En France, c’est plus difficile. Il existe la loi de 1905 sur la séparation entre l'Église et l'État qui doit être strictement observée. «Les prières de rue, c'est quelque chose qui n'est pas acceptable », estime Claude Guéant. C’est pourquoi on fait de son mieux afin que les nombreux fidèles qui occupent la voie publique à l'occasion des grandes prières du vendredi – comme c’est le cas dans le quartier de Barbès - migrent vers un lieu de culte digne de ce nom.
Mais en France, la coexistence est vieille et les passants sont rarement indignés ou choqués. Dans les grandes villes russes, l’apparition – impétueuse comme toute notre transition - d’un grand nombre de musulmans pratiquants est un fait récent, une nouvelle réalité qui doit s’enraciner dans les habitudes. Et comme tout phénomène nouveau, il s’accompagne de heurts et d’excès.
L’année dernière, un groupe de personnalités de la culture s’est adressé au maire de Moscou avec une demande de trouver un cadre approprié pour la célébration de l'Aïd al-Adha, fête du sacrifice. Choqués par les scènes sanglantes de sacrifice pratiqué dans les rues de la capitale, les artistes ont insiste pour que les pouvoirs publics, souvent passifs face aux phénomènes non réglementés, prennent des mesures. Ceux-ci ont, semble-t-il réalisé le sérieux du problème puisque l'Aïd al-Fitr de cette année s’est déroulé dans le calme et la paix même si 70 mille personnes réunis mardi autour de la grande mosquée de Moscou ont perturbé la vie du quartier.
Les autorités russes commencent a comprendre que l’ouverture de nouveaux lieux de culte est une question politique et que tout ne se résume pas aux problèmes d’intendance: des locaux, des parkings, des mesures de securite. Et cette compréhension rejoint celle de leurs collègues européens.
Notamment, en France, le nombre de mosquées et de salles de prière musulmanes a doublé ces vingt dernières années, passant de 1 000 à plus de deux mille. En Russie, on parle de quelques 7 mille mosquées, contre une centaine pendant l’époque communiste. Mais il faut aussi voir que pour le nombre de citoyens français de culture musulmane, les spécialistes donnent des estimations variant entre 2 et 6 millions de personnes, tandis qu’en Russie l’islam est la culture de 15% de la population, ou quelques 23 millions de personnes. Les chiffres sont donc implacables et les mètres carres deviennent, comme c’est souvent le cas, un facteur important de la paix sociale.
