La Russie a procédé à une nouvelle phase d’exploration de l’Arctique et fait les premiers pas dans ce sens. Pour l’instant, la mise en valeur des richesses polaires est freinée par plusieurs obstacles, notamment par des problèmes liés aux investissements. Mais sans l’ombre d’un doute, très prochainement l’Arctique deviendra l’une des principales régions industrielles et un carrefour des transports de la planète. Des gisements gigantesques d’hydrocarbures ont été découverts en Arctique, dans les eaux territoriales et internationales. Selon les estimations, leurs réserves au nord des péninsules de Iamal et de Gydan, dans le golfe de l'Ob et dans l'estuaire de Taz, ainsi que sur le plateau continental de la mer de Kara pourraient atteindre 7 milliards de tonnes. Les pays du monde sont entrés en compétition pour s’emparer des richesses de l’Arctique, et la Russie, bénéficiant de la situation géographique la plus favorable parmi tous les États riverains de l'Arctique, n’a pas le droit de laisser passer sa chance de poser les bases stratégiques de l'avenir. Ces bases reposeront sur les richesses du plateau arctique et le réseau des transports dans la région polaire. Le contrôle des voies de communication jouera un rôle crucial dans la mise en valeur de l’Arctique, car la question n’est pas seulement de savoir qui exploitera les richesses, mais également qui assurera leur transport ! Dans la mer de Barents, 11 gisements de pétrole et de gaz ont été découverts à ce jour. Deux gisements de gaz à condensat, Roussanovskoïe et Leningradskoïe, ont été découverts sur le plateau de la mer de Kara. Les deux sont qualifiés d’exceptionnels. Par ailleurs, plusieurs gisements de gaz ont été découverts dans le golfe de l'Ob et dans l'estuaire de Taz. Dans les années à venir, la création de nouveaux centres russes d’extraction pétrogazière sera initiée sur la base des gisements prospectés. Le plateau de l’Arctique de l’Est recouvert par les mers de Sibérie orientale et des Tchouktches constitue la partie du plateau continental la moins explorée. Par conséquent, les modèles géologiques de cette vaste partie de l’Arctique russe et les estimations quantitatives des ressources d’hydrocarbures, qui en découlent, sont actuellement approximatives. Mais ces ressources n’en sont pas moins prometteuses… Anatoli Zolotoukhine, vice-recteur de l’Université d'Etat du Pétrole et du Gaz « Goubkine » de Moscou et vice-président du comité exécutif du Conseil international du pétrole, a répondu aux questions de la Voix de la Russie concernant les réserves des ressources minérales.
« En parlant des richesses de l’ancienne « zone grise », de l’ancienne partie litigieuse de la mer de Barents, il faut avant tout évoquer les ressources d’hydrocarbures. Selon les estimations russes, sauf erreur de ma part, ces réserves s’élèvent à près de 6,8 milliards de tonnes équivalent pétrole ».
Quel pourcentage des réserves actuelles cela représente-t-il ?
« Prenons, à titre d’exemple, le gisement de Chtokman. Ses réserves sont estimées à 3,8 milliards de tonnes équivalent pétrole. Ainsi, les réserves dont nous parlons sont pratiquement deux fois plus importantes. Qu’est-ce qui les rend si attractives ? Premièrement, c’est leur proximité de la côte. Au lieu de se trouver à 550 kilomètre de la côte, ce qui pose de grands problèmes techniques et technologiques liés au transport des hydrocarbures vers la côte, les gisements en question sont beaucoup plus près du littoral. Deuxièmement, la partie de la côte où ces hydrocarbures seront livrés, est une zone dotée d’infrastructure. Cela réduit les investissements nécessaires à la mise en œuvre du projet, par rapport notamment au projet Chtokman.
Je n’entends pas par là que le projet Chtokman doit être abandonné. Il sera forcément mis en œuvre. Il est bien connu que l’Europe a besoin de gaz. Et ses besoins en gaz ne feront que croître. Ils augmenteront dès 2015, et d’ici 2030 l’Europe sera largement dépendante des fournitures de gaz. Certes, le gaz russe, ou russo-norvégien, est le plus proche de l’Europe. Notre objectif est de le rendre attrayant sur le plan commercial, tout aussi intéressant que le gaz qatari, dont l’extraction n’est pas empêchée par des icebergs et des banquises. Notre premier objectif est donc d’exploiter ces immenses gisements d’hydrocarbures.
Une autre ressource de la région, tout aussi importante, est son son potentiel poissonneux. La région se prévaut du plus important troupeau de morues de la planète. Cela concerne la partie nord de la mer de Barents et une partie de la « zone grise. » C’est le deuxième élément.
Troisièmement, l’accord entre la Russie et la Norvège règle la question liée aux échanges culturels. C’est également une ressource non négligeable. La Russie et la Norvège sont deux pays voisins, et elles ne devraient pas chercher à se séparer l’une de l’autre. Les Lapons de la région de Kirkenes, ville norvégienne située près de la frontière russe, parlent un patois local et comprennent très bien leurs voisins russes. Les habitants de la région n’ont pas de problèmes liés à l’obtention de visas. Ils ont le droit de passer la frontière, car tout le monde les connaît. C’est une seule communauté, avec des intérêts communs. Et nous espérons sincèrement qu’il en ira de même un jour pour la Russie et la Norvège.
Les échanges impliquant l’héritage culturel, les traditions, les chansons et le folklore sont une composante cruciale. Cela est directement évoqué par l’accord de coopération signé par le président russe et le premier ministre norvégien ».
