Le monde a besoin d'une monnaie de référence. D'une monnaie forte, fondée sur une économie forte et stable, susceptible de servir de moteur et de référence. La solidarité, c'est bien beau, à condition d'en voir l'issue.
C'est exactement ce que sont en train de se dire les syndicats allemands qui feront la majorité de demain. Il n'est donc pas exclu que, dans un avenir proche, l'Allemagne sorte de l'Euro, sitôt partis les responsables politiques européens actuels, qui n'ont plus rien à perdre et qui ont largement fait leur temps. Un courant d'opinion zurichois pense que cela devrait se doubler d'une sortie de la Grèce et du Portugal.
Il est certain qu'un Euro-mark séparé de l'Euro ferait de l'Allemagne une nation forte, apte à entraîner l'Europe derrière elle. Apte à servir de médiateur crédible entre l'Europe et le monde. Une bonne nouvelle dans un océan d'incertitudes et de valse-hésitation. Une prévention aussi contre la montée de la Chine. Cette dernière n'est assurément pas mûre pour assumer le rôle d'économie de référence, dont elle n'a pas toutes les caractéristiques, et serait au contraire bien aise de voir l'Allemagne prendre ce rôle.
Au demeurant l'Allemagne jouit d'un flux d'investissements, d'une recherche, d'une formation, d'une fiscalité et d'une organisation sociale stables, autant de modèles à suivre, ce qui sera d'autant plus facile que l'Allemagne n'aura plus à porter les misères de l'Europe. Pour les autres pays, il n'est pas désagréable d'avoir un modèle à suivre tout en conservant une certaine indépendance vis-à-vis de ce modèle dont on pouvait craindre l'hégémonie aussi longtemps qu'il appartenait au même cercle, grâce à une participation à un Euro renouvelé dont on pourra enfin fixer le niveau sans avoir nécessairement à en référer à Berlin.
C'est bien dans la reconnaissance des différences que l'harmonie peut s'établir. Que l'on prenne garde : lorsque les changements s'imposent, ils surviennent souvent bien plus vite que prévu. La droite allemande pourrait même faire ce choix sous l'actuelle législature, de crainte d'être dépassé par la gauche. La Russie trouverait enfin un interlocuteur valable qu'elle cherche depuis longtemps.