"Le dollar restera la principale monnaie dans le monde. Ce n'est pas parce que ses positions sont aussi solides qu'auparavant, mais parce qu'il n'a pas de concurrent sérieux. Il n'y a personne qui voudra convertir ses dollars en euros ou en yens. Aujourd'hui la position du dollar est stable. Il n'y a pas d'autre monnaie stable – cela aurait pu être le livre ou le dollar australien, mais c'est peu probable. La Chine veut aussi avoir une monnaie stable, mais pour cela il lui faut la rendre convertissable. Pour l'instant cela est impossible".
Ce sont les raisons politiques qui empêchent à la Chine d'accéder à un niveau différent dans la coopération économique internationale.
"La politique est l'une des causes pour lesquelles les Etats européens n'arrivent pas à venir au bout de leurs problèmes économiques. L'Union européenne a besoin de réformes systémiques mais qui ne porteraient pas atteinte au principe d'un espace économique commun tout en donnant aux Etats membres plus de liberté".
"Il est peu probable qu'un Etat puisse renoncer à la coopération internationale", a indiqué Anne Krueger. "Tous les Etats sont impliqués dans les relations internationales, seulement à des degrés différents. La zone euro est une union monétaire, où les Etats membres ne peuvent pas mener de politique indépendante, que cela soit une politique monétaire, ou de change. Les Etats européens ont donc les mains liées".
Infographie: Chronique de la crise mondiale
L'Organisation mondiale du commerce doit aussi être réformée, selon Anne Krueger.
L'accès à l'OMC doit être libre et la procédure d'adhésion devrait être simplifiée au maximum, ce qui permettra de réduire l'influence de la politique pour le fonctionnement de cette organisation internationale. La longue histoire de l'adhésion de la Russie à l'OMC en constitue un bon exemple. Tout le monde comprend que l'économie et le potentiel commercial russe sont indispensables à l'OMC. Mais l’adhésion de la Russie est freinée par les obstacles d'ordre politique. La semaine dernière les négociations russo-géorgiennes se sont ainsi soldées par un échec, la Géorgie étant le seul Etat membre de l'OMC qui est contre l'adhésion russe".