"Diffusion des émissions et organisation des concerts spéciaux destinés aux pays étrangers" - c’est ainsi que le gouvernement de l'URSS a défini les objectifs et les missions du service international de radiodiffusion qui venait d’être crée en 1923. Cette radio, ouverte sur le monde était appelée Radio Moscou, Radio internationale, ou encore Voix de la Russie à des époques différentes. Aujourd'hui, l'une des plus grandes sociétés de radiodiffusion du monde fête son 82ème anniversaire.
Cette histoire longue de 82 ans, a commencé par la phrase «Ici Moscou!», simple, et à la fois pleine de sens. Le service étranger de la radio de Moscou a commencé d'abord à diffuser des émissions en allemand, et ensuite en anglais et en français. D'ailleurs, les principaux concurrents de Radio Moscou, la corporation britannique BBC et la Voix de l’Amérique n’ont commencé leur diffusion vers l’étranger que 3 et 7 ans plus tard.
Messages d'espoir pendant la Seconde guerre mondiale
Les émissions diffusées par Moscou sont très vite devenus connues à travers le monde. On pouvait capter la radio Voix de la Russie même dans les moments historiques les plus difficiles. Pendant la Seconde guerre mondiale, les émissions de Radio Moscou donnaient l’espoir à tous ceux qui luttaient contre le nazisme, agaçant en même temps les dirigeants de l’Allemagne hitlérienne, raconte Inna Zasko qui faisait alors partie des journalistes de la rédaction.
"C’est en 1937, que les Allemands ont commencé à brouiller les émissions de Radio Moscou et en 1939 sur tous les postes radio était collé un avis qui prévenait que ceux qui écoutaient les émissions de Radio Moscou étaient passibles de prison. En octobre 1941, le jour du premier bombardement de Moscou et de l'alerte aérienne, tout le monde est descendu dans le sous-sol aménagé comme un abri contre les bombardements. Mais comme il était impossible de travailler dans cet abri, tout le personnel du service italien a décidé de rester à la surface. Les collaborateurs se souviennent qu’à un moment le bâtiment a tremblé. Nous nous sommes précipités vers les fenêtres et avons vu qu’une bombe était tombée dans la cour intérieure. Trois bombes étaient tombées ce jour-là sur place Pouchkine ou se trouvait le bâtiment de Radio Moscou mais aucune n’a explosé. On racontait plus tard qu'un bout de papier avec une inscription «on fait ce qu’on peut» a été découvert dans l’une de ces bombes".
Un rôle clé pendant la Guerre froide
"On peut dire que Radio Moscou a sauvé le monde de la guerre nucléaire", se souvient Valentin Zorine, observateur politique de Radio Moscou, qui avait participé à ces évènements. "En 1962, lors du conflit de la crise des missiles entre les Etats-Unis et l'Union Soviétique, quand les négociations entre les deux pays se sont retrouvées dans une impasse, la Radio Moscou a informé Washington de la décision du gouvernement de l'URSS de faire revenir les bâtiments de guerre soviétiques au Cuba. C’était une vrai scoop", - se souvient Valentin Zorine, observateur politique de Radio Moscou, qui avait participé à ces évènements.
"J’étais alors en poste à Washington et je peux confirmer que c’était vraiment un moment très difficile. Le monde était au bord d'une guerre nucléaire. Il va de soi que tous les Américains n’écoutaient pas Radio Moscou, mais tous les médias ont immédiatement retransmis le message envoyé par le service international de la radio soviétique. Le quotidien New York Times a publié ce message de l'URSS sur la une de son numéro spécial et l'information de Radio Moscou a ainsi fait le tour du monde. C’était un moyen très efficace d'éviter un nouveau conflit".
Vers la modernisation
La Voix de la Russie diffuse aujourd’hui des émissions vers 160 pays en 38 langues. Malgré son âge plus que respectable, le service international est une société très dynamique qui utilise un matériel perfectionné pour donner à ses auditeurs le maximum d’informations sur la Russie. La société a fait du développement des technologies de pointe l'une de ses priorités de développement. Aujourd'hui, grâce à l'Internet, les auditeurs peuvent non seulement écouter, mais aussi voir les programmes au format numérique et lire les nouvelles mises en ligne sur les réseaux sociaux. Les services rendus aux auditeurs et désormais aux lecteurs sur le web ont plutôt un bon accueil, avec des retours sous forme de lettres et des messages électroniques, qui viennent des quatre coins du monde. La plupart de ses retours peuvent être résumés par les paroles de notre auditeur permanent en Grande-Bretagne George Skinner: "Je tiens à vous remercier ne serait-ce que parce que vous existez. J’écoute en permanence vos émissions pour plusieurs raisons et notamment parce que j’apprécie votre présentation. J’ai toujours le plaisir d’entendre les nouvelles en provenance de Russie. J’espère écouter les émissions de la Voix de la Russie et de mon service international favori pendant encore de longues années".