L’agence Standard&Poor's pourrait mettre la France sous perspective négative, la dernière étape avant l'abaissement de la notation impeccable du pays en termes de crédit. Il est possible que cela se produise à la veille du sommet de l’Union européenne les 8 et 9 décembre. Un symptôme inquiétant dans le contexte des indices instables enregistrés en Italie, en Belgique, en Espagne et dans d’autres pays de l’eurozone.
La France, l’Italie, l’Espagne et leurs partenaires membres de l’Union monétaire traversent actuellement une période difficile. Ils doivent s’acquitter d’ici à la fin de l’année de leurs obligations d’Etat, dont le délai expire. Selon les médias européens, il s’agit de plus de 70 milliards d’euros. Les débiteurs entendent procéder avant janvier à l’émission de nouveaux eurobonds évalués au total à 850 milliards d’euros.
Les taux d’intérêt sur les crédits montent et les impôts versés au Trésor sont en baisse. Il devient de plus en plus compliqué de placer les bonds : les banques ont besoin de liquidités pour élever le niveau de la capitalisation. Les Etats de l’eurozone envisagent la réduction des dépenses budgétaires, ce qui empêche la réanimation de la conjoncture et engendre de nouvelles dettes pour rembourser les précédentes.
Quelles seront les conséquences de cette stratégie des pays européens?
«Le Pacte de stabilité a toujours existé, tout comme les sanctions», analyse Natalia Kondratieva, experte de l’Institut d’Europe. «Mais l’UE n’a jamais manqué de prétextes pour ne pas les appliquer. Qu’est-ce qui doit changer pour que l’UE s’y décide? Où les pays débiteurs doivent prendre de l’argent? Nous sommes ici en présence d’un cercle vicieux. L’Europe ajourne le règlement de tels ou tels problèmes, dont elle assume par la suite le fardeau. C’est le cas de l’Union européenne. Il lui faudra trois ans pour avoir des forces pour surmonter la crise».
D’où émane la menace essentielle - de l’UE ou des Etats-Unis?
L’économie des Etats-Unis traverse également une période compliquée et Washington attribue ses échecs à l’effet de la crise européenne. Et le FMI craint que l’Union européenne ne provoque des bouleversements globaux.
«La première crise a été déclenchée par les Etats-Unis, qui ont réussi les premiers à la surmonter. Et l’Union européenne est responsable de la crise actuelle», explique Natalia Kondratieva. «Les marchés réagissent à tous les signaux. C’est là, la spécificité du secteur financier spéculatif. Il aide à ébranler l’économie, influe sur la politique et la vie publique».
Pour le moment, c’est l’Italie et non pas la Grèce, ou le Portugal qui rend les analystes perplexes. La chute de l'économie italienne, touchée par la crise, fera certainement exploser les marchés, présage le chef de exportateurs allemands Anton Börner. «L’eurozone s’écroulera et l’Europe sera en proie à la «balkanisation et à la marginalisation», a-t-il dit.
