L’Alliance atlantique craint que la victoire de l’insurrection soutenue par les forces de l’OTAN et le départ de Kadhafi qui suivra, puisse créer un vide politique dangereux en Libye. Les décideurs de l’Alliance se rendent parfaitement compte de l’imprévisibilité des conséquences et se cassent la tête sur une démarche ultérieure à adopter.
L’OTAN redoute ce qu’on appelle la réussite catastrophique en Libye c’est-à-dire ce vide politique qui suivra inévitablement la chute du régime de Mouammar Kadhafi. Pour certains diplomates occidentaux le succès militaire de l’OTAN et de l’opposition libyenne pourra devenir « le pire scénario » vue les conditions actuelles.
Les craintes des fonctionnaires de l’Alliance ne sont pas dénuées de fondement. « Le principal problème, c’est la composition de l’insurrection libyenne », affirme le rédacteur en chef de la revue « Al Mutausset »,Hussein Nasrullah :
« Il s’avère que l’opposition manque de cohésion. Elle n’a pas de plan d’organisation de l’Etat clair et net. Par ailleurs, parmi les insurgés il y a des extrémistes ce qui inspire les craintes aussi bien au Conseil national de transition qu’à l’OTAN. Enfin, la mort d’Abdelfattah Younès, le commandant des forces armées de l’opposition, témoigne d’importantes divergences au sein de celle-ci ».
« Les habitants de Tripoli ne sont d’ailleurs pas prêts à accueillir les insurgés les bras ouverts », estime le général de corps d’armée Leonid Ivachev présidant l’Académie russe des problèmes géopolitiques :
« La majorité de Libyens soutient Kadhafi. L’avènement du Conseil national de transition pourra très bien déclencher une guerre civile. C’est-à-dire que ce vide politique dont on parle à l’OTAN, est tout à fait possible. Le pays va très vite se dégrader et il est difficile à dire combien de temps cela va durer. Et puis, les insurgés n’ont pas de leader charismatique. Ce conglomérat de forces hétérogènes qui existe aujourd’hui ne sera pas capable à diriger le pays ».
La coalition occidentale en Libye poursuit deux objectifs, disent les observateurs. Le premier est de renverser le régime de Kadhafi peu loyal à l’égard de l’Occident. Le deuxième est de départager le marché pétrolier. Les deux sont liés. Les deux seront probablement atteints, si l’on en juge par le cas iraquien. Mais que se passera-t-il ensuite ? Il ne reste que se rallier à l’opinion des experts : la victoire de l’OTAN et des insurgés risque d’avoir le goût amer de la défaite.