Récemment le quotidien allemand « Handelsblatt » a cité le premier ministre russe Vladimir Poutine. En intervenant à une conférence régionale du parti politique « Russie unie » à Ekaterinbourg, le premier ministre a parlé des projets de la prospection des gisements situés en Arctique et a notamment dit: « Nous sommes ouverts au dialogue avec nos partenaires étrangers mais nous serons fermes et conséquents dans la défense de nos intérêts à nous ». Le quotidien allemand a interprété ces paroles de façon assez originale: « La Russie se prépare à une éventuelle guerre polaire ».
Qu'est-ce qui a poussé « Handelsblatt » à déceler les intentions agressives dans les déclarations des dirigeants russes? La lutte pour les ressources naturelles en Arctique n'est pas liée à des projets économiques concrets, estime le journal. Pour Moscou c'est une question de principe, affirme le quotidien. Cela est devenu clair dès le mois d'août 2007 lorsque l'expédition russe avait posé un drapeau de Russie dans les fonds marins en Arctique, écrit « Handelsblatt ». Celui-ci est surtout préoccupé par la déclaration du commandant des forces navales russes, l'amiral Vladimir Vysotski qui a annoncé la création de deux brigades militaires pour assurer la défense des intérêts russes en Arctique.
Dans seulement 50 ans la région arctique pourra devenir l'une des principales sources d'hydrocarbures sur la planète et le cœur des voies de transport dans le monde.
Quant aux « principes », quatre sur cinq Etats de la région arctique font partie de l'OTAN. Le même amiral Vladimir Vysotski affirme qu'il y a des indices permettant de conclure à ce que l'Alliance atlantique a choisi l'Arctique comme son domaine d'intérêts. Selon le commandant russe, l'OTAN agit de plus en plus de manière « systémique » et « collégiale » dans la région. Ainsi, « Deutsche Welle » a récemment rapporté que les forces armées canadiennes étaient prêtes à mener des exercices militaires à proximité de l'île de Baffin, ayant le nom de code « Nanuk » ce qui signifie « gros ours » en langage des populations indigènes de nord de Canada.
Prendre des mesures pour renforcer sa défense ne veut aucunement dire que la Russie prépare une campagne militaire. Vladimir Anokhine, le vice-président de l'Académie des problèmes géopolitiques:
« Sans aucun doute il y aura des complications. Mais nos voisins ne sont pas agressifs. Même s'il y a des exacerbations ou l'incompréhension, toutes les parties essayeront à régler le problème par dialogue ce qui pourra prendre des dizaines d'années ».
M. Anokhine juge nécessaire les mesures militaires pour garantir les intérêts russes en Arctique si besoin est. Les intérêts en question, personne n'en fait de secret. Ainsi, le 8 août une conférence internationale a ouvert ses travaux en Russie. Elle se déroule à bord du navire nucléaire « Yamal » dans la mer de Laptev. Parmi les participants il y a des représentants de Danemark, d'Islande, de Norvège, de Suède, de Finlande. La position de Moscou est clairement explicitée par le titre même de la conférence: « Passage du Nord-Est: vers la stabilité stratégique et le partenariat égalitaire en Arctique ».