La Russie renonce à la nouvelle fusée Rous-M

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La Russie a suspendu le développement de la fusée Rous-M, destinée à lancer le nouveau vaisseau habité depuis le futur cosmodrome Vostotchny.

La Russie a suspendu le développement de la fusée Rous-M, destinée à lancer le nouveau vaisseau habité depuis le futur cosmodrome Vostotchny. Comme l’a annoncé à la Douma (chambre basse du parlement) Vladimir Popovkine, directeur de l’agence spatiale russe Roskosmos, les priorités de son département tendent vers l’astronautique commerciale.

Une croix sur le projet Rous-M

Le concept du développement a une nouvelle fois soudainement changé dans le domaine spatial russe. Le développement de la fusée-porteuse Rous-M, qui aurait dû prendre en charge tous les lancements russes habités à partir de 2018, est suspendu.

"Nous avons estimé que nous n’avions pas besoin d’une nouvelle fusée, nous pouvons pour l’instant voler avec les anciennes. Nous avons rendu compte au gouvernement de notre initiative. Le gouvernement a pris la décision de suspendre pour l’instant la construction de la fusée-porteuse Rous-M", a déclaré Vladimir Popovkine lors de son discours pendant une session à la Douma consacrée à l’étude des causes des récents échecs dans le secteur spatial.

Auparavant, il avait été annoncé à plusieurs reprises que le premier lancement non piloté de Rous depuis le cosmodrome Vostotchny en construction dans la région du fleuve Amour aurait lieu en 2015, et le lancement habité de cette fusée était prévu pour 2018. "Evidemment, il est inutile de parler d’un quelconque lancement en 2015", a déclaré Popovkine aux députés en commentant ces projets.

Cette décision met une croix sur la création annoncée en Russie d’un nouveau système spatial habité. La fusée Rous-M avec un vaisseau réutilisable du système de transport piloté (PPTS) était destinée à remplacer les Soyouz (la fusée et le vaisseau qui portaient le même nom).

Une ancienne fusée vaut mieux que deux nouvelles

On a commencé à parler dans le secteur de la suspension du développement cet été. Rous-M était avancé vers la conception technique par l’ancien chef de Roskosmos, Anatoli Perminov, et avec son départ le processus a stagné.

La froideur de Vladimir Popovkine, qui a succédé à Anatoli Perminov, envers le projet Rous-M/PPTS, a été immédiatement remarquée. Dans ses interviews, il exposait longuement et en détails tous les aspects du département spatial du pays, mais ne mentionnait pratiquement jamais Rous-M.

Et lorsqu’il l’abordait modestement, cela ressemblait à une menace pour le futur projet présenté à une époque comme l’un des principaux de la cosmonautique russe. Par exemple: "Actuellement, on affine l’aspect de Rous-M, pour que cette fusée soit véritablement prometteuse. Afin que cela ne soit pas une tentative d’assembler une fusée à partir de ce qu’on a déjà sous la main – des anciens réacteurs, un système de guidage obsolète et un ancien système de préparation de la fusée".

Selon Vladimir Popovkine, les fusées existantes (Soyouz-2 et Proton), ainsi qu’Angara en développement, dont le lancement est prévu dans deux ans, en 2013, suffisent pour répondre aux besoins actuels de la cosmonautique. (Comme le font depuis longtemps remarquer certains observateurs critiques, le lancement d’Angara est prévu dans seulement deux ans, et c’est ainsi depuis plus de dix ans.)

"C’était une décision très difficile pour Roskosmos de suspendre la conception de Rous-M au bureau d'études Progress. Nous avons constaté que cette fusée était en beaucoup de points une copie de la fusée Angara actuellement en développement", a déclaré à la presse le vice-président de Roskosmos Vitali Davydov dans les couloirs de la Douma. Il a ajouté que la conception de la fusée serait menée à bout, mais que les autres travaux seront suspendus.

A terme, le sort de la nouvelle fusée sera décidé séparément. Les travaux de conception pourraient être relancés avec d’autres exigences concernant l’aspect technique du système. Et les premiers lancements à partir de Vostotchny seront effectués par la fusée-porteuse Soyouz-2.

Tout le système doit être changé

L’abandon de Rous n’est pas une décision privée. Les déclarations récentes de Vladimir Popovkine (y compris à la Douma) témoignent d'une révision du concept même du développement à venir du secteur spatial.

Parmi les tâches scientifiques spatiales, l'astronautique pratique, notamment celle qui rapporte de l’argent, est prioritaire. La place de la Russie sur le marché des vols spatiaux commerciaux, selon le président de Roskosmos, n’est pas représentative. Selon lui, en assurant 40% des lancements et 20% de la production des vaisseaux spatiaux dans le monde, la Russie ne possède que 3% du marché des services spatiaux commerciaux.

"Pour 2015, il est prévu d’augmenter le nombre de satellites de télédétection jusqu’à 20 engins, celui des satellites de navigation GLONASS jusqu’à 30, et jusqu’à 48 satellites de communication et du système COSPAS-SARSAT", a promis Vladimir Popovkine à la Douma.

Auparavant, le chef de Roskosmos s’était déjà exprimé au sujet de l’orientation excessive du secteur spatial sur les programmes habités. Selon lui, il ne faut pas renoncer aux engagements sur le projet de station spatiale internationale, cependant les programmes spatiaux habités en orbite basse sont déjà suffisamment développés pour continuer à y investir beaucoup d’argent.

La science ne sera pas abandonnée

Malgré une rhétorique aussi dure, Vladimir Popovkine a noté que les programmes de recherche demeuraient parmi les principaux axes de développement de l'astronautique russe.

"Nous avons essayé de nous "transporter" jusqu’en 2050 pour déterminer la ligne stratégique, et d’après les résultats obtenus, la Lune doit être la priorité pour les futures recherches.

Les vols habités vers Mars et les astéroïdes sont une perspective lointaine. Leur mise en œuvre sera déterminée non seulement par le niveau du développement économique du pays, mais aussi par l’évolution des technologies", a déclaré Vladimir Popovkine.

Le lancement de la sonde Phobos-Grunt vers un satellite de Mars, Phobos, est l’un des prochains projets scientifiques de recherche de la cosmonautique russe. Le lancement de la sonde est prévu pour le 8 novembre. Il aura pour mission d’atterrir sur le satellite, de prélever un échantillon du sol et de le ramener sur Terre.

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