En 2011 les Norvégiens célèbrent le 150ème anniversaire de la naissance de leur grand compatriote Fridtjof Nansen, connu en premier lieu comme un voyageur et l’explorateur du pôle Nord.
Nansen mérite le Prix Nobel de la paix pour ses missions humanitaires en vue de sauver ceux qui meurent de faim dans la région de la Volga et les réfugiés après la Première Guerre mondiale. Nansen est moins connu comme un politicien ayant, cependant, fait en 1905 un grand apport au rétablissement de l’indépendance de la Norvège. D’aucuns proposent même de l’intrôniser. Nansen, premier ambassadeur norvégien à Londres, est élu en 1918 président de l’Union norvégienne pour la fondation de la Ligue des Nations.
Lorsqu’au printemps 1921 la sécheresse envahit la région de la Volga, une partie de l’Ukraine, la Crimée et le Sud de l’Oural, des régions entières éprouvent une faim terrible. Fridtjof Nansen se précipite dès le début au secours des gens qui meurent de faim. Il dit en s’adressant au parlement et au gouvernement norvégien : « Notre devoir est clair. D’immenses espaces russes souffrent de faim qui s’accentue de jour en jour. Nous réaliserons un grand objectif : venir généreusement au secours à nos frères en détresse pour confirmer l’honneur de notre Patrie ». Malgré toutes sortes de difficultés, Nansen fait beaucoup pour aider les affamés. Des dizaines de millions de dollars sont recueillis pendant ses tournées à travers l’Amérique et l’Europe.
Nansen sauve pendant sa mission engagée entre septembre 1921 et août 1923 6,5 millions d’enfants et un demi-million d’adultes qui auraient pu mourir de faim. Des vivres sont dispensés parmi les habitants. Les colis contiennent farine, conserves de viande, raisin sec, riz, sardines, fèves, sucre, jus de citron, cacao, sel, huile de poisson. 105,6 millions de rations sont distribuées.
Il convient de noter qu’en temps de paix Fridtjof Nansen a la possibilité d’apprécier l’hospitalité russe. En 1913 il entreprend un voyage en Sibérie pendant lequel il goûte une solianka. Le voyageur se souvient de cette « soupe épaisse avec de grands morceaux gras d’esturgeon et aussi des olives noires, des câpres, des concombres salés et d’autres ingrédients. L’esturgeon est délicieux : tout comme, d’ailleurs, la soupe ».
Nansen se voit servir à une station ferroviaire dans la région de l’Amour un déjeuner dont il se souvient pendant longtemps : du caviar de plusieurs espèces : noir, rouge, pressé, frais. Des mets de poisson et de viande sont servis en abondance. Ayant vu des hors d’œuvre : d’abord froids, ensuite chauds, Nansen décide que ce sont des plats de résistance. Or, il comprend aussitôt qu’il se trompe s’étant vu servir une soupe, pour reprendre son expression, « exquise ». Ensuite c’est le tour du poisson excellent suivi de plusieurs mets de viande aux primeurs. « Je ne réussis pas à m’habituer à un tel hors d’œuvre le long de mon voyage à travers la région de l’Amour », écrit Nansen. J’ai l’impression que le déjeuner est fini et il ne fait que commencer ! »
Cependant, Nansen n’est pas gourmet. Il est éduqué en enfance dans le style spartiate et est habituée à une bonne nourriture assez monotone : une bouillie au petit déjeuner et un menu du déjeuner à peu près le même tous les jours de la semaine. Il faut attendre avec impatience pendant toute la semaine le rôti du dimanche et un dessert de tranches de pommes cuites, de pain noir rôti sucré, du beurre et de la crème fouettée.
La vie de l’explorateur du pôle ne suppose pas, loin s’en faut, des excès gastronomiques. Or, le succès de l’entreprise et la vie même dans les conditions extrêmes dépendent d’une attitude correcte envers la nourriture. En entreprenant l’expédition à bord du navire « Fram » Nansen prend des vivres pour cinq ans : conserves de viande et de poisson, poisson séché, pommes de terre, d’autres légumes et fruits en conserves et séchés, beaucoup de confiture et de marmelade, du lait condensé, du beurre stérilisé, des cubes de bouillons pressés. Le pain est essentiellement norvégien : des pains secs de seigle et de blé ainsi que des galettes anglaises. Qui plus est, il y a à bord de grandes provisions de farine pour faire du pain frais. Avant d’occuper leur place à bord du navire, les vivres font l’objet d’examen chimique. Même le pain, les légumes secs, etc., sont enfermés dans des boîtes. Néanmoins, dans les conditions polaires dures les préparatifs les plus minutieux ne protègent pas les voyageurs audacieux contre des surprises désagréables. Nansen est contraint de manger pendant un passage dangereux à ski la viande fraîche d’ours blancs qu’il vient de fusiller …
