Le visage inhumain du printemps arabe

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Israël s’est retrouvé en état de "paix chaude" avec un pays où "la démocratie arabe a triomphé", à savoir l’Egypte. Mais le consulat israélien pris d'assaut et mis à sac au Caire n’est pas un simple symbole de la détérioration des relations bilatérales.

Israël s’est retrouvé en état de "paix chaude" avec un pays où "la démocratie arabe a triomphé", à savoir l’Egypte. Mais le consulat israélien pris d'assaut et mis à sac au Caire n’est pas un simple symbole de la détérioration des relations bilatérales. Cela indique clairement que le printemps arabe a plus de choses en commun avec le fondamentalisme islamique qu’avec la démocratie.

Le célèbre philosophe britannique du XIXe siècle Thomas Carlyle avait fait remarquer: "Toute révolution est conçue par des romantiques, accomplie par des fanatiques, et ses fruits sont récoltés par de simples salopards."

En ce qui concerne les révolutions dans les pays islamiques, on pourrait ajouter que tout commence par l'euphorie générale... et se termine par la destruction d’une ambassade étrangère.

Vous pensez que je généralise trop? Souvenons-nous. L’Iran, 1979. Le régime du shah Mohamed Pahlavi qui a duré de nombreuses années s’effondre tout à coup comme un château de cartes. Mohamed Pahlavi disposait de la police secrète SAVAK connue pour sa brutalité, d’une nombreuse armée et de caisses remplies de pétrodollars. Mais lorsque 6 millions de personnes participent aux manifestations antigouvernementales, rien ne peut aider les gouvernants.

Le 16 janvier 1979, le shah fuit le pays. La population se réjouit. Le premier ministre représentant l’opposition libérale, Shapour Bakhtiar, se retrouve au pouvoir. Le premier ministre Bakhtiar abolit la censure, libère tous les prisonniers politiques et dissout la police secrète.

Mais l’ère libérale s’avère extraordinairement éphémère dans la politique iranienne. Le 1er février le chef de l’opposition islamique, l’ayatollah Khomeini, revient de son exil français à Téhéran. A l’aéroport il est accueilli par plusieurs millions de personnes. "Je lui casserai les dents", a déclaré Khomeini en parlant du premier ministre libéral. Et le 11 février les soldats fidèles au régime laïque déposent les armes.

L’Iran entre dans une ère de théocratie. Et la prise de l’ambassade américaine à Téhéran par des fanatiques religieux en devient le symbole. Pendant 444 jours, 52 Américains sont retenus comme otages. L’incapacité de les libérer anéantit la carrière politique du président américain Jimmy Carter.

L’Egypte de 2011 n’est pas une copie exacte de l’Iran de 1979. En Egypte il n’y a pas de personnalité comparable à Khomeini. L’armée iranienne a été démoralisée. Et l’armée égyptienne demeure l’institution publique la plus respectée dans le pays.

Cependant, je crains que le vecteur du mouvement soit identique dans les deux cas. Seule la spécificité locale constitue une différence. Et il ne s’agit pas seulement de l’Egypte. Prenons l’exemple de la nouvelle Libye. Formellement, l’économiste Mahmoud Jibril, qui critique les islamistes, est considéré comme son dirigeant. Mais Abdelhakim Belhaj, ancien chef d’un mouvement associé à Al-Qaïda, est le chef militaire le plus influent.

Et le fait qu’en étant membre de l’OTAN la Turquie a changé sa politique étrangère et appelle à lutter contre Israël se passe de commentaires. Le Grand Moyen-Orient est entré dans une nouvelle époque de changements historiques. Et tous ces changements n'apportent pas forcément d'amélioration. A une époque l’Union soviétique avait échoué à construire un "socialisme à visage humain." Il semblerait qu’il en soit de même pour le printemps arabe.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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