Crise de la dette: après les USA la Russie est la prochaine sur la liste

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Dans la nuit de mercredi à jeudi, l’agence de notation Fitch a provoqué la panique sur le marché boursier en menaçant d’abaisser la note des principales banques américaines si la situation dans la zone euro s’aggravait.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, l’agence de notation Fitch a provoqué la panique sur le marché boursier en menaçant d’abaisser la note des principales banques américaines si la situation dans la zone euro s’aggravait. La cause réside dans la présence dans les actifs de ces banques d'obligations des pays européens en difficulté. Mais les grandes banques mondiales ne sont pas les seules à posséder des obligations européennes. Les réserves de change de nombreux pays sont en partie libellées en obligations des pays de l’UE. Les experts rappellent que près de 45% des réserves de change russes sont placés en valeurs européennes.

Le secret de Polichinelle américain
Le 16 novembre, l’agence Fitch a déclaré dans un communiqué qu’elle pourrait abaisser la note des principales banques américaines si les problèmes de la dette de la zone euro n’étaient pas entièrement réglés.

Le communiqué de Fitch a provoqué la panique sur le marché boursier. Le 16 novembre, les échanges boursiers aux Etats-Unis se sont terminés par la diminution des principaux indices: le Dow Jones a perdu 1,57%, le S&P 500 a diminué de 1,66% et le NASDAQ a chuté de 1,73%.

Les experts font remarquer que ces derniers mois les spéculateurs boursiers réagissent mal aux nouvelles politiques ou économiques. Et les économistes qualifient le communiqué sur le grand nombre d’obligations des pays de la zone euro en difficulté dans les banques américaines de secret de Polichinelle.

"Evidemment, les grandes banques, y compris américaines, constituent leur portefeuille avec des titres relativement sûrs et liquides. Ce sont des obligations des Etats-Unis et d’autres pays ayant une notation élevée", déclare Iouri Danilov, directeur du Centre pour le développement des marchés des capitaux. Avant le début de la crise de la dette dans la zone euro, les obligations des puissances économiques de l’UE, telles que l’Italie, étaient considérées comme fiables et liquides.

Selon les experts, l’annonce récente de l’agence Fitch, concernant un éventuel abaissement de la note des banques détenant des obligations européennes, est logique et opportune. La crise de la dette dans la zone euro est loin d’être réglée, la Grèce est toujours au bord du défaut de paiement et le marché, selon Iouri Danilov, est bouleversé par les rumeurs de faillite d'économies plus fortes que la Grèce. Il est question de l’Italie et de l’Espagne qui sont actuellement dans une zone à risque.

"La crise de la dette dans la zone euro approche de son apogée, affirme Kirill Tremassov, directeur du département d’analyse de la Banque de Moscou. Il est temps soit de prendre des mesures décisives, ce à quoi la Banque centrale européenne (BCE) n’est pas disposée, soit la situation pourrait à tout moment commencer à devenir incontrôlable."

La BCE n’a pas beaucoup de choix, selon Kirill Tremassov: soit admettre le défaut de paiement de la Grèce, puis du Portugal et l’aggravation des problèmes en Italie, soit commencer un rachat massif des dettes en faisant tourner la planche à billets. Pour l’instant, personne ne s’engage à évaluer les conséquences de cette mesure.

Les agences de notation connaissent ces problèmes, et un jour ou l’autre elles devaient réagir. La principale conclusion à tirer du communiqué de Fitch, selon Kirill Tremassov, est que si la crise éclatait, il serait inutile de chercher un "havre de paix" dans le secteur banquier.

La Russie en mauvaise posture
Les experts s'accordent à dire qu’au final les problèmes de dette de la zone euro affecteront le monde entier.

"Mondialisation fait que tous les pays possèdent des obligations des membres de la zone euro: les banques, les compagnies d’investissement et des Etats, car les réserves de change de nombreux pays sont [en partie] libellés en ces obligations achetées alors que les notes étaient élevées", explique Elena Matrossova, directrice du Centre d’études macroéconomiques de BDO en Russie. L’expert rappelle notamment que près de 45% des réserves de change russes sont placés en valeurs européennes.

Les économistes ne se risquent pas à évaluer le danger menaçant la situation en Russie. Le fait est que l’Etat ne dévoile pas les informations au sujet de la structure de ses réserves de change.

"Malheureusement, on ignore à quel point la Russie s’est retrouvée en mauvaise posture. On pourrait supposer que toutes ses réserves sont investies en Allemagne, mais on pourrait également penser que 80% sont investis en Italie, déclare Iouri Danilov. Je pense qu’il faut soulever la question de la transparence de la gestion des actifs russes placés à l’étranger."

Toutefois, certains experts estiment que les réserves de change russes sont la dernière chose dont il faut se soucier.

"Je ne m’inquiéterais pas pour les réserves de change, déclare Evgueni Nadorchine, économiste en chef de la société Sistema. Cet argent n’est pas utilisé dans l’économie russe." D’autant plus que la crise de la dette de la zone euro donne à l’économie russe beaucoup d’autres raisons de s’inquiéter, estime l’expert.

"Il faut être préoccupé par la demande de ressources énergétiques, la stabilité des importations, les investissements des Européens dans l’économie russe et les crédits accordés aux sociétés russes par les banques européennes", explique Evgueni Nadorchine.

Il souligne que la majeure partie des crédits accordés aux sociétés russes ont été délivrés soit par des banques européennes, soit par des succursales européennes d’autres banques étrangères. Si la situation dans la zone euro s’aggravait, les banques européennes ne reconduiraient pas les crédits actuels, mais au contraire elles seraient enclines à les reprendre.

Toutefois, Elena Matrossova estime qu’il ne faut pas sous-estimer l’importance des réserves de change dans l’économie, ne fût-ce que parce que la solvabilité de l’Etat est évaluée en fonction de ses réserves. Le rapport entre les réserves de change et les obligations en titres à court terme et le volume des importations des trois derniers mois est l’une des trois normes internationales pour fixer la note de solvabilité du pays.



L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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