Le tricentenaire de Lomonossov est plus qu'une fête de la science, de l’éducation et de l’histoire russe. C’est aussi une fête de la culture universelle. Rien d'étonnant que l'année 2011 a été proclamée année de Lomonossov par l’UNESCO. «L'UNESCO commémore tous les ans les personnalités de rayonnement européen et mondial, et dont la contribution au patrimoine de l’humanité sort du cadre strictement national», souligne l’académicien Alexandre Tchoubarian. «Cette décision, qui est à la fois une reconnaissance de la Russie et du rayonnement international de Lomonossov, montre que cet homme exceptionnel appartient à toute l’humanité. Véritable homme des lumières, il était encyclopédiste qui excellait à la fois en chimie, géologie, histoire et les lettres. C’était un homme unique à plus d’un titre. Ses travaux sont à l’origine de nombreuses disciplines scientifiques et de l’Université de Moscou et font de lui une grande figure tant au 18e siècle qu'aujourd'hui».
Un parcours hors du commun
C'était un homme avec une destinée exceptionnelle. Autodidacte, ce fils de paysan, originaire d’un lointain village du Nord de la Russie, il se rend à Moscou avec des marchands de poisson. Il réussit à entrer à l’Académie slavo-greco-latine, puis poursuit ses études à Saint-Pétersbourg et en Allemagne. Il vit pendant cinq ans à Marburg et Freiburg en étudiant la chimie et la minéralogie. D'ailleurs, un monument à Lomonossov a récemment été érigé à Marburg. Il y a eu cette année une affluence jamais vue des lecteurs à la bibliothèque municipale de cette ville, où sont conservés de nombreux ouvrages, plans et dessins du génie russe.
En Allemagne Lomonossov a épousé Elisabeth Christine Zilch. C’était un mariage heureux qui a duré toute sa vie.
Rentré en Russie, il publie de nombreux ouvrages scientifiques et fait des découvertes de grande importance en chimie et physique. Il crée le premier laboratoire de chimie en Russie, se livre aux observations astronomiques uniques, s’occupe de fabrication du verre et de porcelaine, travaille sur le projet d’ouverture de la Voie maritime du Nord passant par l’Arctique. Il trouve par ailleurs le temps d'écrire des odes et des poèmes, et créer la théorie de la versification. Il est le premier scientifique russe à être élu membre de plusieurs académies étrangères.
Pour Lomonossov l’histoire de la Russie était placée dans le contexte européen général. «Il était le premier historien préconisant l’évolution historique de la civilisation», note l'historien, membre correspondant de l’Académie des sciences Andréï Sakharov. «La Russie était pour lui partie intégrante de l’évolution du monde. Il a réussi à monter que les origines de l’histoire russe et la formation de l’Etat russe ancien à Novgorod et Kiev sont un élément intégrant de la création du monde slave».
Mikhaïl Lomonossov a découvert la loi de la conservation de la matière 50 ans avant Lavoisier et parlait couramment 12 langues. Mais très peu de personnes savent que ce «Léonardo russe» avait conçu un appareil volant à décollage vertical, le prototype d’hélicoptère moderne. D’ailleurs, son esprit inventif n’avait pas de limites.
Le soir du 19 novembre un feu d’artifice grandiose est prévu à Moscou devant l’Université de Moscou, qui porte le nom de Lomonossov. Ce spectacle sera précédé par le jaillissement de la Flamme symbolique du Savoir, qui sera allumée par la torche ramenée par les étudiants du village de Kholmogory de la région d’Arkhangelsk où Lomonossov était né il y exactement trois siècles.