Steve Jobs : "La mort est la meilleure invention de la vie"

Coïncidence, Steve Jobs a quitté ce monde mercredi, le jour où sa marque Apple présentait une autre nouveauté très attendue, la nouvelle version de l’iPhone. Sa nouvelle création a été présentée sur une scène à Cupertino, les utilisateurs étaient sceptiques, les critiques étaient en compétition pour savoir qui mordra plus fort, les négociateurs en bourse baissaient les actions de la compagnie. Telles ont été les dernières heures et les dernières minutes de la vie de cet homme.

"Il a rendu le monde infiniment meilleur", a écrit Apple en annonçant la mort de Steve Jobs.

La nouvelle a immédiatement fait le tour du monde en s’éclairant sur tous les écrans des smartphones et des tablettes avec le logotype en forme de pomme mordue. Il a déjà été enterré plus d’une fois. Les diagnostics de Jobs étaient "incompatibles avec la vie", et on ignore comment son âme était animée dans son corps épuisé et tourmenté par la souffrance vêtu d'un pull noir et d'un jean bleu. Mais il restait tout même le cerveau, l’âme et le visage de l’empire Apple.

"La mort est probablement la meilleure invention de la vie", a déclaré l’inventeur emblématique de l’iPod, de l’iPhone et de l’iPad il y a six ans à l’université de Stanford en souhaitant bonne chance aux diplômés. C’était la dernière intervention publique de Steve Jobs où il a dit quelque chose de plus que les notes d’un technicien présentant ses produits révolutionnaires.

Testament à la iGénération

Ce discours de Jobs dans cette université d’élite était son testament spirituel.

"Tout orgueil, toutes attentes externes, toute crainte de l'embarras et de l'échec tombent devant le visage de la mort, ne laissant que ce qui est vraiment important", a fait remarquer à l’époque le gourou de Silicon Valley.

Qu’a-t-il fait de plus remarquable? Pour beaucoup il a changé l’industrie, il a changé la vision des gadgets et il nous a changé nous-mêmes, qui feuilletons aujourd’hui naturellement avec nos doigts les pages des écrans tactiles. Il a réussi à anticiper nos désirs et les réaliser sous la forme d'appareils convoités par le monde entier.

"Les gens ne savent pas ce qu’ils veulent avant qu’on le leur montre", s’étonnait le président emblématique de son vivant. Le directeur général de la compagnie Tim Cook, le successeur de Steve Jobs, l’a qualifié de visionnaire de génie.

Steve Jobs a un jour reconnu que les créateurs d’Apple concevaient tous les produits de la marque pour eux-mêmes, sans penser à quelle catégorie de personnes conviendra le Mac ou l’iPhone, sans mener d’études de marketing, mais se fiant à son intuition avant tout. Steve Jobs a plus de 300 brevets à son actif, il a travaillé sur divers projets, allant de l’écran à la souris.

Ou peut-être sa passion pour le travail, son entrain et son art de se tenir sur la crête étaient plus importants que son talent d’inventeur? La voie de l’homme le plus influent du monde des affaires n’était pas simple.

Le fondateur d’Apple a été chassé de sa compagnie en 1985, vaincu dans la lutte administrative contre le directeur général John Sculley. A l’époque, son départ a fait chuter les actions d’Apple de 68%. Plus tard, Jobs a reconnu qu’il avait l’intention de quitter pour toujours la Silicon Valley suite à sa défaite, mais sa passion impénitente du travail a pris le dessus. Steve Jobs a fondé une nouvelle société informatique NeXT, qui a été rachetée 10 ans plus tard par Apple.
La "seconde venue" de Jobs en 1996 a marqué le début d’une ascension fulgurante de la compagnie et de sa marche victorieuse à travers la planète.

Votre temps est limité

Le décès de Steve Jobs a provoqué une tempête dans les réseaux sociaux par ceux qui disaient adieu à leur idole. Il était mystérieux, il protégeait tout par le voile du mystère – des plans de conception de la compagnie aux problèmes personnels.

Pour la première fois le cancer de Jobs a été dévoilé en 2003. Cela avait été annoncé par la presse américaine qui se référait à une source au sein d’Apple. Selon la tradition américaine, les politiciens et les PDG sont tenus de porter à la connaissance de l'opinion publique leurs problèmes de santé et les pronostics des médecins. Steve Jobs le cachait, soit dans l’intérêt des affaires, à cause de sa timidité personnelle, soit parce pour lui le business et la vie privée sont deux choses distinctes.

Quoi qu’il en soit, la vie de Steve Jobs est devenue un modèle de lutte courageuse contre la maladie. Il ne voulait pas de compassion, et n’éprouvait pas de pitié pour les faibles, du moins au sein de sa propre société qu’il a laissé le 24 août au sommet de l’Apple boom, lorsqu’il s’est avéré que le capital de la compagnie était supérieur au Trésor national américain, lorsque l’iPad est devenu la tablette la plus convoitée et que le monde a été atteint d'Applemania.

Durant toute la nuit les blogs ont remercié une dernière fois Steve Jobs et lui ont souhaité d'entrer au iParadis. Il n’y avait pas de panégyriques fastueux, mais tout le monde a réagi à sa mort – du président Barack Obama à l’élève méritant Mark Zuckerberg.

Le 14 octobre, date prévue du lancement des iPhones 4S, à New York se formeront des files d’attente des fans d’Apple et de Steve Jobs, qui a déjà acquis le statut de légende. Steve Jobs était bouddhiste, il croyait que la voie de Bouddha est ouverte à tout mortel, et disait sans amertume que la vie n’était qu’un instant.

"Votre temps est limité, ne le gâchez pas en menant une existence qui n’est pas la vôtre.
Ne soyez pas prisonnier des dogmes qui forcent à vivre en obéissant à la pensée d’autrui", enseignait Steve Jobs, qui a quitté ce monde à l’âge de 56 ans.

En tout cas, il a réussi à mettre dans cet "instant" d’un demi-siècle bien plus que la moyenne.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction