La Culture et les Arts 15.09.2011

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Au sommaire: -« Méridiens du Pacifique » : le cinéma pour tous, le cin

Au sommaire:

-« Méridiens du Pacifique » : le cinéma pour tous, le cinéma pour chacun

-« Faust » de Sokourov

-Pierre le Grand, héros d’un opéra comique

 

« Méridiens du Pacifique » : le cinéma pour tous, le cinéma pour chacun

Les « Méridiens du Pacifique » est le seul festival du cinéma qui présente tout le cinéma contemporain des pays de la région Asie-Pacifique. La 9e édition du festival se déroulera du 10 au 16 septembre à Vladivostok, en Russie. En sept jours, plus de 170 films de 40 pays seront projetés.

Vladivostok devient progressivement l'un des centres d'attraction internationale dans la région. L'année prochaine, c'est là que se tiendra le sommet de l'APEC. Les « Méridiens du Pacifique » est aussi un événement international. Créé en 2003, ce jeune festival collabore avec succès avec les festivals de renommée internationale. Ses organisateurs sont ainsi allés à Cannes pour préparer le programme de cette année. Natalia Timofeïeva, membre du comité d'organisation, raconte :

 « On s'est concentré pour l'essentiel sur le marché cinématographique afin de présenter à Vladivostok le maximum de nouveaux films. On a bien travaillé et on a choisi de bons films. Un autre aspect agréable du festival de Cannes, ce sont les rencontres avec nos anciens participants. On a notamment rencontré la productrice malaisienne Lorna Tee, le producteur canadien Danny Lennon et les frères Daniel et Diego Vega, les réalisateurs péruviens pour qui le festival de Vladivostok est devenu le premier festival international du cinéma. On était très content que les gens qu'on a rencontrés à Cannes, avaient au moins entendu le nom de Vladivostok. C'est super que notre ville ait une image positive liée notamment au cinéma ! »

Cette année, le festival a pour invités d'honneur Liza Minnelli, Michele Placido, Ornella Muti. Le jury qui comprend cinq personnalités du cinéma, se penchera sur une vingtaine de films américains, canadiens, chinois, australiens, japonais, chiliens, coréens, indiens, néo-zélandais, thaïlandais, singapouriens et russes. La Russie présente cette année deux films dont un qui vient de participer à la Mostra de Venise. Il s'agit du « Twilight Portrait», produit et réalisé par Angelina Nikonova qui qualifie son film de « drame documentaire avec les éléments comiques » :

« Dans le film se succèdent des « scènes de la vie » qui mêlent le tragique et le comique. L’héroïne du film est une jeune fille d'une trentaine d'années, une fille de bonne famille, un psychologue pour enfants. Elle se retrouve dans une situation difficile ce qui l'a fait revoir ses valeurs. Je voudrais recréer sur l'écran une histoire personnelle. C'est un film lourd du point de vue émotionnel même si personne n'y meurt. Le film raconte la chose qui est peut-être la plus horrible de toutes qui peuvent nous arriver – l'indifférence ».

Le programme du festival prévoit 13 cycles thématiques pour tous les goûts : des documentaires écologistes aux films d'horreur coréens, des jeunes débutants aux classiques du cinéma. La rétrospective de cette édition est, d'ailleurs, consacrée à la plus ancienne maison de production russe « Lenfilm » qui vit aujourd'hui une période difficile. Elle risque d'être absorbée par un groupe de production. Le sort de « Lenfilm » sera peut-être invoqué lors d'une prochaine rencontre des cinéastes russes avec le premier ministre Vladimir Poutine. La rétrospective de « Lenfilm » aux « Méridiens du Pacifique » constitue une sorte de soutien psychologique à cette maison de production dont l’absorption n'est voulue par aucun cinéaste russe.                      

La devise des « Méridiens du Pacifique » – « Le cinéma pour tous, le cinéma pour chacun » – est mise en pratique depuis le 10 septembre dernier à Vladivostok.

 

« Faust » de Sokourov

Le Lion d'or de la Mostra de Venise va cette année au film du réalisateur russe Alexandre Sokourov « Faust » ! Cette nouvelle a littéralement bouleversé le monde du cinéma en Russie. Tous s’accordent pour dire qu'il s’agit d’une victoire du cinéma russe.

C'est aussi l'opinion du producteur et auteur de la musique du film, Andreï Siglé :

« Pour ceux qui font du vrai cinéma, c'est une grande victoire. C'est la victoire commune de notre cinéma intellectuel. En remettant le prix, le président du juryDarren Aronofsky a dit : « Il y a des films qui vous changent à tout jamais. Ce film appartient à cette catégorie-là ». C'est formidable qu'on obtienne de si bonnes notes. Cela nous a fait de l'effet ! Mais l'essentiel, c'est qu'après les victoires comme celle-ci, on veut continuer à créer, on prend conscience de nos capacités d'aborder de grands sujets et de faire des films de niveau international ».

« Faust » est le quatrième film de la série consacrée au pouvoir qui comprend également « Moloch » sur Hitler, « Taurus » sur Lénine et « Le Soleil » sur l'empereur japonais Hirohito. « Ceux qui avaient vu « Faust » me disaient avoir désormais un regard différent sur les trois premiers films de la série », dit Andreï Siglé.

