«Anna Karénine» prend un accent britannique

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Le réalisateur britannique Joe Wright a procédé au tournage du film « Anna Karénine ». La nouvelle adaptation du roman du classique russe Léon Tolstoï doit sortir dans les salles en 2012.

«C’est un événement prometteur et excitant qui est un véritable défi pour moi», considère la vedette britannique et hollywoodienne Keira Knightley, invitée pour interpréter le rôle d’Anna dans le film de Joe Wright. Cette actrice que de nombreux spectateurs connaissent grâce à des films policiers et des sagas d’aventures, doit maintenant se métamorphoser en une aristocrate russe du XIXème siècle. Keira Knightley n’a pas perdu son temps et s’est plongée dans l’histoire russe de cette période pour mieux comprendre le personnage féminin qui sera désormais le sien. Anna Karénine est une femme déchue du point de vue de la haute société de son temps. Elle s'est séparée de son mari, qui occupe un poste élevé dans un ministère, et son petit fils pour une liaison coupable avec son amant, le jeune officier Vronski. Incapable de surmonter cette situation, l’héroïne de Tolstoï, met fin à ses jours en se jetant sous un train...

En méditant sur les sujets de la vie russe du XIXème siècle, le réalisateur britannique  a eu la surprise de constater que "toute la haute société russe était complètement francisée. Une grande partie d'aristocrates ne parlaient même pas le russe. Ils n’ont jamais appris la langue de leur pays et ne pouvaient pas parler à leurs propres paysans. Le problème de la langue avait des implications multiples pour la société russe". D’ailleurs, le réalisateur n’a aucune intention d’évoquer ce problème dans son film. Comme il est britannique, l’accent de l’héroïne principale doit également être britannique. En revanche, il était beaucoup plus difficile de faire rentrer toute la richesse du roman de Tolstoï dans le format cinématographique forcément limité. «Mais c’est possible quand Tom Stoppard, éminent dramaturge de notre temps met la main à la pâte, d’autant plus qu’il est engagé dans l’histoire et la culture russe», affirme Joe Wright. Le dramaturge lui-même a avoué dans son interview à la Voix de la Russie qu’il lui fallait être assez autoritaire et faire de nombreuses coupures.

"C’est, par exemple, la ligne du roman associée au personnage de Lévine qui personnifie l’idée que l’auteur se fait sur l’administration locale et l’agriculture",  raconte Tom Stoppard. "Mais, d’un autre côté, le scénario que j’ai écrit me semble être assez fidèle du roman. J’aime beaucoup ce livre et j’espère que je n’ai pas défiguré son sens initial. Je me suis limité aux lignes du roman qui sont le plus liées à l’histoire d’amour et, plus exactement, à l’amour en tant que catégorie".

L’amour en tant que tel, le thème de la famille et du devoir conjugal, le sempiternel triangle amoureux sont autant de sujets qui attirent les cinéastes dans le roman de Tolstoï depuis près d’un siècle. Il existe une trentaine d’adaptations d’Anna Karénine dans lesquelles se sont illustées des vedettes du cinéma mondial des générations différentes. Il s'agit notamment de la lauréate d'un Oscar Greta Garbo, Vivien Leigh, lauréate de deux Oscars, l’éminente actrice dramatique russe Tatiana Samoïlova et la comédienne française Sophie Marceau. L’histoire d’Anna Karénine à l’écran a commencé en 1910 en Allemagne pour continuer en France, en Russie et aux États-Unis. La dernière version américaine d’ «Anna Karénine» de 1997 était presque entièrement tournée dans les décors historiques de Moscou et de Saint-Pétersbourg. Mais selon l’avis des critiques, c’est la seule chose qui rappelle la Russie, dans cette lecture un peu arbitraire du roman. Le réalisateur du film «prescrit» de l’opium à Anna Karénine et c’est sous son effet qu’elle se jette sous le train. Son amoureux, cet aristocrate raffiné, devient un cynique invétéré pour lequel l’amour n’est qu’une aventure passagère. "Le fait que l’image d’Anna Karénine à l’écran soit depuis longtemps animée d’une vie propre, c'est une sorte de phénomène culturel", - estime le philologue et slaviste tchèque Tomas Glanz.

Glanz affirme qu’en sa qualité d’œuvre d’art, le roman Anna Karénine s’était depuis longtemps séparé de son auteur Léon Tolstoï et que ses versions cinématographiques ont de quoi surprendre, voire même choquer ceux qui en ont fait la lecture. "Il me semble, que le secret de la popularité d’Anna Karénine en tant que personnage réside dans la tension qui s’installe entre la banalité absolue de son image, la banalité de l’histoire d’amour qu’elle incarne et son actualité incroyable", affirme Tomas Glanz. "C’est réellement un archétype féminin, tout ce qu’il y a de plus « productif »".

Il semblerait donc que la version du réalisateur britannique Joe Wright ne fait qu’ouvrir une parenthèse dans la succession des adaptations du roman de Léon Tolstoï.

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