Nous allons parler des points sur lesquels la Russie doit se concentrer pour explorer le plateau arctique. Dans cette question nous aidera notre invité, directeur adjoint de la science « l’Arctique et l’océan mondial », responsable du laboratoire Shelf de l’Université d’Etat russe de pétrole et de gaz, docteur des sciences techniques, le professeur Vassili Bogoïavlenski. A l'heure actuelle, il n'existe aucune loi internationale sur l'Arctique et un tel document est en cours d'élaboration. En Russie, le régime juridique en Arctique est régi par la législation nationale et le programme déterminé par la Russie jusqu'en 2020 et au-delà. La situation en Arctique est également réglementée par les législations nationales des pays de la région arctique. Tous sont conscients qu'actuellement les ressources du plateau arctique, notamment russe, sont l'avenir énergétique de la planète. Je voudrais que vous nous parliez des quantités supposées des hydrocarbures.
Les quantités des hydrocarbures sont proportionnelles à la superficie de la Russie. La Russie est le plus grand pays du monde. Et elle possède les plus importantes ressources d'hydrocarbures, et d'une série d'autres ressources minérales.
En ce qui concerne la Russie et son plateau dans l'ensemble, l'immense partie des ressources de pétrole et de gaz est concentrée au nord. Cela concerne avant tout la plaine de la Sibérie occidentale, dont la région nord s'étend vers les eaux de la mer de Kara.
Les mers de Barents et de Petchora sont également très riches en réserves pétrogazières. C'est ce qu'on appelé l'Arctique occidental de Russie, sa partie européenne. Et un grand nombre de gisements a déjà été découvert dans ces mers.
Je voudrais expliquer la différence entre les ressources et les réserves, car on confond souvent ces termes. Les ressources sont nos suppositions en s'appuyant sur les connaissances géologiques, ce qu'on s'attend à trouver mais qui n'a pas encore été découvert. Souvent, cela se confirme, mais les quantités peuvent être plus ou moins différentes des prévisions. Quant aux réserves, cela signifie qu'elles ont déjà été découvertes et mises sur la balance de la commission d'Etat pour les réserves.
Autrement dit, elles peuvent être mises en circulation à mesure de la production.
Dans une certaine mesure elles sont déjà en circulation, car la majeure partie des réserves est déjà intégrée à la balance de diverses compagnies, avant tout de Gazprom, de Rosneft et d'autres sociétés. Pour cette raison, cela influe sur la capitalisation de ces sociétés.
Il doit tout de même avoir des priorités dans cette situation, qui plus est à la veille du second forum international « L'Arctique, territoire de dialogue ». Aujourd'hui, la Russie doit rapidement déterminer ses priorités, car même un pays aussi immense manque de moyens pour régler les principaux problèmes de manière autonome.
Tout à fait. En se tournant vers l'expérience internationale, le plateau et le versant continental de l'océan mondial ne sont pas explorés par une seule compagnie, mais par des consortiums, qui incluent jusqu'à 10 compagnies, voire plus. Et dans ce cas, ils peuvent partager les risques et les investissements, et même en cas d'échec les pertes seront bien moindres. En participant à plusieurs projets, l'échec de l'un est compensé par la réussite d'un autre.
Hormis Gazprom et Rosneft, quels autres acteurs importants travaillent actuellement sur le plateau continental russe?
En ce qui concerne le plateau russe et les acteurs importants, avant tout il s'agit de Lukoil, qui a fait ses preuves en travaillant dans la mer Caspienne. L'exploitation du gisement de Kortchaguine a commencé fin 2010. Il s'agit d'un grand gisement dans la région centrale de la Caspienne du Nord.
Lukoil y a construit une plateforme résistante aux glaces. Je me réjouis de savoir que cette plateforme a été construite en Russie. Car on dit souvent que la Russie ne sait plus construire et qu'elle est incapable de faire quoi que ce soit. C'est un bon exemple pour monter les compétences de la Russie.
Et la plateforme Prirazlomnoe, qui se dirige actuellement à destination de son site de travail, a-t-elle également été construite en Russie?
La base de cette plateforme été en majeure partie construite en Russie, mais les équipements de bord ont été principalement achetés à l'étranger. Actuellement, elle fait route vers la mer de Barents pour être installée sur le site.
Il s'agit du site Prirazlomnoe où elle forera jusqu'à 40 puits horizontaux et inclinés. La production pétrolière devrait y commencer fin 2011.
Quelles sont les priorités du développement du plateau russe? Les innovations, la région orientale ou occidentale? La coopération ou l'exploitation nationale? Quelles sont les priorités de la politique arctique de la Russie à moyen terme?
La politique est une chose, mais dans le cas présent, hormis la politique de l'Etat, il existe également la politique des sociétés et des opérateurs qui possèdent des territoires dans diverses régions maritimes. La production pétrogazière sur le plateau de Sakhaline des projets Sakhaline-1 et Sakhaline-2 a commencé en 1999.
Exxon Neftegas et Sakhaline Energy sont les opérateurs sur place. Actuellement, Gazprom est l'actionnaire majoritaire de l'un de ces projets et participe activement à l'exploration et à la production pétrogazière sur le plateau de Sakhaline.
Pour cette raison, le capital choisit avant tout les voies faciles avec un retour sur investissement rapide. C'est la raison pour laquelle la production de pétrole et de gaz en Russie à commencé en Baltique, car les marchés d'écoulement sont très proches. Il s'agit de la société Lukoil sur le plateau dans la mer d'Okhotsk. Et la production a commencé dans la mer Caspienne en 2010.
En ce qui concerne l'Arctique, concentrons-nous seulement sur les territoires du nord. Le plateau de l'océan Arctique est actuellement l'un des territoires les plus disputés. Dans cette région agissent activement non seulement les pays arctiques frontaliers du Cercle polaire, mais également plusieurs Etats d'Asie orientale. Même la Malaisie et la Thaïlande sont qualifiées en plaisantant de "pays arctiques". Nous comprenons de quoi il s'agit, mais d'après vous, les ressources terrestres sont-elles réellement insuffisantes? Où il y existe d'autres objectifs. On comprend également qu'hormis le pétrole et le gaz, cette région abrite des ressources minières très rares.
Je dirais ce que les auditeurs probablement savent déjà. La région circumpolaire s'étend sur les côtes de cinq pays. La Russie, la Norvège, le Danemark avec le Groenland, le Canada et les Etats-Unis. A divers niveaux on mène des travaux d'exploration pétrogazière, et parfois de production, partout sur le plateau. Récemment a été terminée une étude qui a donné des résultats très intéressants et inattendus.
