«Boko Haram» - un cauchemar nigérian

«Boko Haram» - un cauchemar nigérian
«Boko Haram» - un cauchemar nigérian - Sputnik Afrique
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Vous êtes à l’écoute de notre rubrique hebdomadaire «Gros plan sur l’Afrique». Son auteur Alexei Grigoriev propose à votre attention son sujet «Boko Haram – un cauchemar nigérian» et un bref aperçu des événements «L’Afrique : les échos de la semaine».

Le président Nicolas Sarkozy a reçu le 25 novembre à l’Elysée son homologue nigérian Goodluck Ebele Jonathan arrivé en visite de travail en France. Selon le service de presse de l’Elysée, les présidents se sont entretenus sur les relations bilatérales. Le Nigeria est devenu le plus grand partenaire économique subsaharien de la France. Paris entend, semble-t-il, renforcer sa présence dans l’économie nigériane. Le président Sarkozy a réaffirmé la disposition de la France à aider le Nigeria dans la lutte contre le terrorisme islamique. Le chef de la diplomatie française Alain Juppé ayant visité Abuja à la veille de la visite du président Goodluck Jonathan à Paris a exprimé sans ambages sa position en la matière. En plus d’Abuja, il s’est rendu à Kano, la principale ville du Nord du Nigeria, région majoritairement musulmane. Il a qualifié cette visite de symbolique pour «bien montrer la solidarité de la France» dans la lutte des autorités nigérianes contre le terrorisme. Une telle démonstration est parfaitement logique, les affrontements cruels entre la minorité chrétienne et la majorité islamique s’étant produits quelques jours avant à Damaturu. Plus de 150 personnes, essentiellement les chrétiens, ont péri. La secte islamique Boko Haram déployant ses activités dans le Nord du Nigeria s’en est rendue responsable. Alain Juppé a déclaré à son homologue nigérian Olugbenga Ashiru: «Nous combattrons ce phénomène » ayant ajouté : «La France est directement concernée et impliquée dans la question du terrorisme. Nous sommes prêts à partager toute information. Nous sommes prêts à coordonner nos services de renseignements et aussi à donner notre aide en matière de formation».

La secte Boko Haram (traduit d’haussa, son nom signifie : «l’éducation occidentale est un péché») est un cauchemar pour les Etats du Nord du Nigeria préoccupant les autorités centrales à Abuja. La secte se propose d’introduire la charia dans le pays dont près de la moitié des habitants professent le christianisme. Le pantalon et les chemises, la participation aux élections, l’enseignement laïque – c’est le sacrilège inadmissible pour les fidèles. Certes, la secte ne parvient pas à modifier la structure confessionnelle du plus grand pays africain de 160 millions d’habitants mais elle se montre tout particulièrement agressive dans les Etats du Nord où prédominent les adeptes de l’islam. La secte a déployé initialement ses activités dans les Etats de Yobe et de Borno, considérés comme les plus pauvres au Nigeria. Dans le même temps, les militants de la secte prétendent être «Talibans nigérians» en exprimant par là même la solidarité aux Talibans afghans combattant contre les Etats-Unis après les attentats du 11 septembre 2001. Les commandos de la secte n’osaient d’abord attaquer que les commissariats de police pour s’emparer d’armes. La police les a vite réprimés. La secte a agi en clandestinité pour en sortir en 2006 sous le nom de Boko Haram. Elle a été dirigée par Mohammed Yusuf, ayant reçu sa formation dans les écoles coraniques au Tchad et au Niger. En juillet 2009 les commandos de la secte ont soulevé une authentique insurrection ayant embrassé quatre Etats nigérians. Ils attaquent les institutions gouvernementales, mettent en flamme les églises, pillent les boutiques et les magasins appartenant aux chrétiens locaux, mutilent ou assassinent les chrétiens. L’armée nigériane parvient à réprimer l’insurrection des islamistes. Leur leader Mohammed Yusuf est tué. La secte agit à nouveau en clandestinité et apparaît en 2011 comme un groupe bien organisé. C’est en ce moment que commence un authentique cauchemar pour les autorités nigérianes. Selon les experts, Boko Haram en sa nouvelle qualité est directement lié au groupe terroriste le plus cruel en Afrique « Al-Qaïda au Maghreb islamique ». Les commandos engagent depuis avril toute une série d’explosions des églises orthodoxes, des gares, des hôtels, des magasins de vin et d’établissements officiels. La victoire du chrétien Goodluck Jonathan aux présidentielles en mai dernier est à l’origine des attentats, notamment à Kankara dans l'État de Katsina où les islamistes ont mis en liberté leurs compagnons d’idée et brûlé une banque. Les autorités ont essayé d’engager en juillet un dialogue avec la secte. Leur tentative a échoué et les commandos ont commis le 26 août un attentat le plus insolent: un membre de la secte s’est fait exploser devant la représentation de l’ONU à Abuja, capitale fédérale du pays. L’attentat a fait 18 victimes. Les commandos ont tué en novembre dans les rues de Damaturu quiconque refusait d’adopter l’islam. Les leaders de la secte ont fait part d’intention de rejoindre Al-Qaïda au Maghreb islamique pour séparer les Etats Nord du Nigeria et y créer un « Etat d’islam pur » d’où serait banni tout chrétien ne reconnaissant pas la charia. «Islam ne reconnaît pas les frontières internationales, nous allons mener des actions partout dans le monde si nous avons de la chance», a déclaré, en substance, le porte-parole des Boko Haram, Musa Tanko, dans un entretien inédit avec la presse repris par l'AFP.

Les autorités de plusieurs pays ont réagi aux attaques de Boko Haram visant à rendre le Nigeria ingouvernable. Le ministère russe des AE a résolument condamné les actes des islamistes belliqueux. «Moscou exprime sa solidarité avec le peuple et l’administration du Nigeria ami. Nous sommes convaincus que le terrorisme sous toutes ses formes ne saurait être justifié : quels que soient les motifs de ses initiateurs et exécutants», est-il indiqué dans le communiqué rendu public le 7 novembre sur le site du ministère.

Cependant, les services secrets nigérians (State Security Service ou SSS) ont révélé que le groupe Boko Haram (littéralement qui sévit au Nigeria recevrait des financements de certains politiciens de l’Etat de Borno. Un certain nombre de dirigeants musulmans n’acceptent pas que le Nigeria et ses 160 millions d’habitants soient dirigés par un chrétien, Goodluck Jonathan. Des dirigeants politiques du Nord du Nigeria estiment qu’après les deux mandats consécutifs du chrétien baptiste Olusegun Obasanjo (de 1997 à 2007), la Fédération devait être dirigée par un nordiste musulman.

Quoi qu’il en soit, on voit apparaître au Nigeria un foyer dangereux de terrorisme islamique menaçant l’intégrité territoriale du plus grand pays d’Afrique de l’Ouest. « Al-Qaïda au Maghreb islamique » déploie toujours ses activités dans le Sahara et au Sahel. A y ajouter la milice islamique Shabad en Somalie, dans la Corne de l’Afrique. Il est temps pour l’Afrique et la communauté mondiale de réfléchir aux conséquences du regain d’activité de l’extrémisme islamique sur le continent et de réunir les efforts en vue de le neutraliser.
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