprême mercredi.

La peine de mort, considérée en Europe contemporaine comme un châtiment inhumain, permet cependant au président Alexandre Loukachenko de régler plusieurs problèmes politiques.

"Dernièrement, le ton des reportages TV sur cette affaire était manifestement accusateur, et le plus souvent les personnes interrogées dans la rue exigeaient le châtiment le plus dur pour les accusés", fait remarquer le politologue biélorusse Alexandre Klaskovski.

La Biélorussie se souvient que l’attentat du 11 avril à la station Oktiabrskaïa du métro de Minsk a définitivement détruit l’image de ce pays considéré comme la région la plus sûre de l’ex-Union soviétique, image minutieusement cultivée par Alexandre Loukachenko. Mais cette image a déjà été détériorée à deux reprises auparavant par les explosions de Vitebsk en 2005 et de Minsk en 2008. Une recherche de plusieurs mois a été lancée à travers le pays après l’attentat à Minsk qui avait fait 59 blessés, et même les localités les plus petites ont été passées au peigne fin. A l'époque Loukachenko avait juré de retrouver les coupables, mais sans résultats.

Et voici que le coupable a été retrouvé. En déclarant Dmitri Konovalov responsable des attentats anciens et récents, la Cour suprême libère le président biélorusse de deux problèmes à la fois. Le mal en la personne du jeune habitant de Vitebsk était perfide, il s'est dissimulé pendant longtemps, mais a été percé à jour et l’exécution ne se fera pas attendre. Cependant, cela signifie qu’au moment du premier attentat le terroriste agissant pratiquement seul n’avait même pas 20 ans.

"Ces jeunes avec leur niveau d’études n’auraient jamais pu fabriquer une bombe dans un sous-sol de 1 m²", estime la militante biélorusse des droits de l’homme Ludmila Griaznova, ancienne député du Soviet suprême (parlement) de Biélorussie. La mère du condamné nie également la culpabilité de son fils et a l’intention de demander la grâce de son fils.

Cependant, l’expérience montre que le président Loukachenko n’est pas enclin à se montrer sentimental envers des personnes déjà condamnées. Durant tout son mandat présidentiel, Alexandre Loukachenko n’a signé une demande de grâce qu’une seule fois et a commué la peine capitale en 20 ans d’emprisonnement en 1996. Le nom de la personne graciée n’a pas été officiellement divulgué.

Selon Alexandre Klakovski, même pendant la période de "flirt" avec l’Occident en 2008-2010, lorsque la Biélorussie a failli entrer au Conseil de l’Europe, le président biélorusse a rejeté la demande de Strasbourg et refusé de gracier deux condamnés à morts qui ont été en fin de compte fusillés en 2010.

Apparemment, la même histoire pourrait se répéter cette fois également.



L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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