La Libye en Afrique du Nord et la Somalie en Afrique de l’Est restent aujourd’hui les points les plus sensibles de ces régions du continent africain. Les événements dans ces deux pays présentent un danger pour toute la communauté africaine. En particulier, pour la République de Djibouti qui a les frontières communes avec la Somalie, a déclaré le ministre des Affaires Etrangères et de Coopération Internationale de Djibouti Mahmaoud Ali Youssouf pendant la conférence de presse commune avec le ministre russe des Affaires Etrangères Sergueï Lavrov qui s’est déroulée à Moscou la semaine dernière. L'OTAN et les pays occidentaux, en intervenant durement dans le conflit intérieur en Libye, ne prévoient rien de pareil à l'encontre de la Somalie pour aider les Somaliens à réinstaller la paix sur leur terre. Comment peut-on l’expliquer ? – cette question notre correspondent a posé aux ministres pendant la conférence de presse.
« Je crois que nul besoin n'est de commenter l'histoire libyenne. Vous connaissez très bien la situation de l'époque. La Russie a soutenu la résolution, qui instaurait l'embargo sur les armes pour toutes les parties libyennes, et était prête à soutenir l'instauration de la zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, compte tenu de ce que les avions de l'Armée de l'Air de M. Kadhafi étaient utilisés contre les civils. Mais nous n'étions pas prêts à soutenir l'autorisation, «attachée» à la zone d'exclusion aérienne, de laisser tous ceux qui le voudront faire tout ce que bon leur semblera. C'est pourquoi, lors du vote au Conseil de Sécurité de l'ONU de la seconde résolution, la Russie s'est abstenue. Les deux résolutions étaient violées. L'embargo sur les armes n'a été observé qu'à l'égard d'une partie: l'opposition recevait les armes et le soutien des moniteurs, et même, selon les informations des médias que personne n'avait démenties, sous forme des commandos étrangers. Les violences contre les civils, effectuées par les dirigeants de la Libye, sont inadmissibles ni en Libye, ni nulle part ailleurs. Mais il faut lutter contre ce fléau honnêtement, et on n'élimine pas l'arbitraire par la violation du droit international. D'autant plus qu'aux stades précoces et médians de la crise existaient toutes les possibilités d'arrêter l'effusion de sang et de mettre les parties à la table des négociations. C'est ce que visait l'initiative de l'Union Africaine, que la Russie a activement soutenue. Malheureusement, les autres membres de la communauté internationale, avant tout nos partenaires occidentaux, n'ont pas soutenu cette initiative et se sont mis sur la voie de soutien d'une partie dans la guerre civile – celle qui aurait représenté les justes aspirations du peuple libyen, mais encore une fois au prix de la multiplication des victimes parmi les civils. Les résolutions du Conseil de Sécurité appelaient à prendre des mesures pour défendre les civils, mais le résultat a été contraire. Nous n'acceptons pas les «conjurations» venant des capitales de l'OTAN, que l'intervention de l'OTAN sous cette forme-là a sauvé «des vies innombrables». C'est la tentative de faire passer ses désirs pour les réalités ».
« Maintenant, à propos de la Somalie. Là, la situation est différente. En Somalie sont extrêmement faibles les positions du gouvernement central, tant en réalité qu'appliqué au territoire. La menace de la débâcle de l'Etat croît. Les efforts de la communauté internationale visent à l'éviter, puisque «l'effet domino», qui le suivrait inévitablement, ne répond aux intérêts ni des Africains, ni de leurs amis. Nous partons de principe du besoin de se fier aux évaluations et aux initiatives des Etats africains eux-mêmes. Nous avons agi de même en Libye, mais malheureusement, comme j'ai déjà dit, les autres états n'ont pas soutenu l'initiative de l'Union Africaine, nous agissons de même en Somalie, où nous cherchons activement à obtenir le soutien des efforts de l'Union Africaine. L'opération pacificatrice de l'AMICOM, que l'Union Africaine a déployée en Somalie avec le soutien du Conseil de Sécurité de l'ONU, est, selon nous, l'instrument clé du règlement du conflit. Nous avons hautement apprécié la résolution de nos amis de Djibouti à soutenir par tous les moyens et à renforcer cette opération pacificatrice, y compris la récente décision d'envoyer un bataillon pour cette opération ».
« A mon avis, nous assistons à une politique de deux poids deux mesures à l’égard des crises militaires dans le monde et l’Afrique partage cette opinion, - a répondu à la même question de notre correspondent le ministre des Affaires Etrangères de Djibouti Mahmaoud Ali Youssouf. - L’OTAN déclarant son aspiration à contribuer à régler la crise libyenne n’a fait rien de pareil pour la Somalie. Ce pays est déchiré ces dernières décennies par les groupes armés, notamment terroristes, mais la communauté mondiale n’a rien fait pour y arrêter la violence contre les civils. L’OTAN s’est ingérée, cependant, sous ce prétexte en Libye ayant aidé à renverser le pouvoir. C’est une politique de deux poids deux mesures à laquelle s’oppose l’UA, y compris le Djibouti ».
Les ministres des Affaires Etrangères de Russie Sergueï Lavrov et de Djibouti Mahmaoud Ali Youssouf ont répondu aux questions de notre correspondent sur les actes de l’OTAN en Libye et son inaction en Somalie.