Lorsqu'il est entré sans se dépêcher dans la salle d’audience, vêtu de sa combinaison blanche de prisonnier, Abd-Al-Rahim Al-Nachiri, 46 ans, a attiré sur lui tous les regards.
L’avocat Richard Kammen a expliqué aux journalistes que son client attendait ce jour avec impatience. Au fond de la salle étaient assis des représentants de la presse, les défenseurs des droits de l’homme et les membres des familles des marins tués.
Kammen a répondu de manière affirmative à la question si Al-Nachiri savait que les parents des victimes seraient présents dans la salle d’audience. Il a ajouté que tout ce que Al-Nachiri disait hors de la salle était, probablement, chiffré. Et que par conséquent il ne peut pas transmettre ce qu’en disait Al-Nachiri. Ainsi il n’a pas pu répondre à la question si Al-Nachiri éprouvait ou non des remords à propos de la mort des marins du contre-torpilleur Cole.
«Je comprends pourquoi vous posez la question, mais vous nous placez dans une situation fort embarrassante, parce que nous ne sommes pas autorisés à transmettre ce qu’il a dit. Ses réponses sont adéquates à la situation, et à notre avis ce n’est pas un homme insensible, un sans-cœur. Voici comment je peux répondre le mieux à cette question», a précisé l'avocat de Al-Nachiri.
John Clodfalter de Mecanicsville (Etat de Virginie) était parmi les membres de familles venus à Cuba afin de suivre ce procès. Son fils de 21 ans Kennet a péri dans l’explosion du navire Cole. « «Il m’a semblé effronté», a dit Clodfalter. Il croit qu’Al-Nachiri mérite la peine de mort.
Le Saoudien est accusé de terrorisme, de l’organisation de l’attentat et d’assassinat, ainsi d’autres crimes, liés à l’attentat au Yémen, qui a coûté la vie à 17 marins, provoquant de dizaines de blessés.
A la différence des tribunaux civils, dans un tribunal militaire l’accusation et la défense ont des droits égaux de poser des questions au juge, s’ils mettent en doute son impartialité. L’accusation n’a pas posé de questions au juge, le colonel d’armée James Paul. La défense a toutefois trouvé des questions à poser.
Suivant le droit militaire Al-Nachiri doit comparaître devant les jurés 120 jours après le moment de son jugement, mais son avocat a exigé la prolongation de ce délai à 12 mois. Le juge a satisfait cette demande, mais l’avocat Kammen a dit qu’il doutait que le dossier soit prêt même à cette date.
Prochainement à Guantanamo sera jugé Halid Sheikh Mouhammed, qui a revendiqué l’organisation des attaques terroristes du 11 septembre 2001. Il sera jugé avec quatre autres auteurs présumés de crimes passibles de la peine capitale. L’administration de Barack Obama a retiré ces accusations, comptant sur la justice fédérale, mais le procès a échoué. Cette année les accusations ont été à nouveau présentées sous serment par des procureurs militaires.