 « La quatrième partie développe le même sujet des relations entre l'homme et le pouvoir, sauf qu'ici il s'agit du pouvoir de se contrôler, de contrôler son monde intérieur. « Faust » montre l'étendu du pouvoir de l'homme de faire du bien et du mal. Dans notre film, il n'y a pas deMéphistophélès mais un prêteur sur gages qui est l’interlocuteur de notre héros. A la fin du film, le spectateur comprend que Faust est beaucoup plus fort que son adversaire dans sa capacité de faire du bien et du mal. C'est cela l'idée de cette série qui traite des relations entre l'homme et le pouvoir. Il ne s'agit pas d’une simple adaptation littéraire. Mais Goethe est bien présent dans le film. Co-écrit avec Alexandre Sokourov, le scénario de Iouri Arabov et de Marina Korneïeva, très fin et plein d'ironie, mêle d'une façon extraordinaire le génie de Goethe et le regard moderne sur l’œuvre de celui-ci ».

La musique du film est tout aussi exceptionnelle, estime le critique de cinéma Valéry Kitchine :

« La musique du film devrait être étudiée à l'école. C'est un mélange étonnant d’allusions musicales aux chansons allemandes de Moyen-Age, aux compositions de Wagner et Malher et, de façon inattendue, de Tchaïkovski dans les scènes où le motif romantique du film atteint son sommet. Mais le romantisme ne trouve pas son développement dans le film  parce que Faust chez Sokourov n'a aucun trait romantique. C'est un cynique, un individualiste, un type de l'époque postsoviétique qui est prêt à sacrifier les autres et pense qu'il est le seul à savoir comment ce monde est organisé ».

Les costumes sont historiques mais les personnages et les questions soulevés sont modernes tout comme les techniques utilisées dans le film. L'un des meilleurs caméramans de Hollywood,Bruno Delbonnel a travaillé sur le film, raconte Andreï Siglé :

« On a utilisé une caméra spéciale dont il existe un seul exemplaire au monde. Des procédés techniques originaux et les spécialistes de haut niveau international font que l'image obtenue est originelle. La lumière, la couleur, l'espace, les pauses, le cadre plein de vie – tout cela crée quelque chose d'absolument fabuleux ».

Personne ne doute des qualités du film d'Alexandre Sokourov y compris en ce qui concerne sa capacité de conquérir le grand public. « Faust » vient, d'ailleurs, d'être projeté à Toronto dans le cadre du festival international du cinéma qui privilégie la composante commerciale des films présentés. « Mais il nous est important de monter notre film en Russie », insiste Andreï Siglé.

 

Pierre le Grand, héros d’un opéra comique

Le Théâtre de musique Boris Pokrovsky présente un opéra comique racontant des aventures du tsar russe Pierre le Grand aux Pays-Bas. Il s'agit de  l’opéra comique du compositeur allemand du XIX siècle Albert Lortzing, « Le Tsar et le Charpentier » (« Zar und Zimmermann »).

Créé en 1837, cet opéra est un des plus populaires en Allemagne après les œuvres de Mozart. Mais en Russie il est largement méconnu, la dernière mise en scène datant de 1957. Le théâtre moscovite Boris Pokrovsky, qui se fixe pour mission de faire connaître au spectateur russe les œuvres méconnues voire oubliées, a décidé de combler cette lacune. L'opéra raconte des aventures de Pierre le Grand qui travaille incognito sur les chantiers navals aux Pays-Bas aux côtés d’un soldat russe Pierre. Les ambassadeurs français et anglais cherchent à savoir lequel des deux est le tsar. Le célèbre metteur en scène allemand Hans-Joachim Frey a accepté avec plaisir de venir en Russie pour travailler sur l'opéra. Il est extrêmement intéressant de mettre en scène en Russie un opéra sur un sujet russe, dit Hans-Joachim :

« Je connais cet opéra depuis mon enfance. Déjà lorsque j’étudiais le chant – moi, je suis un chanteur d’opéra diplômé – j’ai chanté la voix de Pierre dans un spectacle étudiant. Cet opéra n’a pas été mis en scène en Russie depuis très longtemps et le spectateur russe l’a oublié. Pour moi c’était un défi à relever : mettre en scène un opéra pour que le spectateur d’aujourd’hui le regarde avec plaisir malgré des années et des années qui le séparent de l’époque de sa création et des événements historiques qu’il relate. Nous avons essayé à « inventer » un nouveau langage scénique qui serait compris par le spectateur moderne. Il y avait un autre défi, beaucoup plus comique cette fois – c’est que les chanteurs chantent en allemand, la langue qu’ils savent mal voire pas du tout, alors que les dialogues, d’ailleurs assez prolixes, sont en russe et c’est le tour du metteur en scène de ne rien comprendre ».

Le séjour de Pierre le Grand aux Pays-Bas est depuis longtemps devenu une anecdote agrémentée de détails fantaisistes qui était maintes fois reprise par les écrivains et les compositeurs. Albert Lortzing, quant à lui, s’est inspiré d’un vaudeville français en y ajoutant des détails pittoresques. Mais est-ce si important que cela ? L’opéra comique est fait pour transporter le spectateur dans un monde ironique et grotesque où la vérité historique n’a pas sa place. La scène est dans le style d’anciennes gravures allemandes. Les comédiens se figent de temps à autre sur scène ce qui fait le spectateur penser à la peinture flamande alors que la musique évoque les grands compositeurs européens – Mozart, Weber, Rossini…

« Le Tsar et le Charpentier » servira de prologue à l’Année de l’Allemagne en Russie prévue pour 2012.  

© © RIA Novosti
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