L’essetiel de ce qui se passe ces jours-ci à Paris a été le mieux résumé par le ministre brésilien des finances Guido Mantega. Il a déclaré que "le monde attendait le règlement des problèmes européens devenus mondiaux. Je suis optimiste et je pense que des progrès ont été réalisés dans cette direction". Or, tout le monde ne partage cet optimisme qui paraît démesuré. "La grave maladie européenne" a commencé il y a deux ans et les efforts déployés depuis pour redresser la situation paraissent bien en dessous des besoins réels", - estime le professeur de la Haute école de l'économie de Moscou Vladimir Krassavine. "Les ministres des finances arrivent à s’entendre, mais ce sont les gouvernements qui ont le vrai pouvoir de décision. C’est pour cette raison que les recommandations formulées par les ministres des finances du G20 portent un caractère général et plutôt abstrait. On peut citer en exemple les décisions prises il y a un et même deux ans qui n’ont pas changé la donne".
Vendredi, les marchés mondiaux ont clôturé sur une hausse espérant que les résultats du sommet seront positifs, mais on ignore toujours si les mesures discutées à Paris s’avèreront réellement efficaces. La partie française qui accueille les représentants des milieux financiers leur a demandé la veille de la rencontre de proposer «deux ou trois idées originales». Mais, à en juger par ce qu’on en sait, ces idées n’ont rien de foncièrement nouveau. Les experts sont en train d’évaluer la possibilité d’accroissement des réserves du FMI et proposent de mettre en place le mécanisme qui permettrait de renflouer rapidement les réserves en question.
Selon l'analyste financière Olga Belenkaïa, il s’agit d’une des mesures possibles, mais rien ne prouve qu’elle sera adoptée. "Dans la situation actuelle, les experts examinent tout simplement l’ensemble des ressources qui pourraient être engagées pour résoudre la crise des créances en Europe et atténuer les conséquences du rééchelonnement éventuel de la dette grecque. Les pays en développement étaient en principe d’accord pour venir en aide, mais cette aide ne sera efficace que si l’Europe formule une stratégie intelligible de sortie de crise, car elle fait défaut actuellement".
L’économiste Alexandre Lapoutine note pour sa part que les mesures monétaires de ce genre auront un impact mineur. Pourtant, si les parties décident finalement d’y recourir, le mécanisme correspondant pourrait se mettre en place assez rapidement, en l'espace de deux mois approximativement. "C’est tout d’abord l’aide aux institutions financières, ce qui est la recette traditionnelle de sortie de crise pratiqueé par les établissements financiers officiels. Et c’est d’ailleurs, ce que nous avons vu lors de chaque crise aux États-Unis. L’Europe va sans doute emboîter le pas à l’Amérique malgré les conséquences inflationnistes associées à cette mesure", analyse-t-il.
Infographie: Chronique de la crise mondiale
L’Allemagne se prononce contre l’accroissement du rôle du FMI dans le règlement de la crise en Europe. C’est du moins ce que dit son ministre des Finances Wolfgang Schäuble, qui estime que le FMI dispose des fonds nécessaires et qu’il n’y aucune nécessité de faire une injection supplémentaire. Malgré cela, le ministre a souligné que c’est l’UE qui doit avoir le dernier mot dans le règlement des problèmes de l’endettement. "Ainsi, les mesures concrètes restent toujours tributaires des divergences politiques", résume Olga Belenkaïa.
Le problème principal, ce n’est pas le manque de ressources, mais l’absence de stratégie de sortie de la crise, même si des propositions concrètes commencent petit à petit à voir le jour. Il s’agit plus particulièrement du programme de recapitalisation des banques et des mesures d’effacement de 50 à 60% de la dette souveraine grecque. Ce n’est pourtant qu’un point de vue officieux.
La décision de passer au rachat des euro bonds sera un autre signal fort pour les marchés. Les autorités de la zone euro ont l’intention de se servir de cet outil pour attirer des investissements. Les experts previennent toutefois que cet outil cache un certain nombre de dangers. Les titres des pays en pleine crise comme le Portugal ou l’Italie, ont déjà une marge de bénéfices de plus de 10%, et on ignore comment ils vont honorer leurs engagements. Le problème est pour le moment résolu grâce aux apports consentis par l’Allemagne et la France, qui deviennent mécontentes de leur rôle de gardiennes sempiternelles de stabilité dans la zone euro.