Le colonel libyen Mouammar Kadhafi n’a pas violé son serment : il n’a pas quitté le pays, il y est resté jusqu’à la fin, et il est mort dans sa ville d’origine, Syrte, où il était né le 7 juin 1942. Le 20 octobre l’ex-leader libyen est tombé entre les mains des rebelles du Conseil national de transition (CNT) qui l’ont fusillé.
Depuis le matin du 21 octobre toutes les chaînes de télévision du monde diffusent en boucle les images de l’exécution de Mouammar Kadhafi. Les circonstances de sa mort se précisent peu à peu. Jeudi vers midi les drones de l’OTAN qui patrouillaient les alentours de Syrte, ont signalé la sortie d’un convoi de voitures. L’état major de l’Alliance en Libye a ordonné à bombarder le convoi. Cet ordre a, d’ailleurs, été exécuté par les Mirages français. Le colonel avait été pourchassé depuis plusieurs mois mais sans succès jusqu’au jeudi dernier. Dans une voiture du convoi bombardé, il y avait le colonel Kadhafi. Blessé aux jambes, il a réussi à ramper dans un tuyau en béton qui fait partie de la canalisation de la route. C’est là que les rebelles l’ont trouvé. Ce qui s’est passé par la suite est une violence pure et simple, à en juger par les vidéos diffusés par les chaînes télé. Les rebelles ont entouré Kadhafi, ensanglanté. Ils le tiraient, le poussaient, l’injuriaient. Cela n’a duré que deux minutes. Ensuite c’était un autre tir et puis tout était fini. Mouammar Kadhafi est mort.
Pour la majorité des Libyens c'est la victoire : la dictature qui a duré pendant 42 ans est enfin tombée. Mais plusieurs foyers de résistance subsistent quant-même au pays. Seïf al-Islam Kadhafi que le colonel a choisi comme son successeur, résiste encore. Pourtant le plus important est déjà fait, déclare le chef du CNT Mahmoud Jibril. La mort du dictateur ouvre la voie à des réformes. Les nouvelles autorités libyennes veulent enterrer Kadhafi dans un endroit secret afin que ses partisans ne puissent pas venir se recueillir sur sa tombe. Les Etats faisant partie de la coalition internationale en Libye n’ont pas tardé à réagir à la mort du colonel. Le premier ministre italien Silvio Berlusconi n’a d’ailleurs pas attendu la confirmation officielle et a annoncé la «fin de la guerre en Libye». Le président américain a également dit son mot : "Aujourd’hui, c'est une date remarquable dans l’histoire de la Libye. L’ombre noire de la tyrannie a disparu et à la lumière des perspectives qui s’ouvrent à lui, le peuple libyen doit prendre une énorme responsabilité de bâtir une Libye tolérante et démocratique", a annoncé Barack Obama. Le premier ministre britannique a appelé à se souvenir de toutes les victimes du régime du colonel Kadhafi. David Cameron lui aussi a mentionné la voie démocratique qui s’ouvre à la Libye.
Mais ce n’est pas demain qu’on verra une société démocratique en Libye. Les nouvelles autorités ont d’ailleurs d’autres problèmes à résoudre, a dit à notre correspondant l’un des spécialistes les plus réputés du Maghreb et des pays arabes, Benjamin Stora.