La Grèce a officiellement abandonné l'idée d'un référendum sur le plan d’aide de l’UE. Le ministre grec des Finances, Evangélos Vénizélos, en a informé par téléphone ses collègues de l’UE: le Commissaire aux Affaires économiques Olli Rehn, le dirigeant de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker et son homologue allemand Wolfgang Schäuble.
Une décision prévisible et réaliste
Cette décision a été précédée par une scission de fait du gouvernement grec. De nombreux ministres ont vivement critiqué l’intention de Georges Papandréou de consultater la population sur la présence du pays dans la zone euro. Avant les principaux sponsors des réformes grecques, les leaders français et allemands ont exprimé leur mécontentement à ce propos. Ils se sont rencontrés avec le Premier ministre grec à la veille du sommet du G20 à Cannes et ont joué cartes sur tables: soit le refus du référendum, soit aucune aide à la Grèce. L’accord conclu par les pays de l’UE sur l’octroi de crédits à la Grèce prévoit d’effacer jusqu’à la moitié des dettes grecques détenues par des investisseurs privés en échange d’un programme d’austérité économique. L’abandon de l’idée d’un référendum était tout à fait prévisible, estime l’expert de l’économie Vassili Koltachov.
Deux solutions étaient possibles. Soit la Grèce tenait un référendum incompréhensible, soit le gouvernement renonçait à cette idée. C’est ce qui s’est produit. Il était fort risqué pour l'impopulaire gouvernement socialiste en place de faire autant de remous. Le gouvernement ne pouvait pas s’en remettre à la population pour décider, alors qu’on connait son attitude négative à la poursuite de la politique dite de salut de la Grèce, mais en réalité de salut de la dette.
Selon notre expert, la décision d’effacer la moitié de la dette de la Grèce est une faillite voilée, réalisée de façon contrôlée. Un référendum était inutile parce que ce sont les autorités européennes, avant tout l’Allemagne et la France, qui ont été obligées de prendre cette décision.
L'avenir reste incertain
Pourtant, l’abandon de l’idée d’un référendum n’éclaircit pas le sort du gouvernement socialiste grec. L’opposition réclame le départ de Papandréou et des élections anticipées, alors que le Premier ministre entend obtenir un vote de confiance au parlement et garder son poste. Le chassé-croisé politique grec sur fond du collapsus économique peut apporter encore des surprises à l’Union Européenne.