Le nouveau rôle de la Commission eurasienne

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La Commission économique, qui aura pour charge de contrôler l'activité de l'Espace économique uni entre la Russie, le Bélarus et le Kazakhstan, sera dirigée par le ministre de l'Industrie Viktor Khristenko.

Les présidents de Russie, du Kazakhstan et de Biélorussie ont signé vendredi le dossier de création de l’Espace économique uni (EEU) qui devra se transformer en Union économique eurasienne. Elle sera placée sous l’autorité de la Commission économique eurasienne (CEE), dirigée par le ministre russe de l’Industrie Victor Khristenko. La candidature du ministre russe a été approuvée par Dmitri Medvedev, Alexandre Loukachenko et Noursoultan Nazarbaev.

Les présidents de Russie, de Biélorussie et du Kazakhstan ont ainsi donné le coup d’envoi à la formation d’une nouvelle alliance économique, en l’occurrence Eurasienne sur la base de l’Union douanière qui avait mis du temps à faire ses preuves. L’intégration politique était assurée par la participation de Moscou, d’Astana et de Minsk. Si avant les Etats alliés étaient obligés de créer les commissions multilatérales, leurs gouvernements délégueront désormais leurs pouvoirs à la CEE et, selon Dmitri Medvedev, ce sera «un organe supranational et neutre par rapport aux pays faisant partie de l’alliance». Ses pouvoirs s’étendent à plus de 17 secteurs d’activité, affirme le futur président de la Commission et l’actuel ministre de l’industrie Victor Khristenko dans une interview à la Voix de la Russie et à la chaîne Russia Today.

«Il y a d’abord un grand volet qui se rapporte à la politique douanière et tarifaire. Tous ces problèmes seront désormais régulés par la CEE au niveau supranational», a-t-il dit. «Cela concerne également toutes les requêtes extérieures au sujet de la concurrence déloyale qui seront examinées au niveau supranational. A partir du 1er janvier 2012, l’économie de nos trois pays sera régulée par 17 accords qui formeront l’espace économique uni. La politique douanière et tarifaire et la frontière commune généreront ensuite des orientations nouvelles, notamment en ce qui concerne la concurrence, les monopoles naturels, la coordination de la politique monétaire et les crédits. L’objectif consiste à arriver en trois ans, d'ici à 2015, à un niveau d’intégration et de coordination qui nous permettrait de prendre en toute connaissance de cause les décisions sur le devenir de l’Union économique eurasienne».

Pas d'empressement sur la monnaie commune

Pour mettre en place l'Union économique eurasienne, il faut formuler prochainement une politique et une stratégie économiques communes, unifier l’environnement législatif, les réglementations techniques et résoudre des dizaines d’autres problèmes, précise Viktor Khristenko. En revanche, il faut éviter tout empressement dans la création de l’union monétaire, bien que, selon le ministre de l'Industrie, c’est le rouble qui devrait vraisemblablement devenir la monnaie régionale et de réserve de l’espace économique commun.

«Il est important de créer dans trois prochaines années les conditions qui favoriseraient le processus d’intégration sous forme de libre circulation des marchandises, services, capitaux et main-d’œuvre grâce à une politique financière, monétaire et budgétaire coordonnée et transparente», a indiqué Khristenko. «Si nous réalisons cet objectif vers 2015, l’union monétaire cessera d’être une figure abstraite pour devenir une direction à suivre parfaitement balisée et institutionnalisée. Le gouvernement russe avait déjà procédé à la formation d’un centre financier en se basant sur la stabilité du rouble et la possibilité de son utilisation comme monnaie de réserve. En ce sens, les processus qui se déroulent en Russie se répercuteront sur la dynamique de l’intégration».

Aucune tentative de reconstruire l'Union Soviétique

Les doutes et les craintes exprimés en Occident au sujet de la création de l’EEU font sourire Victor Khristenko qui rejette les tentatives de reprocher à Moscou de vouloir recréer l’Union Soviétique.

«On ne peut pas entrer deux fois dans la même rivière. Personne ne songe à réanimer ce qui ne peut pas l’être par définition. Nous vivons dans un monde complètement différent, les économies de nos trois pays sont ouvertes et nous n’avons aucune intention de nous murer dans le protectionnisme. D’autre part, nous sommes tous intéressés à nous positionner en partenaires sûrs et crédibles. La confiance se gagne par des actes concrets».

Victor Khristenko a précisé que la Kirghizie et le Tadjikistan sont sur la liste d’attente pour intégrer l’Espace économique eurasien et en perspective, l’Union eurasienne. Certains journalistes pensent que cette alliance en gestation sera similaire à l’UE et se sont empressés de baptiser Victor Khristenko «Jose Manuel Baroso russe», car une fois validé au poste de président de la commission, il aura à défendre la position unique de Russie, du Kazakhstan et de Biélorussie.

Les pouvoirs supranationaux délégués à la Commission lui permettront d’agir au nom de Moscou, de Minsk et d’Astana et défendre leurs intérêts face à tous les partenaires extérieurs, que ce soit l’Union Européenne ou les pays isolés. Ce sera le ressort de la Commission économique eurasienne.

Victor Khristenko est sûr que les parlements russe et biélorusse pourront ratifier le Traité de création de la Commission économique eurasienne avant la fin de cette année. Les élections législatives seront organisées au Kazakhstan en décembre et en janvier, ce qui remet au plus tard la procédure de ratification de la nouvelle alliance. D’ailleurs, selon Victor Khristenko, la commission commencera son travail dans l’immédiat indépendamment des délais de ratification. Khristenko a l’intention d’abandonner son travail au sein du gouvernement russe si sa candidature au poste de président de la Commission sera validée par la direction des trois pays.

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