Les experts américains réfléchissent à de nouveaux modèles de relations entre Washington et Moscou. Le Centre des Intérêts Nationaux, plus connu comme Centre Nixon a récemment publié un rapport intitulé «La Russie et les intérêts nationaux des Etats-Unis. Pourquoi les Américains doivent-ils réfléchir à cela?»
Les auteurs du rapport constatent qu'en dépit de la fin de la guerre froide, la Russie et les Etats-Unis ne se sont toujours pas engagés dans une voie de coopération durable et ne sont pas parvenus à une parité stratégique. Ils établissent cependant un lien direct entre la promotion des intérêts américains dans la sphère de la sécurité et de l'économie et la meilleure efficacité des rapports avec la Russie.
Un rapport banal pour l'establishment américain
Selon Viktor Kremeniouk, directeur adjoint de l'institut des Etats-Unis et du Canada, on publie souvent de tels rapports en Amérique. Il ne faut pas attacher y beaucoup d’importance. Il ne convaincra ni l’administration, ni ses adversaires de ce qu’il faut faire avec la Russie. Or la question des rapports avec celle-ci atteint un point critique: l’opposition reproche vivement au président Obama sa politique russe. Elle estime que le président n’a pas été assez ferme, qu'il a fait certaines concessions à Moscou. Il a proposé une politique de "redémarrage" des relations, mais elle a échoué. En dépit de la signature des accords START-3, tout autre espoir est injustifié. Les auteurs du rapport cherchent donc à rassurer les américains, en leur disant qu’il n’y a aucun danger et qu’il convient de poursuivre le dialogue avec la Russie.
Les auteurs sont persuadés que Moscou et Washington doivent étudier une nouvelle conception de stabilité stratégique, «qui refléterait que la Russie et les Etats-Unis ne sont pas des ennemis, mais des partenaires en puissance». Pour le prouver il convient de ramener le nombre d'ogives nucléaires à 1000 têtes. Dans le même temps, les politologues estiment que l’Amérique doit poursuivre la mise en place du système de défense antimissile en Europe et dans le monde, en évaluant les menaces réelles. Nous rappelons que ce thème est sujet de discorde entre les deux pays: Washington néglige le projet de Moscou de créer conjointement un bouclier antimissile global.
Les intérêts nationaux au centre de la politique étrangère des Etats-Unis
La partie américaine analyse en politique étrangère les actions qui conduiront au renforcement de la coopération sino-russe au détriment des intérêts des Etats-Unis. Selon le politologue Vilene Ivanov, les Etats-Unis ont toujours ordonné leurs relations avec tous les pays, dont la Russie, en se guidant exclusivement sur leurs intérêts nationaux, dit le politologue Vilene Ivanov.
Il serait naïf de s’attendre à quelques concessions. Les Etats-Unis sont une superpuissance, alors que la Russie ne l’est plus. Pour des raisons tactiques les deux pays peuvent faire quelques verbales. Mais à en juger d’après les actes, nous voyons que les Etats-Unis ne font aucune concession à la Russie. L’affaire de Viktor Bout le confirme.
Quelques idées intéressantes
Toutefois, les experts font quelques propositions raisonnables. Ils proposent l'échange de données de renseignement sur les menaces terroristes entre les deux pays, l'entrée de la Russie à l’OMC et l'annulation de l’amendement Jackson-Vanik. Ce dernier sera, il est vrai, remplacé par de nouvelles lois, touchant à la corruption et aux droits de l’homme en Russie.
Le rapport tire une conclusion significative: les réformes démocratiques en Russie ne doivent pas conduire nécessairement à l’instauration d’une démocratie à l’américaine. Et enfin, l'administration américaine doit tenir compte des évènements pouvant conduire à l'échec de la coopération avec la Russie, sinon Moscou pourrait "nuire".
La publication d'un tel rapport peut être considérée comme une nouvelle tentative des Etats-Unis d'adopter une approche relativement pragmatique des réalités géopolitiques contemporaines.
