Les feux de forêt de l'été 2010 ne devront plus se réproduire, l’Allemagne et la Russie ayant décidé de développer conjointement un projet d'irrigation des tourbières, asséchés à l'époque soviétique. Le projet commun d’irrigation des territoires d’une superficie de l’ordre de 42.000 hectares, qui sera réalisé par des spécialistes russes et allemands a été présenté récemment. Le ministère allemand de l’Environnement et de la Sécurité des réacteurs nucléaires, a déjà annoncé sa participation à ce projet à la hauteur de 5 millions d’euros.
Le programme de régénération des tourbières en Russie a été adopté en été 2010, à la suite d’une vague de chaleur anormale qui est arrivée dans la région centrale du pays. Les feux de forêt s’étaient alors étendus à une surface d'environ 200.000 hectares. En juin dernier, les gouvernements russe et allemand ont convenu de travailler en commun pour prévenir la réapparition des situations semblables. Les spécialistes allemands apporteront leur savoir-faire aux collègues russes et participeront à la réalisation du programme, a indiqué le directeur de l’Institut de sylviculture de l’Académe russe des Sciences Andreï Sirine.
"L’Allemagne possède une grande expérience en matière d’irrigation des tourbières et d’évalutation de ses conséquences écologiques, car le pays était déjà obligé de régénérer les énormes surfaces altérées par l’exploitation intensive des tourbières. Elle a aussi une expérience en matière de coopération internationale dans ce domaine. Mais la Russie ne fait pas non plus figure de parente pauvre, c’est pouquoi la coopération est toujours la bienvenue. Les Allemands ont, ainsi réussi à faire pousser certaines cultures agricoles sur les terres marécageuses. Ces techniques ne sont pas d’une grande actualité pour nous, mais nous sommes prêts à assimiler tout ce qui est nouveau".
"L’irrigation des tourbières est un procédé qui fait le plus grand bien à l’environnement. Les exemples de bonne réalisation des projets de ce genre ne maquent pas dans le monde et même en Russie", estime Andreï Sirine.
Un coup de pouce à l'écologie
L'irrigation des touribières permet également de retablir l'équilibre des écosystèmes, et améliorer la situation écologique des différentes régions, pensent les spécialistes.
"Cela favorise la biodiversité, la régénération de la fonction structurante des marais tout en permettant également d’élever la qualité de vie de la population et réduire les émissions des gaz à effet de serre", affirme Andreï Sirine. "Les tourbières à l’abandon dégagent d'importantes quantités de dioxyde de carbone et prennent régulièrement feu en polluant l’air avec de divers produits de combustion. Nous avons l’expérience d’irrigation des tourbières dans le parc national de Metchera dans la région de Vladimir, ce qui a permis de réduire le danger des feux de forêt, de faire revenir de nombreuses espèces qu’on croyait disparues, d’améliorer la situation écologique et même de faire monter le prix des terrains", se félicite-t-il.
"Mieux encore, après la régénération des tourbières, on pourra relancer la production de tourbe, ce qui profitera à l’environnement et à l’économie nationale", estime Boris Rejabek, membre de l’Académie internationale de l’environnement.
Les tourbières avaient une importance comme source d’énergie, lorsque le pouvoir soviétique n’en était qu’à ses débuts. La tourbe servait de combustible à cette époque là. Mais elle contient en outre beaucoup d’autres matières utiles, qui peuvent être utilisées dans la médecine, l’industrie chimique et différents secteurs de production à condition qu'on développe des biotechnologies pour les extraire. C’est une ressource précieuse et rare qu’il faut savoir préserver.
Par ailleurs, la Russie met déjà en oeuvre plusieurs projets d’irrigation de tourbières, notamment dans la région de Moscou, où ils sont financés à hauteur de plus de 100 millions d’euros. Ces travaux doivent prendre fin en 2013, mais ils ont déjà permis de faire chuter de 4 fois le nombre de feux de forêt.