George Soros cherche à faire de l’argent sur le sauvetage de l’Europe

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George Soros a décidé de participer au sauvetage de l’Europe contre la crise qui approche. Le célèbre spéculateur et 95 politiciens, économistes et hommes d'affaires de l’Union européenne ont proposé dans une lettre aux autorités de l’UE leur solution destinée à relancer l’économie du Vieux Continent.

George Soros a décidé de participer au sauvetage de l’Europe contre la crise qui approche. Le célèbre spéculateur et 95 politiciens, économistes et hommes d'affaires de l’Union européenne ont proposé dans une lettre aux autorités de l’UE leur solution destinée à relancer l’économie du Vieux Continent. Toutefois, selon les experts, ce remède n’a rien d’original et contient des solutions techniques capables d’atténuer la souffrance du patient, mais pas d'inverser le cours de sa maladie.

La méthode Soros

Les auteurs de cette lettre proposent de créer dans la zone euro un trésor commun, parlent de la nécessité de durcir la discipline budgétaire des pays membres de l’UE, de renforcer le système de surveillance de la gestion et de l’assurance des dépôts et d’élaborer une stratégie qui garantirait une croissance économique stable des pays de la zone euro. Il est nécessaire de prendre des mesures de toute urgence, car le système financier actuel risque de s’effondrer, écrivent les "Européens inquiets".

Les économistes russes et étrangers reconnaissent à l’unanimité que le système financier actuel est au bord de l’effondrement et pourrait s’écrouler si des mesures urgentes ne sont pas prises. Mais on ignore ce qu’il faut faire.

"Les défis actuels sont immenses, et la zone euro est pratiquement impuissante, nous ne pouvons pas prendre de mesures cohérentes. Les dirigeants de l’UE commencent seulement à comprendre quels sont les problèmes", a déclaré l’expert Stijn Verhelst de l'Institut Royal des Relations Internationales de Belgique.

Ces dernières semaines, tout le monde a critiqué l’Union européenne pour son incapacité de réagir opérationnellement aux situations de crise.

"En créant l’union monétaire, les Européens ont oublié de créer un mécanisme financier, déclare Evgueni Gavrilenkov, directeur du groupe d’investissement Troïka Dialog. Le principal problème réside dans le modèle imparfait de gestion".

Le fait est que les fonctionnaires européennes prennent longuement et difficilement des décisions, par exemple concernant l’allocation de fonds pour aider les économies en difficulté. La Slovaquie a récemment bloqué l’élargissement des compétences du Fonds européen de stabilité financière (FESF) et l’augmentation du volume du fonds, ce qui constitue un autre parfait exemple des défauts obérant le fonctionnement des institutions de l'UE.

Evgueni Gavrilenkov estime que prochainement les efforts des autorités de la zone euro seront axés sur la recherche d’un modèle convenable de gestion financière, qui ne porterait pas atteinte à la souveraineté des pays membres de l’UE.

Un problème et pas de mécanisme de règlement

Admettons que les autorités de la zone euro parviennent à élaborer un mécanisme convenable de prise de décisions et d’injection de liquidités dans le système financier ou une économie en difficulté. Mais est-ce que cela règlera les problèmes économiques?

"Il est évident que le problème est profond et trop complexe pour pouvoir être réglé au moyen d'instrument tel un mécanisme d’organisation, déclare Igor Nikolaev, directeur du département d’analyse stratégique de la société FBK. Cela prolongera l’agonie du système financier actuel. Et quelle sera la suite? ".

En effet, on ignore quelle sera la suite. Les experts reconnaissent que les mesures anticrises vont seulement empêcher l’économie européenne et mondiale de glisser sur une pente dangereuse, mais elles sont incapables de donner une impulsion au développement économique. Ne fût-ce que parce que les problèmes ne se limitent pas à la zone euro.

Comme l’a souligné Evgueni Gavrilenkov, toutes les plus grandes économies (américaine, chinoise, européenne) souffrent de disproportions. Les problèmes économiques de l’UE sont dus à la redistribution excessive (pas forcément budgétaire) des revenus entre les économies et à l’ajustement artificiel des revenus par habitant entre les pays membres de l’UE.

Les Etats-Unis souffrent d’une consommation excessive, qui a été stimulée pendant de longues années par les crédits et a finalement conduit à la crise de la dette. Les problèmes de la Chine sont liés à l’investissement excessif soutenu par l’Etat. Il est tout simplement impossible de régler tous les problèmes à la fois au niveau supranational.

"Il a piqué une crise"

Toutefois, certains experts pensent qu’en signant cette lettre, George Soros était préoccupé par ses propres intérêts plutôt que par le sort de l’Europe et du monde. Selon Elena Matrossova, directrice du Centre d'études macroéconomiques de BDO, les grands spéculateurs sont plus que tout le monde intéressés par une politique centralisée et claire des autorités financières, ainsi par l’injection de nouvelles parts de liquidité dans l’économie.

"Il gagne de l’argent, y compris grâce à la certitude de la politiques des autorités financières, explique Elena Matrossova. Il faut qu’on alloue de l’argent pour commencer les opérations sur l’or, l’argent et les instruments du marché boursier. Il brasse des milliards, et l’Europe ne dit rien. On ignore ce qui sera ou sera pas, et comment il peut miser sur de quelconques tendances spéculatives". Selon Elena Matrossova, le milliardaire a "piqué une crise".

"Connaissant la réputation de Soros, c’est également une éventualité, déclare Igor Nikolaev. Mais on a du mal à croire que Soros joue un jeu et essaye de gagner de l’argent grâce à cela".

Selon l’expert,  cette lettre montre la volonté de conserver à tout prix le système financier actuel. Ce système est loin d’être parfait, estime Igor Nikolaev, et la meilleure chose à faire est de le démonter pour construire quelque chose de nouveau. Mais il est évident qu’un tel processus sera extrêmement douloureux.

"On assistera à une véritable crise avec toutes ses conséquences – pertes d’argent et faillites. C’est difficile, reconnaît Igor Nikolaev. Je pense que tous les signataires en sont conscients".

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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