L'AméricainJohn Clint Williamson dirigera l'enquête dans l'affaire de « transplantologie noire » au Kosovo. Sa nomination au poste de procureur général de la commission spéciale d'EULEX suscite l’incompréhension des Serbes de Kosovo.
En 2001-2002 Williamson était en charge des systèmes judiciaire et pénitentiaire dans le cadre de la mission des Nations unies au Kosovo. Il paraît qu'il n'a pas très réussi sur ce poste: c'est pendant cette période-là que toutes les tentatives de Belgrade d’enquêter sur le trafic d'organes illégal, se sont soldées par un échec. L'ex-président de la commission pour les affaires d’enlèvement et de disparition, Vladimir Bojovic précise que les autorités serbes étaient au courant du trafic d'organes dès 2001 mais que les organes judiciaires de MINUK (Mission d'administration intérimaire des Nations unies au Kosovo) dirigés par Williamson ne voulaient pas coopérer.
D'ailleurs, le rapporteur spécial de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, Dick Marty insiste sur les difficultés rencontrées par EULEX qui a succédé en 2008 à MINUK beaucoup de preuves documentaires étant égarées. Dick Marty souligne également l'absence de toute investigation sur l'implication des hommes politiques kosovars dans les crimes perpétrés au début des années 2000 contre les non-Albanais.
La nomination de Williamson est désapprouvée par Marko Yakchic de la communauté des municipalités de Kosovo et deMétochie:
« Cette nomination n'est qu'un moyen de cacher tous les circonstances des cas de trafic d'organes dans la région. La Serbie devrait exiger une enquête sous le contrôle non d'EULEX mais du CS de l'ONU ».
Le chef de la délégation serbe aux négociations avecPristina Borislav Stefanovic partage cette opinion: la nomination de Williamson ne satisfait pas à l'exigence de Belgrade de placer l'enquête dans l'affaire de « transplantologie noire » sous le contrôle du CS de l'ONU comme cela a été fait pour les autres crimes militaires perpétrés sur le territoire de l'ex-Yougoslavie. Cependant les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne ont manifesté leur opposition.
Le ministre pour les affaires de Kosovo et de Métochie, Goran Bogdanovic espère que l'enquête sera objective. Mais le peuple serbe n'a pas confiance en Williamson, ajoute-il.
Il n'y a que le procureur serbe chargé de crimes militaires, Vladimir Voukchevic, qui salue la nomination de Williamson. Cela ne doit pas surprendre parce que c'est Voukchevic qui s'est occupé de mandats d'arrêt lancé à l’encontre des ressortissants serbes par le TPIY où l'Américain a travaillé de 1994 à 2001. Ce dernier a d'ailleurs participé uniquement aux procès où les accusés étaient d'origine serbe.