La partie continentale de l’Arctique peut se prévaloir de gisements exceptionnels et de réserves prévisionnelles de minerai de cuivre-nickel, d’étain, de platinoïdes, de ressources agrochimiques, de terres rares, ainsi que de grands gisements d’or, de diamants, de tungstène, de mercure, de métaux ferreux, de matières premières piézo-optiques et de pierres destinées aux lapidaires. Les principales ressources d’hydrocarbures de l’Arctique sont concentrées dans la partie nord de la province de Kola. On y trouve les platinoïdes, le minerai de cuivre-nickel, le titane, le tantale, le niobium, les terres rares, le fer, le phosphore, le minerai polymétallique, la fluorine, le chrome, le manganèse, l’or et les diamants. Le nord de la province de Taïmyr-Norilsk est riche en minerai de cuivre-nickel et en platinoïdes. Dans les provinces de Maïmetcha-Kotouïsk et d’Oudjinsk on a découvert des gisements de phosphore, de fer, de niobium, de platinoïdes et de diamants. La province de Taïmyr- Severnaïa Zemlia dispose de gisements d’or, de mica, de molybdène, de tungstène, de chrome, de vanadium et de minerai polymétallique. Les provinces d’Anabar et de Iakoutie sont riches en diamants, en fer et en terres rares. Dans les provinces de Verkhoïansk et Iana-Tchoukotka, on a découvert l’étain, l’or, le mercure, le tungstène, le cuivre, le molybdène, l’argent, les platinoïdes et le minerai polymétallique.
Dans la zone arctique s’effectue l’extraction de 91% du gaz naturel russe et de 80% des gaz industriels de toutes les réserves russes prospectées. Hormis les hydrocarbures, la région arctique, à savoir les presqu'îles de Kola, de Taïmyr et de Tchoukotka, ainsi que la Iakoutie et Norilsk, renferment des gisements de concentré d'apatite (plus de 90% des réserves russes), de nickel (85%), de cuivre (près de 60%), de tungstène (plus de 50%), de terres rares (plus de 95%), de platinoïdes (plus de 98%), d’étain (plus de 75% des réserves prospectées), de mercure (les principales réserves prospectées se trouvent dans la province de Iana-Tchoukotka et dans la péninsule de Taïmyr), d’or et d’argent (près de 90%), ainsi que de diamants (plus de 99% se trouvent en Iakoutie, dans la région d’Arkhangelsk et dans la Taïmyrie). Le sous-sol arctique renferme des minerais dont la Russie éprouve une pénurie : les principaux gisements de manganèse se trouvent dans la Nouvelle Zemble, ceux de chrome sont dans le district autonome de Iamalo-Nénétsie et dans la région de Mourmansk, le titane a été découvert dans la presqu'île de Kola. Sur le plateau continental et dans les archipels arctiques, on a découvert des réserves et des gisements prévisionnels de terrains stanifères, ainsi que d’or, de diamants, de manganèse, de minerai polymétallique, d’argent, de fluorine, de pierres destinées aux lapidaires et de différentes prierres fines. Il y a des raisons de s’attendre à la découverte de gisements d’or endogène, de terres rares, de cuivre, de phosphorites, de fer et d’autres ressources minérales. Parmi tous les minerais, l’Arctique est particulièrement riche en métaux non-ferreux, fait remarquer Anatoli Zolotoukhine, vice-recteur de l’Université d'Etat du Pétrole et du Gaz « Goubkine » de Moscou et vice-président du comité exécutif du Conseil international du pétrole.
« L’Arctique ne laisse personne indifférent. Ce paradis de nature encore vierge attire tout le monde. L’Arctique dispose par ailleurs d’immenses ressources d’hydrocarbures et de minerai polymétallique, ainsi que de minerais rares et de terres rares. La liste est assez longue.
L’Arctique est également une zone unique en son genre pour le contrôle des changements climatiques, de températures et de flux d'air. Cet endroit extraordinaire est aussi intéressant du point de vue de la science fondamentale.
Les dernières décisions prises au sujet de l’Arctique sont liées à deux événements de cette année organisés par la Russie sur le thème de l’Arctique. L’un des événements est une conférence internationale des représentants des Etats riverains de l'Arctique organisée lors du voyage à bord du brise-glace atomique Iamal sous l’égide du Conseil de sécurité de Russie. L’autre événement est le IIe Forum international « Arctique, territoire de dialogue. »
Le forum confirme justement l’idée importante selon laquelle la résolution militaire de litiges territoriaux n’est pas une méthode constructive, aucun Etat n’en profite, tout le monde perd. La seule solution est de signer des accords, de mener des pourparlers et de recourir à la diplomatie pacifique. « Le dialogue pacifique », tels sont les mots clés qui retentiront lors du prochain forum arctique ».
Selon les experts, l’Arctique renferme 90 milliards de barils de pétrole et 47.000 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Le plateau arctique pourrait contenir près d’un quart de tous les hydrocarbures des plateaux continentaux du monde et 10 milliards de tonnes équivalent pétrole, ainsi que des gisements d’or, de nickel et de diamants. Les réserves non prospectées d’hydrocarbures dans les eaux territoriales potentielles de Russie sont estimées par les chercheurs à 9-10 milliards de tonnes de combustible conventionnel. Cela explique la volonté des États riverains de l'Arctique d’étendre la superficie de leurs plateaux continentaux. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a rendu publique la position de la Russie sur cette question : « Nous estimons que seuls les États riverains de l'Arctique ont le droit de discuter la question de partage de l’Arctique. Tous les autres pays sont les bienvenus pour la navigation et les recherches. » L’Arctique assure déjà près de 11% du revenu national de Russie et 22% des exportations russes. La Russie extrait dans cette région près de 90% de tout son nickel et cobalt, 60% de cuivre, 96% de platinoïdes, 100% de baryte et de concentré d'apatite. L’industrie locale de la pêche assure 15% de la production poissonnière de Russie.