Bulgarie et Roumanie un pied dans l’espace Schengen

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L'espace européen sans frontières devrait continuer à s'élargir, englobant bientôt la Bulgarie et la Roumanie. Cependant, cette décision, très politique suscite des polémiques parmi les membres qui en font déjà partie.

Les nouveaux membres de l'UE ne savent pas s'ils doivent se réjoir ou pleurer. A la veille d’une nouvelle réunion du Conseil de l’Europe à Bruxelles, le chef de la Commission européenne Baroso, le président du Parlement européen Buzek et la Commissaire européenne Georgieva ont fait des déclarations encourageantes adressées à la Roumanie et la Bulgarie, leur promettant une admission à l’espace Schengen. Il faut rappeler qu’en septembre les Pays-Bas et la Finlande ont donné leur veto à l’adhésion de Bucarest et de Sofia à cet espace européen motivant leur décision par le fait que les candidats ne répondaient aux critères de lutte contre le crime organisé et la corruption. "Un fâcheux contretemps au moment où le bonheur paraissait si proche". Offusqué, Bucarest a failli déclarer aux Néerlandais «la guerre des tulipes» alors que Sofia soupçonne le ministre néerlandais de l’Immigration Leers de la vengeance personnelle contre les Bulgares à cause d’une villa sur la côte de la Mer Noire.

Etape par étape

En rapport avec cette histoire, tant la Bulgarie que la Roumanie ont évoqué la thèse sur la politique de «deux poids deux mesures» en Europe. La situation était visiblement embarrassante, mais elle aurait pu être résolue par un compromis qui supposerait une admission des deux pays à l’espace Schengen étape par étape, c’est-à-dire en ouvrant d’abord les frontières maritimes et aériennes et ensuite les frontières terrestres. On a eu le même précédent avec la Suisse qui ne s’en est pas offusquée pour autant. Pourquoi?

"La Suisse était invitée à rejoindre l’espace Schengen et on était même aux petits soins avec elle", analyse Alexeï Makarkine, expert du Centre des technologies politiques. "En fait, elle fait une figure à part, parce qu’elle a été admise à l’espace Schengen sans être membre de l’Union européenne. Les Européens manifestent une autre attitude à l’égard de la Bulgarie et de la Roumanie. Le fait même de leur adhésion à l’UE suscite des réactions controversées. Leur adhésion s’était faite sur la crête de l’enthousiasme, lorsque l’Union européenne, en pleine croissance, continuait à s'étendre. Les Européens avaient tout simplement fermé les yeux sur la situation dans les organes judiciaires des nouvelles recrues en leur faisant une sorte d’avance. Qui pensait alors aux conséquences, à l’impossibilité de mettre du jour au lendemain le terme aux pots de vin à la frontière, à l’immigration illégale et au déferlement des gitans roumains et bulgares? Les dernières manifestations anti-gitanes en Bulgarie et la montée du mouvement contre l’immigration en Europe sont un mauvais arrière-fond pour l’admission à l’espace Schengen de ces deux pays balkaniques. Le mouvement contre l’immigration est particulièrement puissant aux Pays-Bas où la coalition au pouvoir s’appuie au Parlement à majorité ultranationaliste. Il n’est pas exclu par ailleurs que Nicols Sarkozy plaidera cet argument dans la campagne présidentielle en France".

Polémique symptômatique des problèmes de l'UE

"La discussion autour de l’admission de la Bulgarie et de la Roumanie à l’espace Schengen reflète les mutations profondes qui s’opèrent au sein de l’UE", - estime le directeur de L’Institut international d’expertise politique Evgueni Mintchenko. "Le problème le plus grave auquel est aujourd’hui confronté l’Union Européenne réside dans les différences de niveau de vie énormes entre les pays qui en font partie. A cela s’ajoute le problème des migrations d’une main-d’oeuvre bon marché qui fait que certains membres de l’Union commencent à vivre au-dessus de leurs moyens. C’est notamment le cas de la Grèce, qui adopte des lois populistes, comme celle sur l’abaissement de l’âge de départ à la retraite. L’Allemagne où les gens partent à la retraite beaucoup plus tard a toutes les raisons de s’indigner. Pourquoi les Allemands doivent-ils payer pour les retraités grecs?, se demande-t-elle. Bref, il existe un tas de problèmes économiques mais encore historiques qui sont de nature objective. Certains pays sont ethniquement homogènes, d’autres, comme le Bulgarie et la Roumanie, sont polyethniques et sont régulièrement secouées par la malencontreuse «question gitane». C’est pour cette raison que les Bulgares et les Roumains sont en permanence sous le feu de la critique au sein de l’UE qui ferait mieux de suggérer quelques solutions. Bref, les problèmes ne se comptent plus! A mon avis, la situation est globalement déplorable. L’Union Européenne semble ne plus maîtriser la situation. Même si cette association unique en son genre tient le coup, elle ne s’élargira plus à coups d’adhésions des pays «faibles». L’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie ne doivent pas espérer».

La Bulgarie a le plus de chances 

Cependant, la Bulgarie serait la favorite des nouveaux candidats à la zone Schengen. Le journal Helsinki Times cite le speaker du parlement finlandais, qui estime qu’il n’y aucune raison de refuser l’adhésion de la Bulgarie, si la majorité des membres de l’UE y sont favorables. Cependant le journal a souligné que la Finlande y reste toujours opposée. Pour la Russie, ce serait une situation gagnante, pensent les experts. La Bulgarie est la destination touristique très populaire en Russie, et si ce pays s’ouvre sur la Grande Europe, cela pourrait simplifier les procédures consulaires. D’ailleurs, les touristes paieront moins cher le visa bulgare, qui coûte aujourd’hui 100 euros, soit beaucoup plus que le visa Schengen.

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