A la conférence de presse à l'issue de la réunion qui s'était tenue le 7 septembre à Moscou, ce sont d'abord les ministres russe et français des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov et Alain Juppé qui ont répondu aux questions des journalistes avant de céder la place au ministre russe de la Défense Anatoly Serdukov et à son homologue français Gérard Longuet.
« Le seul fait d'organiser des manœuvres militaires communes qui sont au nombre de 66 cette année, témoigne de la coopération grandissante entre les ministères de nos deux pays. Il y a encore deux ans il n'y en avait que 14 », a dit Anatoly Serdukov.
« Tout cela montre la dynamique de nos relations, - poursuit le ministre. - Nous sommes en contact tant au niveau des experts que de nos d'états-majors généraux. Nos rencontres sont aussi assez fréquentes au niveau des ministres de la Défense. Lors de la réunion nous avons discuté les questions de coopération militaro-technique et du développement de celle-ci. Vous êtes au courant du contrat d'achat de deux hélicoptères du type Mistral. Aujourd'hui nous travaillons sur le contrat de construction de deux autres navires de ce type. Avec mon collègue Gérard Longuet nous avons discuté en détail les actions pour la modernisation et la réorganisation des forces armées russe et française. Il s'agit des ressources matérielles, techniques et financières ainsi que de la sécurité sociale des militaires. Nous avons discuté la situation autour du bouclier antimissile européen et j'ai une fois de plus insisté sur la préoccupation de la Russie par le caractère unilatéral de la mise en ouvre de ce programme ».
Les ministres russe et français ont répondu aux questions des journalistes. La première question est venue du journaliste de l'AFP:
A la conférence de presse a été posée la question relative à la position de la Russie sur le retrait des forces françaises suivi par celui de toutes les forces de l'OTAN de l'Afghanistan. Voici ce qu'a dit à propos de la présence des forces de l'OTAN en Afghanistan et du retrait de celles-ci du pays le chef de la diplomatie russe:
« Nous approuvons le caractère exclusivement temporaire de cette présence, - a dit Sergueï Lavrov. - Mais nous voudrions comprendre dans quelle mesure l'armée, les forces de sécurité, la police afghans sont prêts à se charger du maintien de l'ordre dans le pays et aux frontières de celui-ci. La Russie coopère avec l'OTAN afin d'aider les Afghans à gérer seuls les problèmes de la sécurité. Je mentionnerais aussi de l'arrangement datant du sommet de Lisbonne et portant sur le lancement de ce qu'on appelle « projet des hélicoptères ». Il s'agit des aides russes en ce qui concerne l'entretien et les composants pour les hélicoptères en service dans l'armée et la police afghanes ainsi que la formation du personnel. Il y a d'autres projets. C'est notamment le projet commun de la Russie et de l'OTAN portant sur la formation dans le centre du ministère russe de l'Intérieur à Domodedovo, des policiers spécialisés en lutte antidrogue venus de l’Afghanistan mais aussi du Pakistan comme c'était le cas l'année dernière ».
Pour Sergueï Lavrov le retrait des troupes de la coalition internationale ne peut cependant pas remédier à l'un des problèmes les plus importants de l'Afghanistan et des pays voisins. Il s'agit du narcotrafic. Selon le ministre russe l'OTAN ne fait pas tout le nécessaire pour détruire les plantations du pavot à opium :
« Nous ne comprenons pas pourquoi disons en Colombie nos partenaires américains jugent utile d'inclure dans la stratégie de la lutte antidrogue la destruction des plantations de la coca alors que dans le cas afghan ils se doutent de la nécessité de cette démarche, - dit Sergueï Lavrov. - Nous, nous n'y voyons aucune différence parce que c'est avec le pavot de ces plantations-là qu'on produit l’héroïne. C'est pourquoi il faut combattre tous les maillons de la chaîne du narcotrafic. Il s'agit d'une menace bien réelle qui frappe à notre porte. Nous voudrons que l'OTAN coopère avec l'OTSC (Organisation du traité de sécurité collective) notamment en matière de la lutte contre le narcotrafic de l'Afghanistan via l'Asie centrale en Russie et puis en Europe. Aujourd'hui on perd tout simplement du temps parce que pour l'OTAN la lutte contre le narcotrafic afghan est loin d'être prioritaire ».