La guerre antiterroriste des USA a profité à l'Iran et à la Chine

S'abonner
La guerre des Etats-Unis contre le terrorisme international a commencé il y a dix ans, suite aux terribles tragédies à New York et à Washington.

La guerre des Etats-Unis contre le terrorisme international a commencé il y a dix ans, suite aux terribles tragédies à New York et à Washington. Malgré la mort de Ben Laden et deux grandes guerres peu victorieuses en Irak et en Afghanistan, on ne voit pas la fin de cette confrontation. Mais il est temps de tirer un bilan intermédiaire. L’Iran et la Chine sont pour l’instant vainqueurs dans la guerre des Etats-Unis contre le terrorisme international.

Quelques siècles avant J.C. le grand stratège militaire chinois Sun Zi enseignait que "Remporter cent victoires après cent batailles n’est pas le plus habile. Le plus habile consiste à vaincre sans combat". Evidemment, ni l’Iran, ni la Chine n’ont vaincu l’armée américaine. Mais ce n’était pas nécessaire. Les Américains ont commencé eux-mêmes à tirer les marrons du feu pour l’Iran.

Je m’explique: en 1958, la monarchie a été renversée en Irak. Depuis cette époque l’Iran n’a jamais eu d'ennemi plus dangereux et plus déterminé. Les dirigeants irakiens se succédaient, mais chacun d’entre eux s’employait à s’emparer de la province iranienne du Khuzestân riche en pétrole. Cette hostilité a été à son apogée à l’époque de Saddam Hussein.

La guerre entre l’Iran et l’Irak a duré près de 8 ans. Le préjudice infligé à l’économie de chaque pays est estimé à 500 milliards de dollars. Les pertes sont estimées à des centaines de milliers de personnes. Mais ni Bagdad, ni Téhéran ne sont parvenus à remporter une victoire décisive. La guerre s’est terminée sans aucun résultat en 1988. Et durant les 15 années qui ont suivi, les deux ennemis jurés de l’Occident s’équilibraient d’une certaine manière.

Mais en 2003, dans le cadre de la guerre contre le terrorisme mondial, les Etats-Unis ont anéanti le régime de Saddam Hussein. Et d'ennemi juré de l'Iran, l’Irak a commencé à se transformer rapidement en un pays dépendant de Téhéran. Le régime du premier ministre irakien Nouri al-Maliki tient grâce au soutien américain. Mais est-il loyal envers les Etats-Unis?

Voici à ce sujet l'avis d’un expert en politique régionale qui n'est autre que le roi Abdallah d’Arabie saoudite. Selon une dépêche diplomatique américaine secrète récemment rendue publique, en 2009 le roi a déclaré au conseiller du président américain pour la lutte contre le terrorisme John Brennan: "Je n'ai aucune confiance en cet homme (Nouri al-Maliki - ndlr). C’est un agent iranien. Il a ouvert les portes à l’influence iranienne en Irak."

Comment cela a-t-il pu se produire? Je pense qu’à l’avenir les historiens feront de nombreuses révélations à ce sujet. Mais voici ce que l’on sait à présent. L’administration de George W. Bush a pris la décision de renverser le régime de Saddam Hussein sous l’influence des conseils de l’émigrant politique irakien Ahmed Chalabi. Et seulement après le renversement de Saddam Hussein des preuves de liaison étroite entre Ahmed Chalabi et l’Iran sont remontées à la surface.

En ce qui concerne la Chine, contrairement à Téhéran, Pékin n’a certainement pas attiré Washington dans un piège astucieux. La Chine s’occupait de ses affaires, pendant que les Etats-Unis en faisaient autant de leur côté.

En dix ans, les Etats-Unis ont dépensé 2.000 milliards de dollars dans la lutte contre le terrorisme international. Un chiffre exorbitant. A titre de comparaison, toutes les dépenses du budget fédéral américain en 2010 se sont élevées à 2.162 milliards de dollars.

Et qu'est-ce les Etats-Unis ont-ils obtenus en dépensant 2.000 milliards de dollars? Essayons de faire un tableau succinct des succès et des échecs. Succès: aucun attentat important sur le territoire américain depuis le 11 septembre 2001, le corps de Ben Laden est au fond de la mer. Echecs: deux guerres qui ne sont toujours pas terminées et la chute de la popularité et de l’influence américaine dans le monde entier.

Et pendant que les Etats-Unis cherchaient Ben Laden, la Chine développait son économie et modernisait son armée. Résultat: la Chine est le plus grand exportateur du monde. Les Etats-Unis ne sont plus le plus grand marché automobile mondial. La Chine évince progressivement les Etats-Unis même dans leur arrière-cour. Désormais Pékin, et non plus Washington, est le plus grand partenaire commercial du Brésil. L’économiste Gerard Lyons a récemment déclaré au quotidien britannique The Financial Times: "Durant la dernière décennie le mot d’ordre n’était pas "la guerre contre le terrorisme", mais "made in China." Si la tendance actuelle se maintient, le mot d’ordre de la nouvelle décennie sera "propriété de la Chine."

Comme quoi Sun Zi était loin d’être fou.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала