Les protestations sur fond des inégalités

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La Bulgarie défraie depuis une semaine la chronique en rapport avec les désordres, les meetings de protestation et les troubles d’origine nationaliste.

La Bulgarie défraie depuis une semaine la chronique en rapport avec les désordres, les meetings de protestation et les troubles d’origine nationaliste. Le pays tout entier est en proie à une vague des manifestations anti-gitanes provoquées  par la mort sous les roues du minibus du baron gitan Kyrille Rachkov d’un habitant de 19 ans du village de Katunitsa près de Plovdiv.

Les hommes politiques et analystes bulgares sont divisés en ce qui concerne les causes de la montée de l’état d’esprit anti-gitan qu’on observe ces derniers temps. C’est ainsi que Krasimir Kynev, président du Comité Helsinki bulgare a noté dans une interview à Vesti-24 qu’il faut surtout blâmer la « politique de complaisance pratiquée par le gouvernement à l’égard du crime organisé ». A son tour, le leader du mouvement national bulgare Krasimir Karakatchanov et en même temps candidat à la présidence y réagit d’une façon inattendue : il propose de n’accorder les allocations qu’aux familles ayant 2 ou 3 enfants à charge. Selon lui, il est inutile d’encourager la natalité chez les gitans. Quant à Facebook, cette nouvelle « force historique motrice », il a lancé une action de protestation nationale sous le mot d’ordre « Bulgarie, réveille-toi! ». Précisions que tous ces événements sur le terrain national ont pour toile de fond l’étape finale qui précède les élections présidentielles et locales font l’échéance est fixée au 23 octobre.

Le tableau est complété par l'expert de la Voix de la Russie, le politologue bulgare Todor Bykov :

Je suis convaincu que toutes les actions qui ont suivi l’incident à Katunitsa n’ont rien d’un hasard. Mieux encore, elles ont été diffusées avec une complaisance active de l’état et des médias qu’il contrôle. Les événements sous forme de protestation nationale correspondent à une sorte d’éveil du sentiment national et civique des Bulgares mais sont dirigées contre une autre minorité nationale. Et là je vois clairement une provocation consciente montée par certaines forces politiques à la veille des élections. L’Objectif recherché consiste à occulter les vrais problèmes politiques économiques et sociaux pour leur substituer des problèmes mineurs et canaliser le mécontentement vers la couche la plus inoffensive et sans défense de la société bulgare qu’ont depuis toujours formé les gitans de Bulgarie. De cette façon, on voit nettement les enjeux politiques électoraux des événements qui ont lieu en Bulgarie, - estime le politologue.

Le journaliste et publiciste Dentcho Vladimirov de Plovdiv, épicentre du mouvement anti-gitan, y va également de son point de vue :

Les Bulgares sont très tolérants par définition et les événements dont nous sommes témoins à la veille des élections sont révélateurs du problème autrement grave. A mon avis, c’est l’échec de la politique à l’égard des gitans appliquée depuis vingt ans. L’aide extérieure, les allocations et les motivations matérielles ne marchent plus. Les sentiments de protestation que les jeunes manifestent à l’égard des gitans sont dans une certaine mesure justifiés et s’expliquent par les rapports sociaux qui existent dans la société. Les citoyens d’un seul et même pays ne peuvent pas vivre selon les lois différentes, quand les uns paient les impôts et assument la responsabilité des infractions commises, tandis que les autres, en l’occurrence les gitans, en sont exonérés. Pour revenir à la dimension politique, les leaders de certains partis se sont déjà mis à exploiter la situation dans leur intérêt. Il s’agit surtout des pseudo patriotes qui soufflent sur les braises d’un conflit inter-éthnique. Je tiens toutefois à souligner le volet social du problème. Les gens veulent faire régner l’ordre afin que tous les citoyens aient les mêmes droits et obligations.

J’ai récemment lu sur le site de la Voix de la Russie l’interview de l’ex-speaker du parlement géorgien Nino Bourdjanadzé qui a dit que l’état dont les citoyens n’ont pas la même responsabilité devant la loi, ne mérite pas d’être appelé démocratique. Cela vaut pleinement pour la Bulgarie, a fait ressortir Dentcho Vladimirov.

Les experts de la Voix de la Russie en poste en Bulgarie ont complété le tableau que nous suivons à travers les actualités diffusées par les agences d’information.

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