La Culture et les Arts 07.10.2011

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Au sommaire: - « Anna Karénine » prend un accent britannique - Icônes russes à

Au sommaire:

- « Anna Karénine » prend un accent britannique

- Icônes russes à Rome et crucifix italiens à Saint-Pétersbourg

- Un cadeau pour les enfants à l'occasion de la Journée de la musique

- Un bouquet des arts sur le pergélisol    

 

« Anna Karénine » prend un accent britannique

Photo: RIA Novosti

Le réalisateur britannique Joe Wright a procédé au tournage du film « Anna Karénine ». La nouvelle adaptation du roman du classique russe Léon Tolstoï  doit sortir dans les salles en 2012.

« C’est un événement prometteur et excitant qui est un véritable défi pour moi », pense la vedette britannique et hollywoodienne Keira Knightley, invitée à interpréter le rôle d’Anna dans le film de Joe Wright. Cette actrice que de nombreux spectateurs connaissent grâce à des films policiers et d’aventures, doit maintenant se métamorphoser en une aristocrate russe du XIXème siècle. Keira Knightley n’a pas perdu son temps et s’est plongée dans l’histoire russe de cette période pour mieux comprendre le personnage féminin qui sera désormais le sien. Anna Karénine est une femme déchue du point de vue de la haute société de son temps. Elle a délaissé son mari, qui occupe un poste élevé dans un ministère, et son petit fils pour une liaison coupable avec son amant, le jeune officier Vronski. Incapable de surmonter cette situation, l’héroïne de Tolstoï, met fin à ses jours en se jetant sous un train...

En méditant sur les sujets de la vie russe du XIXème siècle, le réalisateur britannique  a eu la surprise de constater que « toute la haute société russe était complètement francisée. La plupart des aristocrates ne parlaient même pas le russe. Ils n’ont jamais appris la langue de leur pays et ne pouvaient pas parler à leurs propres paysans. Le problème de la langue avait des implications multiples pour la société russe ». D’ailleurs, le réalisateur n’a aucune intention d’évoquer ce problème dans son film – comme il est britannique, l’accent de l’héroïne principale doit également être britannique. Par contre, il était beaucoup plus difficile de faire rentrer toute la richesse du roman de Tolstoï dans le format cinématographique forcément limité. « Mais c’est possible quand Tom Stoppard, éminent dramaturge de notre temps met la main à la pâte, d’autant plus qu’il est engagé dans l’histoire et la culture russes », - affirme Joe Wright. Le dramaturge lui-même a avoué dans son interview à la Voix de la Russie qu’il lui fallait être assez autoritaire et faire de nombreuses coupures :

« C’est, par exemple, la ligne du roman associée au personnage de Lévine qui personnifie l’idée que l’auteur se fait sur l’administration locale et l’agriculture,  raconte Tom Stoppard. Mais, d’un autre côté, le scénario que j’ai écrit me semble assez fidèle du roman. J’aime beaucoup ce livre et j’espère que je n’ai pas défiguré son sens. Je me suis limité aux lignes du roman qui sont le plus liées à l’histoire d’amour et, plus exactement, à l’amour en tant que catégorie. »

L’amour en tant que tel, le thème de la famille et du devoir conjugal, le sempiternel triangle amoureux sont autant de sujets qui attirent les cinéastes dans le roman de Tolstoï depuis près d’un siècle. Il existe une trentaine d’adaptations d’Anna Karénine où ont brillé des vedettes du cinéma mondial appartenant aux générations différentes, comme la lauréate d'un Oscar Greta Garbo, Vivien Leigh, lauréate de deux Oscars, l’éminente actrice dramatique russe Tatiana Samoïlova ou la Française Sophie Marceau. L’histoire d’Anna Karénine à l’écran a commencé en 1910 en Allemagne pour continuer en France, en Russie et aux États-Unis. La dernière version américaine d’ « Anna Karénine » de 1997 était presqu’entièrement tournée dans les décors historiques de Moscou et de Saint-Pétersbourg, mais de l’avis des critiques, c’est la seule chose qui rappelle la Russie dans cette lecture on ne peut plus arbitraire du roman. Le réalisateur du film « prescrit » l’opium à Anna Karénine et c’est sous son effet qu’elle se jette sous le train. Son amoureux, cet aristocrate raffiné, devient un cynique invétéré pour lequel l’amour n’est qu’une aventure passagère. « Le fait que l’image d’Anna Karénine à l’écran soit depuis longtemps animée d’une vie propre, est une sorte de phénomène culturel », - estime le philologue et slaviste tchèque Tomas Glanz.

Glanz affirme qu’en sa qualité d’œuvre d’art, le roman Anna Karénine s’était depuis longtemps séparé de son auteur Léon Tolstoï et que ses versions cinématographiques ont de quoi surprendre et même choquer ceux qui en ont fait la lecture. Il me semble, - dit Tomas Glanz, - que le secret de la popularité d’Anna Karénine en tant que personnage réside dans la tension qui s’installe entre la banalité absolue de son image, la banalité de l’histoire d’amour qu’elle incarne et son actualité incroyable. C’est réellement un archétype féminin, tout ce qu’il y a de plus « productif ».

Alors il semble bien que la version du Britannique Joe Wright ne fait qu’ouvrir une parenthèse dans la succession des adaptations du roman de Léon Tolstoï.

 

Icônes russes à Rome et crucifix italiens à Saint-Pétersbourg

Le musée privé d’icônes russes, unique en Russie, a pour la première fois exposé sa collection à l’étranger et notamment à Rome, dans le vieux Château Saint-Ange. Cette exposition d’icônes russes du 15e au début du 20e siècle figure au programme de l’année croisée Italie-Russie qui se déroule du 26 septembre 2011  au 12 février 2012.

Crée à l’initiative du mécène et entrepreneur Mikhaïl Abramov, le musée n’existe que depuis cinq ans mais n’en est pas moins devenu la plus grande collection privée d’œuvres de tradition chrétienne orientale avec près de 4000 pièces. 43 monuments de l’art russe ont été sélectionnés pour l’exposition à Rome dont aucun n’avait jamais été exposé à l’étranger. Les Italiens ont eux-mêmes choisi les icônes en faisant preuve, selon la conservatrice du musée Irina Chalina, « d’un goût infaillible et d’une connaissance profonde de l’iconographie russe ». Madame Chalina raconte dans son interview à la Voix de la Russie que le choix des experts du Château Saint-Ange s’est évidemment porté sur l’icône de la Vierge, en l’occurrence la Vierge Hodigitria, l’une des plus anciennes de l’école d’iconographie de Novgorod qui s’étaient préservées jusqu’à nos jours :

« Elle est vraiment unique, affirme la conservatrice, puisqu’elle date du XVème siècle, époque de l’épanouissement de la grande cité russe de Novgorod. On comprend parfaitement ce qui a motivé le choix des Italiens qui associent l’icône à l’image de la Vierge à l’enfant Jésus. En fait, toute image de la Vierge, protectrice d’une maison, d’une ville ou d’une région, est sacrée pour eux. »

Mais les visiteurs du musée de Rome pourront admirer en plus des icônes du Nord-Ouest de la Russie (Novgorod et Pskov), celles de Moscou, de la Volga, de l’Oural et du Nord, icônes venues des quatre coins du pays. Les collaborateurs du musée ont préparé un catalogue très détaillé qui décrit par le menu chacune des pièces pour permettre au public italien de mieux sentir la spécificité des écoles iconographiques russes. « La destinée des icônes en Russie est tout ce qu’il y a de plus dramatique », - rappelle Irina Chalina en évoquant la période de l’athéisme militant, quasiment tout le 20e siècle, quand les églises, les icônes et tout ce qui était lié à la religion faisaient l’objet d’une destruction systématique et impitoyable. « C’est vraiment par miracle que de nombreuses icônes ont pu se préserver jusqu’à nos jours », affirme l’experte.

Irina Chalina estime que le musée peut surtout se prévaloir de trois icônes de Pskov datant du 16e siècle qui sont exposées en Italie. Elle fait remarquer qu’il ne reste que très peu d’icônes de Pskov de cette période. Celles qui s’étaient préservées sont naturellement allées grossir les collections du musée de Pskov. Il existe deux icônes dans le Musée Russe de Saint-Pétersbourg. Il est même beaucoup plus facile d’en trouver de plus anciennes! – s’exclame Irina Chalina. – C’est parce que les icônes de Pskov en tant que phénomène n’ont été découvertes que très tard, dans les années 1920. Quand les collectionneurs avaient compris qu’ils étaient en présence d’un phénomène absolument inédit, ils se sont immédiatement mis à leur recherche mais il était déjà trop tard. La conservatrice raconte que les rares icônes de l’école de Pskov étaient découvertes tout à fait par hasard par des peintres qui venaient en plein air dans la région de Pskov. Il arrivait qu’un d’eux, en s’installant sur un banc devant son chevalet dans une chapelle désaffectée, découvrait qu’il était assis sur une icône. Il arrachait la planche, restaurait l’image sainte qui se révélait être une icône du XVIe siècle! Chaque collectionneur rêve de tomber un jour sur une icône de Pskov, conclut la conservatrice et ajoute que le musée en compte 12!

L’exposition des icônes russes qui a ouvert ses portes à Rome se double de l’exposition « Croix et crucifix » provenant d’une collection italienne privée qui vient de s’ouvrir à Saint-Pétersbourg. C’est le principe sur lequel se fonde le programme de l’année croisée Russie-Italie.

 

Un cadeau pour les enfants à l'occasion de la Journée de la musique

« Anna Netrebko aux enfants », c’est un projet social international lancé à Saint-Pétersbourg qui a été initié par la célèbre cantatrice russe Anna Netrebko, que la crique internationale n’hésite pas à qualifier de « nouvelle diva régnante du XXIe siècle ». Conçu pour l’éducation musicale des enfants, le projet commence le 1er octobre, la date à laquelle est célébrée la Journée mondiale de la musique.

Ce jour-là, Anna Netrebko sera loin de Saint-Pétersbourg, la ville où elle a commencé sa carrière musicale vertigineuse en tant que soliste de l’opéra Mariinski. Pourtant, c’est pour une raison plus que valable que la chanteuse sera absente à la fête musicale pour enfants qu’elle avait elle-même inventée. C’est que depuis le 26 septembre, Anna se produit presque sans discontinuer au Metropolitan Opera de New York où elle chante Anna Bolena dans l’opéra du même nom de Donizetti qui est la partie quasiment la plus complexe du répertoire mondial d’opéra. La chanteuse ne fait que se réjouir d’avoir un emploi du temps aussi chargé tout au début de la saison :

« Ce que j’aime le plus dans mon travail? C’est le fait que je travaille beaucoup et que mon travail soit un processus tout ce qu’il y a de plus vivant. Il s’agit d’un travail très sérieux et très difficile. Me donner à fond à l’occasion d’un concert ou d’un spectacle me procure une immense satisfaction parce que mes prestations se déroulent sur le fond d’un intense échange d’énergie avec la salle. Je pense qu’il s’agit là d’un mode de vie parfaitement sain. »

Photo: RIA Novosti

Donc, ce n’est pas Anna Netrebko elle-même, mais son « substitut » peu commun qui aura le privilège d’inaugurer le projet. C’est le musicien norvégien qui joue du cor d’harmonie, Peter Vabog, que le monde entier connaît comme le clown Melvin Tix. Peter a inventé un moyen efficace pour initier les enfants à la musique et son personnage Melvin jouit depuis plus de dix ans d’une popularité folle auprès du jeune public. Peter se fait passer pour un personnage drolatique qui s’accapare de la baguette de chef d’orchestre. Et voilà que cet empoté tantôt fait jouer les musiciens de l’orchestre des accessoires des instruments, tantôt il « oublie » de baisser le bras muni de la baguette et s’installe sur la scène pour prendre une tasse de thé, pendant que les musiciens font traîner au bout de forces la note prescrite. Melvin Tix propose souvent à ses petits auditeurs de s’essayer dans le rôle de chef d’orchestre ou de musicien en utilisant un jouet à la place d’un instrument. Les enfants l’adorent d’autant plus qu’il parle leur langue maternelle à chaque étape de son parcours.

Le programme de Melvin Tix s’intitule « Un concerto pour clown et orchestre ». Mieux encore, il s’agit  toujours d’un vrai orchestre composé de professionnels que le public russe connaît déjà. Il est vrai que ses tournées se sont jusqu’ici limitées à Moscou mais à la veille de ses prestations à Saint-Pétersbourg, Anton Goubankov, qui représente la mairie de la ville, a tenu à dire :

« Un clown en chef d’orchestre, c’est quelque chose qui ne s’est jamais vu à Saint-Pétersbourg ! Melvin Tix présentera un programme conçu pour les enfants en leur faisant découvrir la musique classique à l’aide du langage musical moderne mêlé de numéros de cirque excentriques. »

Sensibiliser le public à la musique classique pour faire grossir les rangs de ses adeptes c’est la façon de faire traditionnelle des musiciens professionnels et tous les moyens sont bons pour gagner ce pari combien noble!

