Un "espace Schengen" dans le Pacifique consacré au business

S'abonner
Le forum annuel de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC) qui s’est terminé le weekend dernier à Honolulu a une nouvelle fois confirmé que l’organisation élabore un système économique commun dans le Pacifique.

Le forum annuel de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC) qui s’est terminé le weekend dernier à Honolulu a une nouvelle fois confirmé que l’organisation élabore un système économique commun dans le Pacifique. Après plusieurs années d’atermoiement, les Etats-Unis ont finalement adhéré au programme "La Carte de voyage d'affaires de l'APEC." A première vue une chose futile, mais il serait probablement impossible de réaliser des économies au niveau régional (diminution des frais commerciaux) de 58,7 milliards de dollars sans les futilités de ce genre.

La Russie n'a plus qu'à faire la même chose. D’ailleurs, quel choix lui reste-t-il étant donné qu'elle vient de devenir le prochain pays président de l’APEC?

L’APEC c’est avant tout le business. Parmi de nombreuses réunions dans le cadre du forum, la conférence des directeurs généraux des plus grandes entreprises, le sommet des CEO, est l’événement clé. Le président américain Barack Obama a tenu un discours devant eux en annonçant qu’il venait de signer une loi sur la "carte gold" de l’APEC. Cette annonce a été accueillie avec des applaudissements.

L’histoire a commencé au début du siècle, lorsque la lutte contre le terrorisme a transformé l’entrée sur le territoire des Etats-Unis en un véritable cauchemar. L’administration de George Bush ne voulait pas entendre parler de l’idée "inopportune" des cartes. Bien que ces cartes ne permettent pas l’entrée sans visas aux Etats-Unis aux habitants de 20 pays de l’APEC du Pacifique, mais simplifient seulement la procédure d’entrée.

Aujourd’hui, après la signature de la loi par Obama, les hommes d’affaires des pays de l’APEC pourront passer par une procédure accélérée et simplifiée d’entretien pour obtenir un visa américain et profiter des couloirs et des guichets spéciaux dans les aéroports, comme les diplomates. Mais rien de plus. 

Mais il est à noter que désormais, grâce à Obama (et au Congrès américain), les hommes d’affaires américains bénéficieront des mêmes avantages dans le Pacifique, du Japon jusqu’au Pérou. C’est la raison pour laquelle ils applaudissaient Obama plus que tous les autres.

La carte ne s’obtient pas automatiquement. Chaque pays du Pacifique a des organismes d’affaires qui participent au travail de l’APEC, et ce sont ces organismes qui délivrent ce privilège. Et pas à tout le monde, mais seulement aux leaders importants du milieu d’affaires entre Vancouver et Vladivostok. Pour l’instant cela concerne moins de 100.000 personnes dans la région du Pacifique.

Il semble naturel de se poser la question suivante: si on assiste à une intégration économique dans le Pacifique, est-ce que cela sera une sorte d'espace Schengen, c’est-à-dire un espace sans frontières pour les habitants des pays membres de l’APEC? Y aura-t-il un espace commun de libre circulation, commun pour la Russie, le Brunei, le Canada, le Chili, pour tout le monde?

La réponse la plus évidente est: jamais. Les Etats-Unis qui se considèrent comme une forteresse où veulent entrer des foules de démunis, pour qui la Statue de la Liberté éclaire probablement le chemin avec sa torche, mais seulement pour un quota limité.

Mais les pays moyens en termes de développement connaissent également des problèmes d’immigration. Par exemple, les travailleurs de l’Indonésie, pays relativement pauvre, créent des problèmes pour la Malaisie qui est riche. La situation est partout la même.

Mais ensuite on remarque les nuances. En tout cas, les pays d’Asie du Sud-est luttent contre l’embauche les travailleurs clandestins sur leur territoire et ne croient pas en l’efficacité des visas. Les 10 pays de cette région (qui font partie de l’Association des nations de l’Asie du Sud-est (ANASE) et dont la majorité est membre de l’APEC) ont depuis longtemps créé leur propre espace Schengen et ne s’en plaignent pas.

Cependant, en prenant tous les membres de l’APEC, or cela concerne 21 pays très différents, il n’y a rien de commun pour tout le monde. La simplification de la procédure d’entrée seulement pour ceux qui œuvrent au rapprochement, grâce à leur activité, des pays de cette communauté hétérogène, était une solution évidente et pratique.

Nous avons déjà mentionné l’un des programmes de l’APEC visant à réduire les frais commerciaux. Ce programme a montré qu’ils sont principalement réduits en économisant du temps. Y compris du temps pour l’obtention des visas.

Les titulaires des "cartes gold" (qui font partie de ce programme) font des économies de 43,3% de temps sur les procédures d’obtention de visas et 54,4% de temps sur les procédures d'embarquement à l’aéroport, selon les sondages. Et la contribution des cartes "gold" à la réduction des frais de 58,7 milliards de dollars dans la région entre 2007 et 2010 est considérée comme significative.

En tout, 18 des 21 pays de l’APEC ont participé au système de la carte de voyage d’affaires. Autrement dit, la procédure d’embarquement a été accélérée partout, mais pas la délivrance des visas.
Au moment où les Etats-Unis ont pris conscience que ce système est avantageux, il reste encore deux pays prudents, dont la Russie. Mais il ne faut certainement pas s’attendre à ce que l’organisateur du prochain forum de l’APEC à Vladivostok en 2012 soit capable pendant sa présidence de verrouiller sa frontière aux investisseurs et autres acteurs du monde des affaires. Selon la commission chargée de l’organisation du forum, la Russie adhérera également au système de carte l’année prochaine.


L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала