Taxes sur les riches, changement des règles d'impôts sur les sociétés, révision du régime des heures supplémentaires,rabotage des niches fiscaleset même une taxation sur l'alcool, le tabac et les boissons sucrées. Ce sont les points principaux du plande rigueur qui a été présenté par première ministre François Fillion hier à Paris. Selon lui la France économisera un milliard d'euros d’ici fin 2011 tandis qu’en 2012 ce chiffre augmentera jusqu’aux 11 milliards d’économie.
Bien que le premier ministre ait avoué que le seuil de tolérance en matière de dette est dépassé. On nous affirme que la France est un pays fort économiquement et qu’il est inutile de réagir aux spéculations de la bourse. Certains dénoncent encore l’inégalité de la répartition de ce plan, en effet même en considérant une nouvelle taxation des citoyens les plus aisés, la majeure partie des économies va tomber sur les simples ménages français. Il est tout de même important de souligner que les « contribuables les plus aisés » comme se nomment les plus grosses fortunes de France, se sont montrés favorables à une taxation supplémentaire. Même avant l’annonce de François Fillion, 16 des plus grandes fortunes de France inspirées par l’exemple américain de Warren Buffet se sont dites prêtes à payer plus, « taxez-nous » ont dit : Christophe de Margerie le patron de Total, Frédéric Oudéa de la Société générale ou encore Liliane Bettencourt.
Pour nous expliquer la situation plus en détail, nous avons contacté le président de la Fondation Robert Schuman, Jean-Dominique Giuliani :
Est-ce que vous pensez que ces mesures pour réduire le déficit de la France sont réellement efficaces ?
Ecoutez elles vont incontestablement le réduire. Je pense que vu que nous sommes dans une période électorale et que donc on aurait pu imaginer faire d’avantage, mais je trouve qu’elles vont déjà très loin et qu’elles marquent une volonté qui va par exemple peser sur les élections présidentielles où l’on ne pourra plus faire des promesses inconsidérés compte tenu des nouvelles dispositions prises dans le cadre de l’euro zone et de l’union européenne.
En générale vous pensez que ces mesures pourront rassurer les Français ?
Ca ne fait plaisir à personne des mesures de rigueur dans aucun pays dans les quelles elle sont prises, mais c’est vrai que les Français sont de plus en plus préoccupés par le niveau d’endettement et que je crois que l’opinion est prête aussi à des efforts supplémentaires notamment en matière de gestion des finances publiques. Seuls les réactions dans les jours qui viennent pourront dire ce qu’il en est vraiment.
La France même si elle prend ces mesures, est-ce que l’Europe pourra suivre, il y a des pays à des échelles différentes de développement et de statut ?
Absolument, je crois que c’est la tendance générale, des décisions ont été prises entre la France et l’Allemagne et au sein de l’euro zone. La tendance générale est à une meilleure gestion des dépenses publiques. Vous savez l’Europe c’est le continent le plus riche du monde aujourd’hui par le PIB, la production et le niveau de vie. Le PIB est supérieur de 20% à celui des Etats Unis d’Amérique, tout cela c’est fait dans une période où la compétition était différente, depuis une dizaine d’années le développement est mieux partagé et donc l’Europe toute entière que ce soit le Royaume-Unis, la Suède, la Grèce, l’Espagne, la France ou l’Allemagne doit apprendre à vivre sur un pied un peu différent. Avec des régimes sociaux moins favorables des régimes où tout le monde apprend à faire un peu des économies, les plus riches comme les autres. C’est ça qui est entrain de se passer en Europe. Je ne partage pas du tout la vision pessimiste des marchés financiers, je crois que si cette volonté se concrétise et dure, la volonté de mieux gérer de réduire les dettes l’Europe est tout à fait capable d’y arriver.
La France veut économiser 1 milliards d’euro cette année et 11 milliards l’année prochaine, est-ce que vous pensez que ces mesures suffiront ou il y aura d’autres mesures qui vont être prises prochainement.
Je pense que ce n’est qu’un début. Encore une fois je vois deux limitations : je vois d’une part la campagne électorale qui s’ouvre, il ne faut pas l’oublier en démocratie surtout pour une élection présidentielle, c’est quand même courageux d’annoncer des réductions de dépenses, mais on ne va pas aussi loin qu’il faudrait certainement. Deuxièmement je pense que le nouveau pouvoir quel qu’il soit sorti des élections présidentielles et législatives en France l’année prochaine devra faire encore des économies, qu’il soit de gauche ou qu’il soit de droite. Et je pense que ces mesures qui sont annoncées veulent traduire une volonté franco-allemande d’imposer un modèle de gestion, qui ne soit pas le modèle allemand contrairement à ce que dit la presse, mais qui soit un modèle plus rigoureux et en même temps solidaire au sein de la zone euro. On ne peut pas à la fois demander aux grecs de faire d’énormes sacrifices pour revenir à une gestion publique plus raisonnable et ne pas le faire chez soi et ne pas prendre des mesures pour réduire un niveau d’endettement important. Est-ce que ce sera suffisant je n’en sais rien, c’est un signe important qu’une démocratie européenne comme la France fasse à l’ouverture de la période électorale de nouvelles économies, ça veut bien dire que les français sont sensibles au niveau d’endettement ils sont inquiets et ils peuvent très bien comprendre ces mesures, il peut aussi y avoir des réactions sociales.