Le «troisième paquet énergie» de l’UE suppose que les compagnies vendant du gaz et de l’électricité ne doivent pas posséder des réseaux de transport, puisque cela conduit à une montée artificielle des prix. Certes, le mot d’ordre «d’un monopole à une concurrence» paraît attrayant, mais le commerce du gaz est impossible sans un équilibre des intérêts du producteur du gaz et de son consommateur.
Le consortium russe Gazprom figure parmi les plus gros exportateurs de gaz sur marché européen. Mais la compagnie possède en même temps un très important réseau de transport. Et pour effectuer des livraisons durables à ses partenaires européens, Gazprom ne peut pas dépendre des opérateurs tiers, exploitant à leur gré le réseau de transport. Par ailleurs, les propriétaires du réseau de transport sont privés du droit d’établir leurs tarifs, le transport garantissant la rentabilité du projet. Tous les réseaux européens ont jusqu’à 2013 pour se faire homologuer et confirmer que la participation des sociétés étrangères à leur capital ne met pas en cause la sûreté des livraisons. Dans ces conditions, Gazprom ne veut pas voir diminuer sa part dans des projets internationaux de transport de gaz et réclame un statut particulier pour les réseaux de transport auxquels il participe. Mais les initiatives russes ont été déclinées par la Commission Européenne, selon le ministre Chmatko.
"Il s'agit d’une confrontation idéologique, si ce n'est pas d’une opposition ferme. Nous ne trouverons pas facilement de compromis sur certains aspects. Le développement d’un réseau de transport contemporain, des contrats durables, un système compréhensible de formation des prix, garantissant la prévisibilité des flux financiers, et des investissements à faire dans la réalisation de gros projets – voici autant de «vaches sacrées», auxquelles la Russie aura beaucoup de peine à renoncer", affirme-t-il.
Des contrats à long terme pour contrer la montée des prix
Le ministre a noté que même si la Russie restait mécontente du déroulement des pourparlers sur le «troisième paquet énergie» de l’UE, elle honorerait, cependant tous ses engagements.
Il s’agit de gros projets touchant à l’infrastructure de transport de l’énergie, la formation des marchés appropriés et la recherche des partenaires pour une coopération durable. Quant à l’Europe, son aspiration d'aller loin dans la libéralisation du marché gazier est capable de lui jouer un mauvais tour, car des spéculations sur ce marché peuvent provoquer une montée fâcheuse des prix de gaz. Et cela ne va certainement pas réjouir le consommateur. Tout le monde se rendra alors compte qu’il ne faut pas rejeter des contrats à long terme.