« Personne n’a influé sur le monde plus que Karl Marx au XXe siècle », il est difficile de contester cette thèse. Fondateur du socialisme scientifique, un économiste des plus en vue est privé de sens pratique.
Le futur auteur du « Capital » mène à la faculté du droit de l’Université de Bonn où il entre après avoir terminé le gymnase une vie libre d’étudiant. Le jeune Marx adhère à l’association des ressortissants de Trier, une sorte de club des habitués des tavernes dont il est en une certaine période co-président.
Le jeune étudiant s’intéresse beaucoup plus, semble-t-il, aux boissons et aux distractions qu’au droit. Le père de Marx fait en sorte que son fils poursuive ses études à l’Université de Berlin. Plus tard Marx abandonne ses habitudes.
Ayant soutenu sa thèse, Karl Marx se marie avec Jenny von Westfalen et déménage à Paris où il se lit en 1844 d’amitié avec Friedrich Engels avec qui il publie en 1848 le célèbre « Manifeste du Parti communiste ».
Exilés d’Allemagne, Karl Marx et sa famille se rendent à Paris d’où ils sont aussitôt expulsés. Marx déménage enfin avec sa famille à Londres où il vit jusqu’à sa mort et écrit ses principales œuvres économiques, y compris « Le Capital ».
Les premières années de sa vie dans l’émigration sont marquées par une pauvreté chronique. Les Marx vivent grâce au soutien financier permanent d’Engels et les rares honoraires pour les articles.
Marx écrit en 1856 à Engels : « Ma femme est malade, ma petite Jenny est malade … je ne peux pas appeler un médecin, je n’ai pas d’argent pour le traitement. J’ai donné pendant huit jours du pain et des pommes de terre à ma famille et aujourd’hui je doute si je parvienne à les trouver. Certes, dans ce climat cette diète est loin d’être salutaire ».
Trois enfants de Karl et Jenny Marx sont morts, il ne réussit qu’à éduquer ses trois filles. Il a toujours des dettes : au boulanger, au boucher, à l’épicier. Un jour le boulanger en colère vient chez Marx. Le fils de Marx Edgar, 4 ans, qu’on appelle Mouche lui ouvre la porte. Ayant vu le panier avec des brioches, le petit en saisit quelques-unes et monte l’escalier en criant : « Mon père est absent ! » Le boulanger s’en va. C’est ainsi que la famille de Marx n’ayant pas un penny se dote de pain. Le petit Edgar est souvent malade à cause d’une mauvaise nourriture et est mort à l’âge de huit ans.
Fait paradoxal : l’économiste n’a pas de moyens d’existence et ne sait pas les distribuer lorsqu’il en a.
Après avoir fumé un cigare immédiatement après le petit déjeuner, Marx se rend pour toute la journée dans la salle de lecture du Musée britannique et n’en revient que le soir. Toute la famille se réunit à table.
Bien que Marx souffre d’une maladie du foie, il n’observe pas la diète en préférant des plats piquants, des salaisons, du poisson fumé, du jambon, des épices.
En 1865 Karl Marx mentionne le poisson parmi ses mets préféré en répondant aux questions dans le carnet de sa fille Jenny. Marx ne dédaigne pas un verre de vin rouge ou de rheinwein.
La condition matérielle de Marx s’améliore sensiblement les deux dernières décennies de sa vie – grâce avant tout à l’aide de Friedrich Engels.
Marianne Komin qui fait connaissance avec Marx au début des années 1880 à Londres se souvient que dimanche est le jour officiel de réceptions dans la famille de Marx. Karl descend habituellement chez les invités pour se mettre à table servie dans la salle à manger au rez-de-chaussée. Le repas continue, semble-t-il, toute la journée. D’après les témoignages de ses contemporains, Marx a un très bon appétit et mange avec plaisir. Les plats sont très bien préparés par son économe fidèle Elena Demut qui sert après la mort de Marx chez Engels.
Au fur et à mesure que la condition matérielle de Marx s’améliore, sa santé s’affaiblit.
Marx se sent exténué à l’issue des années pendant lesquelles il écrit son œuvre principale : « Le Capital ». Trop de travail et une nourriture incorrecte nuisent à sa santé.
Il se montre enfin plus sérieux en ce qui concerne sa nourriture et son mode de vie.
Marx ressent douloureusement le décès de sa femme et de sa fille. Il reste au lit contraint de boire le lait qu’il déteste, une nourriture solide étant pour lui insupportable. Le 14 mars 1883 Marx se porte mieux, boit avec plaisir du vin, du lait, mange de la soupe. Or, cette amélioration n’est qu’apparente. Karl Marx décède quelques heures après.