L’avenir de la Tunisie se joue ce dimanche. L’Assemblée constituante, dont la composition sera choisie au moyen des élections de ce dimanche sera chargée d’élaborer une nouvelle constitution et désigner le président du pays qui nommera le chef d’un gouvernement de transition.
Les Tunisiens ont le choix entre conserver la forme laïque de leur Etat ou construire ce dernier sur les fondements confessionnels. Les deux ont les mêmes chances de remporter l’adhésion des habitants du pays.
"Ces élections auront certainement pour effet de renforcer le rôle de la religion sur la scène politique du pays et dans la vie des gens", affirme Dmitri Bondarenko de l’Institut russe de l’Afrique. "La question de savoir s’il y aura un glissement vers un régime religieux ne se pose pas. Mais la religion aura certainement un rôle plus grand dans la vie politique tunisienne".
Une campagne électorale très mouvementée
Afin de convaincre les électeurs, les partis islamistes et laïques ont très largement utilisé les réseaux sociaux. Les violences dans les rues étaient fréquentes. Il y a sept jours, les islamistes ont rassemblé leurs partisans au centre de la capitale tunisienne pour exiger l’instauration d’un régime islamiste dans le pays. Leurs adversaires ont aussi fait recours à des méthodes souvent pas très orthodoxes. Dernièrement ils ont affiché un portrait géant de l’ex-président tunisien dans l’un des quartiers de Tunis. Si les passants arrachaient le portrait, ils pouvaient voir une inscription : "Ne laissons pas le dictateur revenir au pouvoir !".
Cependant les élections ne vont pas radicalement changer la vie en Tunisie, estime le spécialiste russe en Orient, Anatoly Savateïev. "Les élections elles-mêmes ne changeront pas la situation au pays", considère-t-il. "La Tunisie a en fait été fortement influencée par la culture politique française. Cela pourra en partie expliquer la victoire éventuelle des forces démocratiques. Mais cela ne suffira pas pour démocratiser rapidement le pays, ni d'amener au pouvoir les leaders qui vont agir dans les intérêts du peuple".
Les élections tunisiennes sont suivies de près par les Etats du «printemps arabe». Le déroulement et les résultats du scrutin auront sans doute une grande influence sur les processus politiques dans cette région, actuellement en pleine ébullition.