 

Un bouquet des arts sur le pergélisol           

C’est pour la première fois que le Festival international des arts des villes du Nord sous le nom de « Parallèles » se déroule du 29 septembre au 12 octobre dans la ville russe de Norilsk située en Sibérie, au-delà du Cercle polaire.

Acteurs, musiciens, peintres, photographes et stylistes sont venus à Norilsk des pays que traverse la 69e parallèle. Il s’agit du Canada, de l’Islande, du Groenland, de la Norvège, de la Finlande et des États-Unis. « Beaucoup d’entre eux ont dû changer d’avion plus d’une fois pour gagner Norilsk mais tous ont répondu volontiers à notre offre malgré les difficultés du voyage », - a raconté dans une interview à la Voix de la Russie l’organisatrice du festival Ekaterina Gaïeva :

« Venir au fin fond de la Russie au-delà du Cercle polaire, c’est une expérience unique pour les étrangers qui connaissent surtout Moscou et Saint-Pétersbourg. Tout le monde était enthousiasmé à l’idée de venir en Sibérie qui est pour beaucoup un véritable bout du monde. Nous allons justement leur faire découvrir cette vaste région dans le cadre de notre programme culturel. Par exemple, tous passeront par le rite d’initiation au statut d’habitant de Taïmyr parce que Norilsk se trouve justement dans la presqu’île de Taïmyr. Tout le monde recevra des certificats et des mascottes comme preuve matérielle du fait qu’ils ont été ici, que la vie culturelle bat son plein à Taïmyr et qu’un théâtre dramatique existe réellement à Norilsk. »

Ni les rigueurs du climat, ni les nuits polaires, ni le pergélisol, ni l’éloignement par rapport aux principaux centres culturels nationaux, rien n’empêche l’effervescence de la vie créative et artistique de Norilsk qui s’est encore enrichie à l’occasion du Festival. C’est ainsi que sur la scène du théâtre dramatique situé le plus au nord de la Russie et du monde, on montre des spectacles qui reçoivent des prix internationaux prestigieux, tels que « La Métamorphose », d’après la nouvelle du même nom de Franz Kafka, amenée à Norilsk par le théâtre de Reykjavik. A son tour, Karstein Solly qui dirige une troupe venue d’Oslo, invite les habitants de Norilsk au projet théâtral « Le bébé est réceptif » dans le cadre duquel les acteurs aideront les parents à comprendre comment l’art est perçu par les bébés de 0 à 3 ans. Le groupe rock de Finlande, « Les rongeurs », a préparé une leçon amusante de langue finlandaise. Lissa Iokkinen, Finlandaise elle aussi et styliste à Helsinki, a préparé une collection qui reflète les tendances de la mode de rue en Finlande. Les stylistes de Norilsk présenteront en retour des collections des vêtements ethniques des petits peuples autochtones de Taïmyr.

Les organisateurs du Festival ne se sont pas limités aux seuls aspects artistiques et ont prévu un volet scientifique. Comme le dit Ekaterina Gaïeva : « Norilsk est une ville industrielle bâtie sur le pergélisol où même un arbuste rabougri accroche l’œil. Si nous avons choisi Norilsk comme terrain du Festival, c’est pour savoir comment les particularités géographiques et climatiques influent sur la créativité et la perception des gens qui vivent dans ces conditions. 

Photo: www.gazetazp.ru

C’est justement l’un des objectifs que se donne le Festival des villes nordiques et qui consiste à mette en évidence les particularités et les moments difficiles de leur vie. Notre festival avec son programme varié offre une expérience intéressante à ce titre. La vie artistique de la ville évolue bien entendu sous l’impulsion des festivals et je suis certaine que cela déterminera la dynamique de l’évolution culturelle de la ville. »

Le Festival « Les parallèles » devra désormais se tenir régulièrement, ce qui, dans l’esprit de ses organisateurs, permettra à Norilsk de devenir un maillon indispensable de la « chaîne culturelle » des villes nordiques du monde.

© © Flick.com/letsgorideabike/cc-by-nc-sa
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